Oh, une autre scène de vie, ça faisait longtemps.
Un homme assis dans le tram, juste en face de moi, jeune, 8.6 dans une main, blessures sur l'autre. Manteau lacéré, tâches de sang sur le jean. Sans doute un SDF. Quoiqu'il est bien coiffé et bien rasé pour un SDF, étrange. Je l'observais sans le voir, comme tant d'autres avant lui.
Soudain, un autre homme, plus vieux, qui s'assoit à côté de lui. Il a lui aussi un air déguenillé et une 8.6 à la main. Ils trinquent avec un sourire gêné, montrant qu'ils ne se connaissent pas mais qu'ils souhaitent briser ce mur de verre qui nous sépare entre humains et nous empêche de nous considérer comme frères.
Et ils discutent, et Oh surprise ! Ils ont tellement de points communs : ils sont tous les deux cuisiniers, pas SDF donc, voilà qui m'apprendra à réviser mon logiciel de catégorisation sociale. Le jeune (23 ans, plus jeune que moi mais il a l'air tellement plus vieux) s'adresse à son homologue avec la déférence que l'on nous apprend envers les personnes plus âgées, il dit "vous". Il s'est blessé avec une assiette cassée à son travail, d'où les blessures. Ils veulent tous les deux laisser la restauration pour se lancer dans le service à la personne, s'occuper des retraités. Et Oh surprise ! Ils ont bien été tous les deux SDF en fait, à certains moments de leur vie. L'un à ses 18 ans, l'autre pendant le covid, faute de travail. La rue laisse des séquelles, elle apprend à outrepasser les normes sociales stipulant que non, ce n'est pas une bonne idée d'ouvrir une bière dans un transport en commun à 15h devant tout le monde. Non, il ne faut pas sortir avec des vêtements lacérés et tâchés, qu'en penseront les Autres ?
Ils ont continué à discuter, heureux de s'être si bien croisés. Je suis descendu à mon arrêt en regrettant de ne pas avoir moi-même de bière pour trinquer avec eux.
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Je dis pas que je déteste les riches, je dis juste que certains quartiers de Paris mériteraient d'être pillés et livrés aux flammes
Un homme assis dans le tram, juste en face de moi, jeune, 8.6 dans une main, blessures sur l'autre. Manteau lacéré, tâches de sang sur le jean. Sans doute un SDF. Quoiqu'il est bien coiffé et bien rasé pour un SDF, étrange. Je l'observais sans le voir, comme tant d'autres avant lui.
Soudain, un autre homme, plus vieux, qui s'assoit à côté de lui. Il a lui aussi un air déguenillé et une 8.6 à la main. Ils trinquent avec un sourire gêné, montrant qu'ils ne se connaissent pas mais qu'ils souhaitent briser ce mur de verre qui nous sépare entre humains et nous empêche de nous considérer comme frères.
Et ils discutent, et Oh surprise ! Ils ont tellement de points communs : ils sont tous les deux cuisiniers, pas SDF donc, voilà qui m'apprendra à réviser mon logiciel de catégorisation sociale. Le jeune (23 ans, plus jeune que moi mais il a l'air tellement plus vieux) s'adresse à son homologue avec la déférence que l'on nous apprend envers les personnes plus âgées, il dit "vous". Il s'est blessé avec une assiette cassée à son travail, d'où les blessures. Ils veulent tous les deux laisser la restauration pour se lancer dans le service à la personne, s'occuper des retraités. Et Oh surprise ! Ils ont bien été tous les deux SDF en fait, à certains moments de leur vie. L'un à ses 18 ans, l'autre pendant le covid, faute de travail. La rue laisse des séquelles, elle apprend à outrepasser les normes sociales stipulant que non, ce n'est pas une bonne idée d'ouvrir une bière dans un transport en commun à 15h devant tout le monde. Non, il ne faut pas sortir avec des vêtements lacérés et tâchés, qu'en penseront les Autres ?
Ils ont continué à discuter, heureux de s'être si bien croisés. Je suis descendu à mon arrêt en regrettant de ne pas avoir moi-même de bière pour trinquer avec eux.
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Je dis pas que je déteste les riches, je dis juste que certains quartiers de Paris mériteraient d'être pillés et livrés aux flammes