Quelques mots

[Etoile]

Petit frère,

J'ai honte vois-tu ? Tellement honte de la personne que je suis devenue. Avant, je n'éclatais pas comme je le fais aujourd'hui, avant je jouais avec toi, avant je comptais encore un petit peu dans ton coeur. Mais c'est fini tout ça. Pourquoi, me demanderais-tu. Tu me l'as toujours demandé. Pourquoi ne suis-je plus la gentille petite fille à qui tu racontais ta journée, pourquoi je cris, pourquoi je me cache dès que vous êtes là.

C'est trop dur petit frère. De te voir succomber à des crises, de devoir toujours anniber mes sentiments pour pas causer trop de tord. Et c'est tellement égoiste de ma part d'oser me plaindre de ça alors que toi tu as de vrais problèmes mais pourtant j'en ai besoin. Meme si c'est juste dans une lettre a la con que tu ne liras jamais.

J'ai toujours été seule vois-tu ? Des insultes, des mots, des "je t'aime" brisés, saccagés. Toi, tu m'appelles "la zombie". Parce que je ne souris pas - plus ? -, que je suis taciturne, méchante. Parce que mon coeur - comme mon ventre - est creu, que des cernes apparaissent sous mes yeux. Ce surnom, je m'y suis habituée après tout maman aussi m'en a doté et je m'y suis accomodée.

Mais peut etre que si tu allais au delà de ça, tu verrais juste de la solitude, encore et toujours. Je ne dis pas que c'est facile pour toi. Mais pourtant, toi tu as de quoi justifier ta solitude. Toi elle ne t'affecte pas parce que tu as papa, maman, petite soeur avec qui tu vis comme une jumelle et ce fichu diag de TSA. Moi je n'ai rien de tout ça. Maman ne m'aime pas, elle me l'a dit elle-même (ça et d'autres choses que je préfererais oublier), papa s'occupe de toi et c'est normal, petite soeur t'a, vous vous completez et le diag ne m'aidera jamais car je suis normale après tout. Moi la véritéc'est que je n'ai jamais eu d'amis. Jamais. Depuis toute petite je lis dans la cour, m'invente une jolie petite vie de gosse pour les parents alors que ma journée a juste été un néant face aux humains passant sans me voir.

Tu vois, c'est cette idée de normalité qui me donne envie de chialer. L'idée que quoi que je fasse, dise, pense soit étrange mais que tout le monde s'obstine à me répéter que c'est normal. J'ai failli pu aller voir une psy il y a quelques mois. Maman était dans un de ses bons jours, je sortais d'une crise et on en a parlé. Et puis elle a reçu un coup de fil de ton collège et l'idée a vite été oubliée. Oui, je t'en ai voulu. Mais toi, tu vis tellement pire alors que moi c'est juste normal.

Cette lettre est un ramassis de plaintes idiotes sans réel fond. Des conneries ammassées les unes dans les autres à la force de deux doigts.

Mais voilà, je crois qu'en fait je suis juste jalouse de toi. Du fait que tu existe alors que moi c'est comme si je n'étais pas là.

- Etoile (parce que les astres semblent bien vite imploser)

 

[Etoile]

Hey Y.

Paraît que tu vas partir. Que bientôt, tu ne seras qu'un souvenir parmi d'autres, que tu m'oublieras comme les gens le font toujours. 15 février. Moins de 3 mois, c'est trop court.

On n'était pas particulièrement proche l'année dernière. Tu te sentais sûrement meilleur que moi avec ton sourire en coin et cette tignasse blonde entretenue avec vigueur. La première fois que je t'ai vu ils étaient bleu. Il y a aussi eu du noir, de la tondeuse, des dreds locks et ta coupe au carré.

Peut être que je ne suis qu'une coupe de cheveux pour toi. On en change facilement, tu les customize au choix comme tu le ferais avec n'importe quoi d'autre. Je ne suis qu'une autre de ces filles que tu as attrapée dans ton piège même si ce n'était que de la simple amitié.

Mais tu vois Y, moi j'ai besoin de ce garçon sincère, gentil, attentionné que t'es devenu. J'ai besoin de ces sourires stupides, de notre petite rivalité mathématique et de ton enceinte jaune avec laquelle on fout le bordel dans le réfectoire. Peut-etre même me suis je habituée à ton accent allemend comme tu t'es habitué à mes r tranchés.

Tu m'a fait découvrire d'Imagine Dragons, Ed sheeran. Je t'ai initié à Amy Whinehouse, Hoshi. On a rigolé, inondé ta maison, failli mettre le feu à la mienne avec les pétards de F, et oui c'était bien pour moi. C'était comme un débloquage. Avec toi, je n'ai pas juste existé ; j'ai vécu. J'ai été vivante. Pour de vrai.

Tu me pense peut être complètement insensible. Probablement. Insensible à tes blagues déplacées que je fais taire d'un regard de tueuse, insensible à tes mots chuchotés comme s'ils pouvaient tout changer. Ce n'est pas le cas. Tes mots, je ne les oublierais jamais. Tes blagues non plus.

On est pas proche dirais tu. Mais toi, tu es ce qui se rapproche le plus d'un ami dans mon monde. "Ya just one of those asocial girls wishing that their grades could buy them à life" m'as tu un jour dit. Ça a fait mal. Peut être n'avais tu pas tord. Toi, tu sais vivre. Aller à des soirées, sortir avec n'importe qui n'importe quand, t'es une sorte de cliché. Moi aussi d'un certain côté.

J'aimerais bien continuer à ce que tu sois à mes côtés Y. Tu ne peux pas imaginer à quel point j'ai besoin d'avoir quelqu'un qui me tienne la main quand j'éclate, à quel point quand un sourire romp cette solitude l'espace d'un instant mon cœur bat à nouveau.

Mais non. Rien n'est jamais simple. Oh si, suis je bête. "Life is freaking easy, just try it for god sink." comme disais tu avant de te mettre à crier dans la salle. Toi tu pars, je reste. Tu m'oublies, je m'obséde avec ton souvenir. Je connais l'issu : cul de sac. Faudra que je m'y fasse. Ça a toujours été le cas.

Les gens se barrent et je reste. Je me barre et ils restent.

Merci d'avoir un jour compté Y. Merci de m'avoir sauvé de moi même pendant 2 ans. Merci d'avoir accepté d'apprendre le rubiks cub, d'avoir écouté tout l'album de Måneskin et celui de Pierre de Maere pour mes simples yeux. Ces yeux qui fixeront l'horizon en pensant à toi et au fait que je t'aurais bientôt perdu.

J'ai peur du 15 février. J'ai peur que tu partes.

Mais ça, tu ne le sauras pas. Parce que quand tu partiras, je te sourirais avant de te prendre dans mes bras, d'ébourrifer ta tignasse une dernière fois et de te dire "bye bro, call me when ya get a girlfriend". Tu me diras que je suis déjà ta "girly friend", et on rira. Et puis tu partiras. Je rentrerais chez moi, dirais "ça va" et puis m'enfermerais dans ma chambre. Je te promets que j'écouterais Imagine Dragons.

Adieu Y.

 

[Etoile]

D, fallait bien que je t'écrive quelques mots quand même. J'te l'avais promis, je vais pas me défiler ainsi.

Tu vois, je t'ai haï. De m'avoir complètement laissé tomber pendant cette année là. Tu comprendrais sûrement si tu lisais cette lettre. Tu t'es contenté de laisser couler les rumeurs sur moi en changeant d'un coup.

Est-ce que tu te rappelle encore de moi ? Probablement pas. Qu'est ce que je disais ? J'étais rien pour toi. Un putain de pari tout au plus. J'espère que je les valais les 10 balles.

C'était qu'une photo putain. Juste une photo à la con. Et oui, je me suis sentie tellement stupide de t'avoir approché mais personne avait le droit de provoquer ce qu'il s'est passé. C'était même pas ce genre de photo. Juste un cliché de nous deux en train de prendre un bublle tea à côté du collège.

C'était tellement stupide non de dieu !

Juste une image ou on était assit, en face il devait probablement y avoir la bande et on rigolait.

Tu sais, si jamais je dis que je me suis faite harceler, on me répond que tout le monde a déjà vécu du harcèlement, qu'il faut dédramatiser. Et oui, c'est pas faux mais est-ce que ça va toujours aussi loin ? Je ne tiens pas à décribiliser le vécu de qui que ce soit, juste à t'expliquer à quel point tout ça m'a blessé.

Peut être que si quelqu'un était intervenu avant que ça dégénère, ça se serait arrangé. Mais personne n'a rien fait, personne n'a rien dit. J'étais juste la nouvelle un peu bizarre après tout. Une nouvelle tombée dans ton piège. Je ne ressentais rien et n'aurais jamais rien ressenti pour toi, que ce soit bien clair. Et en soit, tu t'en fichais sûrement. Toi, tout ce que tu voulais c'était ne plus être vu avec moi. Je n'existais plus.

Ça a été douloureux. Tu sais, ce qu'on avait tout les deux c'était ce qui se rapprochait le plus d'une relation. Et ouais c'est carrément con dit comme ça vu qu'il n'y avait aucune chance que je t'aime ainsi et qu'on est même pas sorti ensemble, mais quand même. Peut être que c'est ça qui rendait les rumeurs douloureuses.

Les coups aussi ils faisaient mals. Les insultes, les rires, les mots dans le casier.

Je ne t'en ai jamais parlé, pas suicidaire jimagine. Enfin si, je l'étais peut être à ce moment la.

Je me demande parfois si je m'en suis vraiment remise ? Est ce qu'on se remet un jour de ce genre de trucs ? Les cauchemars, les crises d'angoisses, les pleurs. Tout ça, ça ne m'a pas quitté.

Pourquoi je ressens soudain ce besoin de t'écrire ces quelques mots ? On va se revoir D. Pendant 3 jours, plus de 8 heures par jours. Et ouais, j'ai peur. Est ce que tu vas m'ignorer ? Te moquer ? Me saluer l'air de rien ? J'en sais rien.

J'ai la boule au ventre. La tête qui tourne, les yeux qui piquent. J'ai peur de moi même. T'as tout détruit D. T'as balancé mon enfance aux oubliettes. T'as tout détruit et j'ai pas arrêté de continuer à espérer que tu redevienne le garçon que je conaisssais en ce début d'année.

D, j'aimerais arrêter de vouloir te pardonner,

Ta Faé, surnom à la con que tu m'as un jour donné.

 

[Etoile]

Y a un stylo sur ma table. Alors je l'ai pris pour déposer ma peine sur ce coin de papier blanc épargner par l'ennui. J'aime bien le papier. Ça coupe, ça blesse, et pourtant tout vient de là. Les histoires sont faites de papier. Les souvenirs dans les photos sont fait de papier.

Mon cœur est fait de papier.

Et puis y a les jours qui s'écoulent, qui ne laisse sur le rocher que je suis qu'une faible empreinte déteignant un peu partout. Cette empreinte, cette marque du passé comme une cicatrice inconnue de ta peau dont tu n'en as que la conscience.

Et enfin, y a Ana. Ana à qui j'écris des lettres à la con depuis cet automne. Ana qui m'accompagne toujours où que j'aille, une voie de la raison. Ana cette chère tortionnaire avec qui j'apprends a vivre comme je le ferais avec un humain banal.

Mais Ana n'est pas un humain banal. Ana, elle, elle les maîtrise "les gens". Elle s'immisce dans leurs pensées, les regarde s'écouler dans un néant dont seule elle a la clé. Ana ne partage pas. C'est un putain de palindrome, tu la retourne dans tout les sens et pourtant le résultat est le même.

Quand tu crois avancer, que tu relève la tête face au miroir elle ressurgit dun coup. Paraît qu'elle vient de nos démons Ana. Peut être, peut être pas. J'en sais rien moi. Oh écoutez ça ! Faé ne sait pas. Faé n'est pas un géni. Faé est juste une ado aussi paumée que les autres, une autre âme qui n'entre pas dans le moule. Non, n'écoutez pas. Je ne vous révélerait pas mes failles aussi facilement, je ne me laisserais plus duper comme ça.

Et puis y a Ana. Ana qui vit, qui se rit de moi comme je rirais si elle se barrait de là. Mais Ana ne se barre pas. Ana, tu lui flanque des coups de balai, des insultes, des cris, des pleurs et des mots et pourtant elle ne part pas. Ana, c'est le pire des démons, une sangsue qui te prend les trippes, qui t'étouffe à l'aide de ses simples pensées. A l'aide de tes pensées ?

Mais vous...j'espère que Ana vous ne l'avez jamais rencontré.

 

[Etoile]

Coucou S.
Oui oui je t'écris une lettre. J'imagine que je fais un bon dans le passé avec mes vieux CD et mes bouts de papier. Peut être te demandes tu ; pourquoi ? Pourquoi je t'écris pourquoi j'agis comme j'agis.

C'est simple. Tu es PARFAITE. La définition même de la perfection. Des notes idéales, un comportement idéal, des amies idéales, un physique idéal, bref, tu as compris.

Je n'ai pas tout ça. Enfin, je n'ai plus tout ça. Avant, j'avais les notes parfaites. Ce n'est plus le cas, j'ai abandonné ce système dans lequel je ne rentrerais jamais il y a peu. Mes amis sont les tiens, nous sommes passés de 8 à 9. Y ne me parle presque plus, je ne suis qu'un souvenir pour F et K m'ignore. La prof de science a dit à ma mère que j'étais un petit peu pince sans rire. Non, ce n'est pas le terme qu'elle a utilisé. Enfin si, peut être. Je sais pas. Je m'en fiche, le second degré je ne le comprends pas et ne le comprendrais jamais.

Pour toi, peut être que je suis insensible. Beaucoup le pensent. Je ne suis qu'une putain de calculatrice réussissant tout juste à alligner des chiffres. Et encore, ce n'est plus le cas. Même là t'es meilleure. Ou alors est-ce chatGPT et ton beau-père les meilleurs ? Oui oui, je sais parfaitement comment ça marche tes notes.

Oh, je sais ce que tu vas dire "J'y peux rien si je suis comme ça". Et ouais, je sais. J'en sais trop j'imagine. Ou pas assez.

Je sais que tu dis que je suis inutile dans mon dos.
Je sais que tu regardes mon assiette à moité vide en riant sous cape.
Je sais que tu ne m'aime pas.
Je sais que tu me trouve méchante, que tu ne comprends pas comment ça se fait qu'Y ne m'ai pas complètement abandonné.

Crois moi, ça va pas tarder. Il va se barrer comme ils le font toujours, m'envoyer deux trois jolis messages avant un "I miss u" définitif.

Ça te ferait plaisir ? De me voir m'écrouler ? C'est ça que tu cherches S ? Bousiller ma vie, prendre ma place en toute circonstances alors que tu ne devrais même pas l'avoir parce que moi je les ai ces notes, me rabaisser dès que tu peux ?

Mais vous comprenez, pauvre S qui a vécue la guerre. Et ouais, c'est triste, horrible ce qui t'es arrivé mais crois moi, tout le monde à ses démons. Je ne dis pas que les miens égalent les tiens, et ne souhaite pas comparer mais ça n'excuse rien.

Alors maintenant, fous moi la paix je t'en pris. Ignore moi, fais comme si je n'existais pas.
A-
- Faé et ses étoiles noires dans les yeux.

 

[Etoile]

J'casse les miroirs quand j'me vois
Mon corps, mon cœur au combat
Ça part toujours en éclat
J'me casse, j'me tire de moi

Tout s'éffondre d'un coup,
Moi j'me barre j'suis à bout.

Mon visage est un délit
Un crime que j'ai pas commis
Pourquoi en payer le prix
J'vous jure, j'ai pas choisi

Mes cheveux s'emmêlent
Mes pensées se font rebelles.
J'comprends plus rien à ça
Pourquoi ça tombe sur moi ?

Hé, pleure pas maman
Ça fait longtemps
Qu'j'suis différente
Un peu flippante

Hé, pleure pas papa,
Un jour ça ira
J'vais m'en sortir,
J'suis pas martyre.

Tu sais maman
J'crois qu'finalement
Avec le temps
On est fort d'être effrayant

Si on n'l'était pas
Comment s'éloigner de soi ?
Hé, vous inquiétez pas
Ça va aller maman, papa.

Il peut dire qu'j'suis effrayante
Même si la nuit, ça me hante
Tu sais qu'j'remonterais la pente
Maman

Ça'f'ra un peu mal,
Mais là douleur moi j'l'étale
À force on s'habitue
Vu qu'c'est l'miroir qui nous tue.

J'ai pas la gueule de l'emploi
J'avais pas signé pour ça
Les uppercuts au contrat
J'm'y attendais pas

J'sais plus bien ou aller
J'sais pas trop comment me sauver
Un contre tous c'est pas assez
Mais j'vais réussir vous verrez

Mon image m'a mise à terre
Dans les nuits où je me perds
Mes yeux cernés font la guerre
J'peux plus m'voir en poster

Les photos se désintègrent,
Dans mes mains deviennent poussière
Mon reflet éclate
Et mes mains sont écarlates.

Hé, pleure pas maman
Ça fait longtemps
Qu'j'suis différente
Un peu flippante

Hé, pleure pas papa,
Un jour ça ira
J'vais m'en sortir,
J'suis pas martyre.

(- Hoshi pour les paroles en gras)

 

[Etoile]

A toi D, parce que mes cauchemars méritent de s'éterniser.

Tu as pris peur, c'est ça ?

Des rumeurs, de moi.

Tes boucles tombant sur tes épaules se sont éloignés de mes cheveux ondulés pour laisser place à un vide de paumée.

Qu'est ce qu'ils disaient de faux après tout ?

Que je t'aimais ? C'était vrai. Pas à leur façon, mais juste assez pour placer ce mot : amitié, sur mes lèvres en te parlant.

Aujourd'hui, on m'a confirmé ce que je savais déjà. Que tu t'étais enfui de ma réalité par peur ou honte.

Tu l'as même avoué.

Ce que j'en pense ?

T'es juste un connard. Ouais, j'ose te le dire après toutes ces années à ressasser ce merdier. Cette année de mes 12 ans.

T'es un sombre connard incapable de prendre ses responsabilités. Pas fichu de lâcher ta popularité pour une gosse encore plus paumée que les autres.

Si je t'en veux ? Même pas. Même plus. Tu vois D, j'ai dépassé ce stade. Je n'ai plus 11 ans, n'ai plus les cheveux courts, ne porte plus de leggings et ne crois plus qu'Harry Potter viendra me sauver de ma propre réalité.

Non D, j'ai plus 11 ans.

On va se revoir. Après demain. J'agirai normalement. Je vais te croiser au détour d'un couloir, tu ne me reconnaîtras plus.

La fille en t-shirt noir moulant et en pantalon beige ? Non. Tu ne connais que celle avec ses vieux t-shirts achetés au hasard et piochés à l'aveugle.

J'aurai Oli et Y pour éloigner toute tentation de fuir, de faire des conneries.

Ouais D, moi j'ai réussi à revivre. Sans toi. Sans C. Sans E.

Je ne me crois plus faible D. Je ne crois plus à la petite fille qui se cachait dans les toilettes le matin pour vomir d'angoisse. Je ne crois plus à la pré-ado qui se planquait dans le CDI.

Je suis moi. Et moi, je ne courberai plus l'échine sous les rires.

 

[Etoile]

Je ne comprends pas pourquoi Tu es parti. Suis-je égoïste de vouloir Te garder à mes côtés Is' ? Suis je juste une putain d'égoïste autocentrée ?

Et puis après tout, on ne se connaît que depuis avril. 18 avril exactement. C'est Feuille qui m'a présenté ton compte. "Il est sympa" qu'elle m'avait dit. C'était vrai.

Ça a commencé par tes citations à la con. Ta devise "mieux vaut être seul que mal accompagné". Étais-je un mauvais accompagnement ? Dis moi Is, sincèrement : ne valais-je juste pas le coup ?

Et Össa ? Et Nessi ? Et Lya ? Elles non plus, elles n'étaient pas assez important.e.s ? Et les gens du forums ? Ton écriture ensanglanté pour deux trois stats, on en fait quoi nous maintenant ? J'aimerais juste que tout reste comme avant...

Non. En soit, je sais ce que tu as vécu. Ce que tu vis. Il n'y a que moi qui sait, ici. Et pourtant, je veux te garder près de ce coin du net.

"C'est qu'un site". C'est la que nous ne sommes pas d'accord. Ce n'est pas "qu'un site". C'est l'oasis des ados paumés comme toi et moi.

Et nos parties d'échec ? On abandonne aussi ? Tu gagnais pourtant. Tu m'as appris tellement de truc Abezour...

Putain je comprends pas Is' ! Je comprends plus rien là.

Tu vas faire comme Feuille ? Me laisser sans réponse, laisser Össa et moi comme elle a laissé Lya, toi et Kemi ? Bon, reste plus qu'à essuyer les larmes que t'as laissé à l'autrice de Cam.

Wow. Je suis vraiment égoïste putain. T'as pas à rester si t'en as pas envie. T'as le droit de te barrer. Je dois te laisser partir. Garder Abezour ou Is' dans mes souvenirs, loin, très loin. Faut que j'avance. Faut que tu avances. Faut laisser le passé de côté.

Je dois accepter de te dire au revoir.

Tu vas me manquer...
Tu me manque.
A-
– Faé sans toutes ces étoiles.

 

[Etoile]

Isaac, combien de fois je vais avoir envie de chialer en jouant aux échecs ?! Combien de fois vais-je les compter, c'est échecs achevés, ces mats oubliés...?

J'aimerais juste te dire au revoir une seconde fois. Et avant, pouvoir rire avec toi. Je suis une putain d'égoïste Is'. Tu sais ce que j'ai fait ? J'ai écrit un roman. Tout. J'ai fini l'histoire de Cassi, celle que j'ai commencé en riant avec toi un jour.

J'ai même inclus des citations. Orwell, c'est pas mal non ? Bon, ça n'arrive pas à la cheville de Platon ou de Descartes mais c'est déjà ça.

J'aimerais faire un bon en arrière Is'. Revoir Feuille, écrire à Lya, sourire avec Kemi. J'ai envie de pouvoir rire avec Ossa, et jouer aux échecs avec toi. J'ai une putain de redac à rendre pour demain. C'est loin demain. C'était loin le jour où tu m'as dis "hey" pour la première fois.

Cets ça les amitiés ivl ? Des rencontres vouées à s'eliminer au fil du temps, à se graver dans le cœur pour se cacher des yeux ? Tu sais Is, je suis pas la seule à écrire une de ces lettres à la con. Y en a pleins des ados paumés qui le font, qui prient pour qu'un autre ado paumé réactive son putain de compte.

Mais toi Isaac, tu ne le feras pas. Tu me manques. Trop.
Mieux vaut être seule que mal accompagnée, géni devrait prendre un e,
- Faé ★

 

[Etoile]

Tes mains.

Sur

Mon

Corps.

Cours de lutte. 14 heure 40.

Corps à corps.

Regard à corps.

Corps à regard.

Ton regard qui dévie plus bas.

Trop bas.

Vers mon cœur. Caché sous ma poitrine.

Ta main.

Sur

Ma...

Cuisse...?

Ton regard.

Que je ne peux assimiler à tes yeux rieurs.

À nos sourires habituels.

À ton intelligence compétitive.

Ton regard.

Qui dit tout.

Que tu aurais pu aller

Plus...

Loin ?

Et mes larmes. Dans mon lit. Pour ce cœur cassé. Qui en deux jours a été saccagé.

Ton corps. Contre le mien. 14 heure 40.

Tes mains qui touchent là où elles ne devraient pas.

Et ce mot, qui commence par un a.

Comme une condamnation, un refus inaudible.

Comme ce refus qui m'ensorcelle sous ces iris fixées sur mes formes

Que tu qualifies pourtant d'inexistantes.

 

[Etoile]

Ana, j'avais cru t'avoir viré de ma vie. C'est con, j'arrive même pas à dire ton nom. J'aurais dû me douter que t'étais encore là.

Y a mon corps que j'aime pas, Ana. Est-ce à cause de toi ? C'est revenu récemment en tout cas.

Tu sais quand je me douche, je fous une serviette sur le miroir, pour pas voir mon putain de reflet. Jessaye de manger, et je perds quasi rien mais c'est dur. Trop dur.

Putain Ana, c'est quoi ce délire ?! Je deviens folle ? Parano ? Y a des souvenirs dans ma tête.

Et ils tappellent, toi...Ana.

Je vais essayer d'écrire ton nom en entier. Fin pas maintenant parce que j'en suis pas encore capable. Disons que je te surnommerais TCA pour éviter toute confusion.

Tca ou Ana, là est la question.

 

[Etoile]

Je saurais pas dire ce que je ressens,
Le plein et le vide en même temps.
L'encre à travers mes veines
Jusqu'à mon coeur, aventure lointaine.

Je saurais pas dire ce que je ressens,
Je viens des années 90, perdue en Nirvana.
Mais au fond, qui suis-je à attendre là ?
Quand saurait-je enfin si je me ment ?

Je saurais pas dire ce que je ressens,
Papa, quand tu m'as dit que j'étais folle.
Que c'était pas possible, ma parole !
Et que jt'ai regardé en m'éteignant lentement.

Je saurais pas dire ce que je ressens,
Maman, quand t'as fermé les yeux au diner,
Et que t'enerver, t'en as pas eu le temps.
Parce que au fond, tu sais très bien ce que j'ai.

Je saurais pas dire ce que je ressens,
Si ce n'est cette envie de tout casser.
Et darreter de me faire chier, mes excuses pour les vulgarités,
Puis au fond, qui en a quelque chose à foutre de ce que je ressens ?

 

[Etoile]

Lya, tu m'as écris. Ça fait si longtemps que le petit papillon que tu étais n'avait plus battu des ailes.

Tu m'as dit qu'il y avait une fin au cercle infernal. Que toi, la maladie tu la vainquais. Qu'il fallait esperer, que c'était sur ça que tout reposait. Lya, je suis désolée de ne pas être seule et que toi, tu l'ais été. Désolée que derrière la guerison il y ai eu cette putain de maladie. Désolée d'avoir lu tes textes, de t'avoir dit que ça allait aller. Désolée de n'avoir été que Faé, des poussières et des cœurs blancs rafistolés. Désolée de ne pas t'avoir sauvé d'un coup de ton cauchemars, de ne pas avoir pu brider tes ailes mortuaires avant que tu ne te brise, avant que tu ne puisses plus voler.

Lya, tu m'as dit qu'on pouvait s'en sortir. Que toi, t'y croyais.

Et moi, je me suis demandé comment on pouvait en arriver là. Comment tu as pu en arriver là. Moi, je n'y arriverai pas. Je ne me crois pas plus forte, juste moins triste. C'est ça que t'as au fond, maon Lya. De la tristesse, un cœur brisé par Lui, par la maladie, par Feuille partie, par ce monde ou simplement cette société à la con.

J'ai souri, parce que ça veut dire qu'enfin, apres tout ces putains de mois gachés, tu savais que derrière, si loin derrière, il y avait la vie.

Et puis tu m'as dit que tes jolis discours, en vérité, tu n'y croyais pas.

J'ai décidé d'y croire à ta place. Tu crois en moi, je crois en toi, cher.e Lya. Et Kemi croit en nous deux. On s'en sortira.

Kiss et pain au chocolat,

— Faé

 

[Etoile]

I wish I was special

Or a little normal

But I'm a creep,

JUST A WEIRDOOO...

I'm a weirdo

Yeah a weirdo...

What the hell am I doin' here?

Why on earth am I lost in here ?

I don't belong here

If I do belong somewhere

I don't care if it hurts,

Or if it destroys

I wanna have control

So badly I would die for it...

I want a perfect body

Just another mistake

I want a perfect soul

Or just a perfect life

I want you to notice

That I do exist

when I'm not around

Or I m lost in my mind

You're so fuckin' special

And I m so fucking alone

I wish I was special

If it were not for theses walls

But I'm a creep

I M A WEIRDOOO...

I'm a weirdo

Just a lost weirdo.

En "normal" paroles issues de "Creep" de RadioHead et en gras mes mots.

 

[Etoile]

Lya, tu m'as écris. Ça fait si longtemps que le petit papillon que tu étais n'avait plus battu des ailes.

Tu m'as dit qu'il y avait une fin au cercle infernal. Que toi, la maladie tu la vainquais. Qu'il fallait esperer, que c'était sur ça que tout reposait. Et moi, j'ai souri parce que y avait ton pseudo, ton visage dans le miroir brisé et que c'était toi. Alors que toi, je regarde chaque jour les avis de deces de peur que tu ais fait cette connerie sans nom dont on avait un jour parlé.

Lya, je suis désolée de ne pas être seule et que toi, tu l'ais été. Désolée que derrière la guerison il y ai eu cette putain de maladie. Désolée d'avoir lu tes textes, de t'avoir dit que ça allait aller. Désolée de n'avoir été que Faé, des poussières et des cœurs blancs rafistolés. Désolée de ne pas t'avoir sauvé d'un coup de ton cauchemars, de ne pas avoir pu brider tes ailes mortuaires avant que tu ne te brise, avant que tu ne puisses plus voler.

Lya, tu m'as dit qu'on pouvait s'en sortir. Que toi, t'y croyais.

Et moi, je me suis demandé comment on pouvait en arriver là. Comment tu as pu en arriver là. Moi, je n'y arriverai pas. Je ne me crois pas plus forte, juste moins triste. C'est ça que t'as au fond, maon Lya. De la tristesse, un cœur brisé par Lui, par la maladie, par Feuille partie, par ce monde ou simplement cette société à la con.

J'ai souri, parce que ça veut dire qu'enfin, apres tout ces putains de mois gachés, tu sais que l'Après existe. Et que ces 8 mois branché ne sont pas une fatalité.

Kiss et pain au chocolat,
Je t'aime comme n'importe qu'elle amie aurait dû t'aimer,

— Faé

 

[Etoile]

J'ai bien aimé cette soirée, Lee. T'étais si jolie sur scene, avec Lola et Sam. Sam qui a envoyé des roses à Ezra, en lui disant qu'il l'aimait. Ezra qui a rougit, et nos rires coagulés. Lee, je sais pas vraiment comment on dit ça moi. Je t'aime. Parce que derrière ces mots, y a tellement d'autres sentiments, d'autres angoisses. J'ai peur Lee. Mais je t'aime. Et putain qu'est ce que j'ai envie de t'aimer et que tu m'aimes comme je t'aime. Mais c'est trop compliqué pour les collegiennes que nous sommes, ne crois-tu pas ? Attendons. Au pire, tu sors avec Lola et j'aurai quà vous regarder vous embrasser les samedis qu'on passe au parc.
Je suis heureuse pour Ezra, il merite quelqu'un comme Sam. Merci d'exister.

— Creep

 

[Etoile]

J'ai saisi ton bras

Et t'ai retourné une baffe.

J'ai levé la main sur toi

Laissant sur ton corps la trace de mes mains balafres.

Je me suis enfuie, seule, avec un peu trop de lâcheté.

J'ai marché dans la rue, ai cherché Lee, pour me retrouver dans un putain de café paumé.

J'ai rien dit pas vraiment fugué, (puis de toute façon personne ne le saura), mais juste barrée.

On est restées là, au bord d'une tasse de thé à dire a quel point cet univers était merdique.

Y avait ses cheveux noirs, à Lee, et ses yeux noisettes si jolis. On a papoté de tout et de rien, avons fait le tour de nos vies en en esquivant deux trois parties.

Et moi, j'ai chialé.

Parce que au fond, ouais je suis désolée d'être incapable de tenir un repas sans exploser, ouais ça me blesse que tu me traités d' "anorexique", petit frère, ouais j'ai la rage qui me dévore et qui me donne envie de tout péter.

Alors je me suis laissée pleurer bizarrement dans un café, avec Lee à mes côtés.

 

[Etoile]

Jsuis pas forte, qu'est ce que vous me racontez la ?

Moi jsurvie comme je peux, jme vois effacer des souvenirs.

Dtoute façon on y peut rien a la merde qu'est la vie. Jsuis pas suicidaire, juste que mon coeur est meurtrier.

Jvois grand mère qui ne me reconnaît plus, et la nuit jpleure dans mon sommeil.

J'entends plus rien, fermez la...jveux juste fermer les yeux et m'endormir un peu.

Et ouais maman jsuis déso de pas être assez la, de pas aimer les câlins ou les bisous.

Deso de pas parler de mecs, de décevoir tout le monde tout le temps.

Mais vous voyez, mon monde s'écroule un peu
Jconnais pas le deuil, jamais vu une tombe, mais l'oublie est d'un coup apparu.

Parce que moi j'oublie rien alors que grand mère si, parce que moi je veux juste redevenir une putain de gosse sans réel problèmes.

Et même si tout était pas rose je veux revoir mon univers d'avant, d'avant cette putain de maladie, davant le mot Alzheimer, d'avant que tout disparaisse.

Et jsuis déso de pas être assez...

 

[Etoile]

Lee, elle a le cœur arc-en-ciel
Et des mots couché de soleil.
Ahlala, qu'est ce que je l'envie moi, Lee.

 

[Etoile]

C'est bête, si bête de tomber amoureux.
Mais Lee, vous voyez, elle a ce p'tit truc en plus, ces cheveux noirs, si noirs qu'on les confond avec les nuits sans lune. Et Lee, vous voyez, on tombe amoureux d'elle comme on cueille les roses, juste une habitude de vouloir toucher le beau. Parce qu'elle, elle n'oublie pas le beau, celui qui apparaît sous ses pinceaux, a travers sa guitare.
Et mon coeur, il est tombé de haut pendant ce fichu cours d'art où elle m'a parlé de cette autre fille, si parfaite, tellement plus jolie. Jsuis heureuse pour elle, parce que Lee elle mérite quelqu'un de bon, quelqu'un qu'on aime au premier regard, mais y a tout mes espoirs, hécatombes amoureuses qu'on oublie, qu'on oublie, qu'on zappe, bip sur la telecomande, AC/DC, et je disparais.