Babillard d'un agneau qui grandit

Pingouin

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Je me sens si mal. Mal dans ma peau, mal dans ma tête. J'ai rarement eu autant envie de crever. Que tout s'arrête. Mon mal-être est en grande partie inexplicable, car je ne connais pas la raison de celui-ci. J'ai bien quelques pistes, mais ça me semble si faible. Je vais finir par aller de moi-même à l'hôpital psychiatrique comme Van Gogh, si ça continue. Si ça empire. Parce qu'en ce moment, c'est de pire en pire.

Hier soir, j'ai eu une soirée assez calme et plaisante, où des amis sont venus chez moi pour une partie de jeu de rôle. Ce n'est pas la première fois qu'on se livre à ce genre d'exercice tous ensemble. Un moment agréable, parce que je me sens bien avec eux ; et plus je les côtois, plus j'ai l'impression d'être compris, plus j'ai l'impression d'avoir ma place parmi eux. Et ce matin, je me suis réveillé complètement vide, sans énergie, sans envie, sans plus rien. Juste envie d'une fin. Quand on parle de batterie sociale, ça prend tout son sens pour moi. Ma batterie est complètement vide aujourd'hui. Pourtant, il me fallait aller faire des courses au supermarché, là où il y a beaucoup de monde, parce que ma supérette depuis les travaux m'angoisse et qu'elle est bien trop chère pour mon porte-monnaie. Il m'a fallu plus de cinq heures pour me motiver à sortir de chez moi, à prendre la voiture, à faire mes courses. Arrivé sur le parking, exercice de respiration pour calmer l'angoisse grandissante. Parmi les rayons, je me suis senti si mal. J'ai malgré moi réussi à contenir cette crise, mais je pleurais intérieurement. Le moindre son me faisait sursauter. Les lumières me brulaient les yeux. La musique m'énervait. Le brouhaha et le déplacement des gens me terrifiait. Au moins, je n'ai pas eu de problème à la caisse. J'ai de quoi manger pour la semaine, c'est déjà ça. J'ai peur d'aller en cours demain ; je ne veux voir personne. En fait, j'aimerais dormir à l'infini.

Je me sens si bien avec eux, pourtant je ne veux pas aller les voir. Je veux être seul et pouvoir contempler à l'infini le vide incommensurable du néant. Je veux que tout s'arrête. Je veux arrêter de voir des gens. Je veux arrêter d'aller en cours. Je veux arrêter d'aller mal. Je veux arrêter de vivre.

Mais putain, je ne pourrai jamais passer à l'acte. Tout ça à cause de Toi. C'est Toi qui a coupé les ponts. Peut-être y ai-je contribué, même si je n'en suis pas sûr. Enfin, toujours est-il que j'ai essayé de les reconstruire, mais je n'ai jamais trouvé l'autre rive. Des années que je Te cherche, j'ai tout tenté, en allant au-delà même de la moralité. Ça n'a rien donné. Si Toi tu voulais reprendre le contact, je sais que se serait facile pour Toi de me retrouver. Je n'ai pas bougé. Je suis toujours là, et je le resterais le temps qu'il faut. Je n'ai plus de carte dans ma main. Elles sont toutes dans la Tienne. Je sais que Tu as la possibilité de lire tout ça sans que je le vois. Je sais qu'il n'y a plus vraiment d'espoir, et pourtant… Tu m'as enchaîné, à ce forum, à ses émotions et sentiments passés. Un simple merci de ma part suffirait à me libérer, encore faudrait-il que Tu puisses l'entendre. Quand je vois les cinq étapes du deuil, je ne sais pas à quel stade je suis pour cette relation disparue. Le moi du passé T'as remis sa vie entre Tes mains, et Tu es partie avec, me laissant seul, moi, une coquille vide. Il n'y a plus qu'un fantôme dans la coquille… En fait, dans ma frustration, dans ma colère, ce n'est pas à Toi que j'en veux, mais à moi. À mon incapacité de me libérer de merde. Merde dans laquelle je me suis jeté tout seul. Merde qui m'empêche de crever. Merde qui m'empêche d'éprouver de l'amour pour une quelconque autre personne. Ce n'était pas de l'amour que j'éprouvais pour toi, mais une grande admiration et un grand attachement, avec beaucoup de respect. Tu étais Celle qui avait su trouver les mots justes. Celle qui m'avait sauvé. Je suis dans une merde tellement malsaine. Ton fantôme est devenu mon succube.



Je me sens si seul, mais je ne veux personne.

Je veux que tout s'arrête, mais je ne peux pas tout stopper.



J'ai plus spécialement de projet, j'ai plus vraiment de passion. Je me sens vide. Vide de tout sentiment. De toute émotion. Je me sens nul. Je me sens au bout du rouleau. Cette vie que je vis n'est pas celle à laquelle j'aspire. La politique de mon pays, ainsi que celle de tous les autres, me dégoûte. Aucune ne respecte ma vision des choses. Peut-être que voir les humains comme des parasites y est pour quelque chose. J'ai foi en l'humain, mais une poignée de gens au pouvoir va tout ruiner. S'il n'est pas déjà trop tard. Trop de points de non-retour ont déjà été franchis. Pour le bien de la planète, pour le bien de toutes les autres espèces vivantes terriennes, humanité, je souhaite votre annihilation.





« La femme ne devrait-elle pas être éplorée d'avoir perdu son mari ? Tu devrais la jouer plus triste.

--- C'est une émotion que je ne connais pas vraiment. »

Mensonge.

J'avais juste peur de faire ressurgir ces vieux démons.​
 
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Pingouin

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Je crois bien que je suis fatigué de vivre. Tout m'épuise, cruellement. Depuis combien de temps n'ai-je pas pris de plaisir, en cours, d'apprendre quelque chose ? Est-ce que mes études me correspondent vraiment ? De toute manière, que pourrais-je faire d'autre ?

Mais le fait d'apprendre, encore et encore, me fatigue. Une sorte de trop plein de connaissance, en trop peu de temps. Pas le temps de digérer le premier cours qu'on est déjà à l'examen. Trop de trucs différents, en trop peu de temps. Trop, trop, trop. Une course effrénée contre le temps. Je suis en retard, Alice, en retard, toujours en retard, tout le temps. Mais le temps pour quoi ? Le monde dans lequel je vis me hante, et m'intéresse guère. Il n'y a que dans l'imaginaire que je me sens à mon aise.

Je suis terrifié par le monde réel.

Il est tellement hostile.

A la recherche du profit, du pouvoir, de l'adoration.

A la recherche d'un sens à la vie.

A quoi bon ? Pourquoi cette quête de sens ? Est-ce important de donner du sens à la vie ? N'est-ce pas plutôt merveilleux de voir qu'on est vivant uniquement grâce au hasard ? Il n'y a pas de sens à la vie, et il ne sert à rien de lui en trouver. Le suicide ou vivre longtemps reviendra au même, à la fin. Tu finiras mort, et ta vie n'aura été qu'une succession de hasard contre lequel tu n'auras eu de cesse de vouloir interférer. Tout n'est que suite d'événements hasardeux. Face à ça, à quoi bon du sens ? Se passionner dans l'observation de ce hasard, donner du sens à ce hasard, tout cela n'a pas de sens. Tout est chaos. Et puisque tout est chaos, alors tout est parfaitement ordonné.

Grâce au hasard, je T'ai rencontrée.

Grâce au hasard, je T'ai perdu.

Enfin, « grâce » ou « à cause de » n'a pas vraiment de sens. Je ne dois rien au hasard, et lui ne me doit rien.

Le problème, c'est que ce monde est hostile à ma constitution. Par hasard, je ne supporte pas l'imprévu. Je ne sais pas quoi faire. Dois-je affronter le hasard, alors qu'affronter le hasard serait dicté selon les règles du hasard, puisque le hasard m'a créé ? Dois-je observer, supporter ?

La prise même d'une décision dépend du hasard. Notre vie n'est qu'hasardeuse, à regarder par hasard le hasard.



Mais n'est-ce pas cette prise de décision qui donne une impression de vivre ? D'être maître de son « destin », d'avoir la possibilité de faire des choix, d'interagir avec le hasard, d'approcher de notre monde imaginaire, de nos souhaits ?

Il est toujours très difficile pour moi de prendre une décision, même la plus simple. Non pas à cause des « conséquences », mais à cause d'une certaine peur de l'interaction avec le monde. Comme si ce n'était pas à moi de prendre les décisions.

Puisqu'en interagissant avec ce monde, j'en accepte ses règles et ses conséquences.

Et je hais tellement ce monde…



Je ne suis pas fait pour y vivre ; c'est une certitude, guidée par le hasard.
 
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Pingouin

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Je ne comprends pas dans quel état d'esprit je suis. J'ai l'impression de n'avoir jamais connu ce néant, ce vide, ce silence. Je n'ai plus de pensées, plus de réflexion, plus d'envie. Évidemment, c'est faux, ou plutôt incorrect. Je pense encore et toujours, mais ce ne sont que des pensées éparses, volatiles, limitées, et si inintéressantes. Alors, il faut que j'écrive ici. Pour comprendre. Pour connaître. Pour archiver. Vois donc où mes réflexions me mènent.

L'un de mes plus gros stress du moment, c'est la politique. Je vois de plus en plus de choses qui me terrifient, et qui me bloquent toutes perspectives d'un futur heureux comme j'en rêvais. En fait, je suis encore et toujours bloqué par la non-vision du futur. J'ai besoin qu'on me prenne la main, qu'on me guide, qu'on choisisse pour moi, l'indécis. Bientôt le choix du Master, et je ne sais toujours pas vers quel domaine aller, quel métier faire dans trois ans.

Dans trois ans putain. Dans trois ans je travaillerai, j'aurai fini mes études. C'est à la fois dans longtemps, et pas tant en fait. Je rêve de tranquillité, d'espace, et de calme. Une grande maison en campagne, au milieu de nulle part, avec un immense jardin. Un job en télétravail, de quoi rester chez moi et voir peu de monde. Un beau bureau avec du bon matériel, dans une pièce distincte de ma chambre. Un bel atelier. Une table immense et fonctionnelle pour le jeu de rôle. Du chauffage au sol. La fibre. Plein de plantes d'intérieur, avec une serre tropicale dans le salon. Pourquoi pas également un aquarium, j'aime contempler des écosystèmes autonomes. Plusieurs chambres, afin de pouvoir recevoir ma famille proche et mes amis. Un grand jardin bien ombragé par de beaux arbres. Un potager avec sa serre attenante. Des espaces où exposer fièrement mes bonsaïs. Éventuellement une chatte. En bref, de grands espaces et de la tranquillité.

Mais c'est ce qu'on appelle un rêve. Je veux quitter la ville au plus vite. Avoir un pied à terre dans lequel je pourrai entreposer plus que cinq plantes d'intérieur. Je n'aime pas cette promiscuité de la ville, où je peux entendre mes voisins à travers les murs, où j'ai peur de faire trop de bruit et de déranger, où dès que je vais dehors j'ai la garantie de croiser des gens sur mon chemin. J'ai besoin de place, d'air, et de calme. De sérénité. C'est ça. Je n'ai jamais été serein je crois. Ça doit être d'un bonheur.

Offrez-moi la sérénité.

En parlant de futur que je ne sais pas appréhender, il y a également le problème de ma place sur ce forum. Y ai-je encore ma place ? Ou, en retournant le problème, le forum me correspond-il encore ? Ils veulent que je reste, là-dessus je n'en doute pas. Mais le fait de douter de plus en plus sur l'éventualité d'un départ me fait douter. Somptueuse spirale. Infernale ? J'ai été touché de la confiance que m'a accordé Edgar, notamment sur ces événements de derniers jours. C'est très certainement égoïste de ma part, mais est-ce qu'Adoasis sans moi, c'est encore Adoasis. Pour les autres membres, c'est évident que ça ne change rien, mais pour moi ce ne sera plus le même Adoasis. De la même sorte que le FDA avant mon arrivée n'est pas le même que le FDA que j'ai connu. Définitions et perspectives. Et Toi, pourquoi es-tu partie ? Pourquoi Rap est-elle partie ? Pourquoi Ali est-elle partie ? Pourquoi sont-ils quasiment tous partis ? RN, Mag, Lou, Deb, WC, Aman ? J'ai parfois du mal à m'imaginer comment vivre sans l'oasis. J'ai encore le temps, avant un départ. Mais parfois, je me demande si ce départ ne serait pas une guérison.

J'ai de moins en moins de sentiments quand je pense à Toi. Ça fait déjà plus de quatre ans, le deuil finit par se faire, il faut croire. Tu me manques, mais de moins en moins. Je ne veux juste pas T'oublier. Ce serait une trahison envers moi-même. Tu es une page importante de mon histoire, de mon passé et, qui sait, de celui que je serai dans le futur.

Parfois, ça me fait bizarre de me dire que mes amis cherchent à vivre avec quelqu'un, à être amoureux. Je ne sais pas si « chercher à être amoureux » est la bonne façon de le dire, mais je veux évoquer là le fait qu'ils sont ok à faire des rencontres, à accepter la possibilité de vivre avec quelqu'un de matière intime pour une durée indéfinie. Je veux dire par là que ce sont des réflexions que je ne comprends pas, je n'en vois pas vraiment l'intérêt. Être amis avec plusieurs personnes ne devrait-il pas suffire à combler cette volonté d'aimer et d'être aimé ? Je veux dire, il y a des milliards de gens qui vivent ensemble sous le nom de l' « Amour », j'y fais fasse au quotidien, alors pourquoi moi, je n'ai finalement pas cette envie-là ? Je l'ai eu à une certaine période de l'adolescence, où les hormones dérèglent tellement de choses, mais je ne me suis jamais engagé. Je n'en vois pas l'intérêt, et je n'en ai jamais rêvé. Mais ça me fait mal de ne pas comprendre les sentiments de ceux qui vivent ça. J'aimerais pouvoir comprendre en quoi cela est si important.

Parce que moi, je veux être seul, au calme, dans de grands espaces.

Offrez-moi la sérénité.​
 
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