Une Exploration Méticuleuse

Synesthesia

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28 Jan 2021
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La première chose à faire serait de dire que tout ceci n'a aucun sens pour et par lui-même. Je suis ici pour me raconter, pour exposer ma vision libérale-spirituelle et me sentir exister. Quoi de plus vain? Le but : m'affirmer, ressentir le monde, essayer de me trouver une place face à son soleil impitoyable
En outre, je pourrais me présenter, poser un nom, prénom, date de naissance, mais je ne suis pas un numéro, un vulgaire sobriquet me conviendrait mieux, comme celui de Vorace, bien que ce dernier désigne plutôt l'un des antagonistes de l'histoire, ainsi que de l'Histoire avec un grand H. Rassurez-vous, je ne compte pas me placer dans une position divine, je suis agnostique et j'admets la possibilité d'un Au-Delà
La matinée est magnifique, le ciel bleu est éblouissant, et mon insolence se dissout sur de l'électro épique voire mélancolique. J'écris à la ligne
A la ligne
Je me dis que si d'autres arrivent à s'exprimer sur le papier glacé, pourquoi pas moi? J'ai des choses à raconter
Ma maison ressemble à une de ces œuvres de pixel-art qu'il y avait dans un certain jeu vidéo connu avant la Décadence. Je l'ai fait construire lorsqu'il devenait évident que cet endroit serait l'un des derniers paradis sur Terre. A vrai dire l'Apocalypse a eu lieu et nous sommes les derniers représentants de l'espèce. On essaye de reconstruire quelque chose et il me semble que ça fonctionne pas trop mal
Aller, j'arrête de déconner, l'Apocalypse n'a pas eu lieu, juste un petit peu, et notre Île, Réminiscence, fait office d'expérience libertarienne et écologiste, tandis que j'écoute une musique ambient transcendantale qui achève, en même temps que le Prozac, de me faire voyager vers des horizons invisibles. Ce qui est magnifique avec la musique électronique, c'est qu'on puisse synthétiser avec des machines des bruits, des ondulations, Ondula 88, pour le reprendre. La musique électronique est un concerto immatériel, et moi, je suis son réceptacle, son piédestal
Le Vorace
Je vais à la ligne, à la Ligne, parce qu'elles me permettent de puiser de l'inspiration par à-coup successifs, comme un groupe électrogène qu'on aurait provisoirement malmené
Je ressens le vide, l'ennui, et j'écris ici pour symboliser les sensations, pour leur trouver un corpus solide
Dehors, quelques individus se promènent avec un chat tenu en laisse. J'entends le bruit des oiseaux joyeux, virevolter au loin, vers des horizons que je ne connaitrais peut-être jamais, et les coqs au poulailler d'Ambrose émettent des cris de bienvenu
Histoire de ne pas trop rouiller, depuis la terrasse de ma chambre, je fais quelques accords à la guitare tout en réfléchissant au système politique qui anime Réminiscence. Puis, dégoûté par la complexité du droit et des affaires courantes, je réfléchis sur ma bisexualité, et surtout, ma non-binarité. Je trouve cela extraordinaire de se dire que malgré un sexe biologique assigné à la naissance, on puisse adopter des traits de caractères éminemment masculins ou féminins, ou même gender fluid, non attaché à un genre en particulier. J'ai l'impression que, lorsque j'accepte cette partie de moi-même, mon individualité existe, et pas seulement au delà de futiles possessions matérielles (auxquelles je suis malgré tout assez attaché), mais dans des termes très spirituels
Je contemple le béton et les racines anarchiques, la végétation luxuriante qui reprend ses droits sur des bâtiments faussement modernes. Je cherche dans cette alchimie désordonnée un sens, quelque chose qui pourrait me faire ressortir des émotions refoulées ou qui ne demanderaient qu'à être exprimé avec douceur ou nihilisme. Mon thé vert de Chine refroidit et je commence alors à me dire que le bonheur ne se trouve que dans le silence, mais ce serait désavouer les mots, leur puissance subversive, comment tourner le réel vers un rêve, et tourner le rêve vers le réel. Comment se fondre dans un pur hasard sans construction logique, juste le plaisir de se sentir exister par l'expérience verbale
 
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28 Jan 2021
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Aller, un autre médicament, cette fois-ci pour l'épilepsie. J'espère que ça ne va pas m'assommer, comme un vulgaire marteau métaphysique, ou juste chimique en fait. Les médicaments psychotropes sont comme de mystérieux fluides qui traversent notre cerveau, tels des hymnes évocateurs mais dont on arrive pas exactement à se remémorer les notes subtiles
Je repense à lui, Joseph Ponthus je crois, ou quelque chose du genre, quelle tristesse que le concert du cancer l'ait emporté...son oeuvre était magistrale, et je ne choisis pas ce mot à la légère non. Il est la mère de toute écriture ouvrière. Enfin, peut-être que je m'emporte trop facilement, mais sa plume est véritablement miraculeuse. Les gestes du précariat, les pensées du prolétariat, conditions de l'homme-machine, tout cela vivra à tout jamais ici, ainsi que dans l'atelier d'exploration psycho-philosophique que j'administre avec mon ami Sébastien
Sébastien est un homme passionné d'armes à feu. Haha, non je déconne, il aime écrire des poèmes. Quoique dans cet îlot libertarien ce ne serait pas contradictoire d'apprécier les instruments de guerre tout en couchant sur le papier, lampe allumée un soir de chaleur étouffante et réconfortante, de splendides proses mythiques, comme ce poète francophone, Rimbaud je crois, qui était devenu marchand d'arme, marchand d'art de tuer. Bref, Sebastien est un artiste, et un vrai, pas un raté comme moi, qui prend son journal perso pour un proto-art. Peut-être suis-je trop violent envers mon être, mais passons. Il écrit beaucoup sur les gens dans la rue, la floraison, la mémoire, le ciel, sans parler des banlieues éloignées. Ah, Ô banlieue, réceptacle de nos supplices, tu es la sœur qui nous amène vers des déchirements intérieurs. Tu es le piédestal qui va vers nous comme le cyclone-tsunami sur un air de violoncelle à la fois éperdu, désespéré, et épique. Bref, je me disperse
Peut-être à cause du réchauffement climatique, le ciel est d'une mocheté inégalée, mais curieusement ils font que je me sens protégé, protégé.e par la féminité douce et revendicatrice en moi, protégé.e par les "immenses" immeubles d'habitation dont le béton se fissurera un jour, craquera, que dis-je, implosera sous la pression de la folie des hommes
J'ai bu ce thé blanc d'une marque parmi tant d'autres. D'un côté les marques permettent de découvrir des manières de faire différentes, de faire jouer une concurrence saine de sorte à ne pas être enfermé dans un paradigme froid et unique. Mais d'un autre côté, les marques peuvent asservir l'individu, peuvent transformer le consommateur en pilier de la possibilité d'une survie de la marque. Peut-être qu'il pourrait exister un modèle économique dans lequel différent produit existent, cohabitent, sans pour autant changer l'entreprise comme une esclave. Ca c'était pour la minute de réflexion politique
J'aime me balader aux bords du fleuve intérieur, le Canal Vladimir. Une coopérative de jardiniers s'occupent des magnifiques plantes et autres végétations multivariées (terme d'apprenti sociologue) qui recouvrent le sentier, mélange d'un béton d'un autre âge et de gravier évoquant la mère-nature. Ca s'étend sur dix kilomètres à peu près, puis viennent les zones non-habitées, "sauvages", dont certaines personnes ne sont pas revenues pour des raisons qu'on ignore. On dit que s'organisent des trafics de coke, des groupes d'opposants politiques armés, mais beaucoup d'habitants de Réminiscence se sont habitué à la Révolution. Avant, beaucoup d'entre nous vivaient en Europe, dans ce qu'on appelait également l'ancienne Eurasie, et bien d'autres nationalités cohabitent entre elles. Puis il y a eu les Soulèvements et...'fin, ça vous le saurait plus tard
Je caressais du bout des doigts des espèces florales dont je ne connaissais strictement pas le nom. Mais leurs nuances colorées m'émerveillaient au plus haut point, ainsi que leur aura-odeurs permanentes : violettes, rouges, bordeaux, jaunes-soleil, vert clair et foncé, ainsi que des petits brins d'herbes colonisatrices. La coopérative avait acheté deux ou trois terrains pour cultiver du cannabis, réputé très efficace contre les attaques de panique que l'économie salariale impliquait. Ce commerce marchait bien et, à Réminiscence, presque tout le monde pouvait en consommer
Soudain, je fus pris d'un spasme d'euphorie, parce que j'avais réussi à faire abstraction de mon boulot figé, de la politique, des risques, et qu'un rayon solaire caressait mon front durement éprouvé. Je me sentais, pendant l'espace de quelques secondes précieuses, si heureux, épanouis. Ce sont des moments où l'on se fond dans la cohésion du Tout et du Non-Manifeste, pour reprendre Eckart Tolle
L'un de mes idoles, c'est Marc Dugain, parce qu'il mêle avec brio la beauté et l'espoir simple, faussement banal, d'une vie modeste et humble, aux pires vices et machinations politico-économiques de l'individu terriblement moderne. En fait, son écriture m'a amené, à l'instant même, à reconsidérer le rôle de la littérature dans notre ère technologiquement avancée : est-ce que le livre, peu importe la réflexion qu'il suscite, est un art ? Ou bien doit-il être pris comme une simple substance exaltant l'imaginaire de la personne ? Dugain raconte simplement une histoire, il travestit la réalité pour déclencher des hybrides
 

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J'étais assis sur ce banc, pas loin du centre de la coopérative de jardiniers, auto-gérée. Plus loin, un chat se promenait, matou sociable, tandis qu'une démangeaison me harcelait. J'entendais au loin le bruit d'un avion, un de ces avions à impulsion photovoltaïque qui permettent à chacun de communiquer et de voyager d'une partie à l'autre de la ville, concert magistral de technologies et de déshumanisation...ou alors une humanisation à outrance? Peut-être, en tout cas c'était réellement fascinant. Je décidais en outre de ne pas regarder mon smartphone pendant quelques temps, me sentant aliéné par les réseaux. A l'horizon, une sorte de péniche flottait sur le rivage, sans doute un transporteur de matières premières pour les usines, elles aussi auto-gérées. La bestiole émettait une sorte de ronronnement mystérieux qui n'aurait pas déplu à un ingénieur du son chevronné
J'avais pris du café dans mon thermos, pour me stimuler, pour m'exciter sobrement. Ou ressentir une sorte d'exaltation, je ne sais pas. C'est fou que dans une prétendue utopie j'en vienne à me droguer, parce que normalement, je n'aurais pas besoin de me faire illusion avec des produits psychoactifs, même le plus modeste des composés psychotropes. Bref, me voilà, sur ce banc rouillé, en train de m'exprimer sur la vacuité de mon existence, le manque de sens. La pire des maladies, la dépression. Alors qu'on est cadre dans le secteur de la communication publique et qu'on est bien payé, de surcroit. Que pourrait-il m'arriver de pire? C'est vrai quoi, merde putain! Pourquoi dois-je sans cesse souffrir, ressentir l'anomalie, le manque, alors que je pourrais remplacer ces sensations, ces sentiments, ces émotions, par des choses jolies, calmes, apaisées? Eh bah non, le voilà, le souci de la dépression c'est qu'elle est irrationnelle, elle ne s'encombre pas de subtilités logiques. J'en ris
Bon la vérité c'est que je ne sais pas moi-même si je suis vraiment en dépression, j'ai juste besoin de parler, de coucher sur le papier numérique de cet étrange ordinateur courbé mes ressentis. Peut-être que le vide ne doit pas être systématiquement synonyme de résistance de la part du sujet. Peut-être que le vide est la conséquence immuable d'une société libérale pacifiée, que la politique n'a rien à voir avec ça. Le vide serait une chaîne évidente, on doit s'y confronter et ne pas baisser les yeux. On doit l'absorber, mais comment absorber ce qui n'a pas d'yeux et qui est terriblement silencieux?
Le goût amer des grains d'Arabica me soulage quelque peu de ma torpeur, et de la musique noise, bruitiste absolu, me berce et me terrifie à la fois. Quelle idée d'écouter de la noise dans un endroit aussi apaisée et paradisiaque. Peut-être que relever les contradictions de nos vies est une de mes activités favorites. A vrai dire j'ai toujours constaté une cassure entre mon Moi profond (sans reprendre la philosophie freudienne, à laquelle je comprends un mot sur deux) et mon environnement immédiat, et même élargi. Le problème du libertarianisme, c'est que c'est nous, et nous seuls, qui devons trouver un sens aux choses. Sinon, c'est une belle philosophie, le bonheur de l'individu, l'échange volontaire, consenti, l'interaction voulue avec son prochain. Mais est-ce qu'il ne manque pas de l'encadrement? Je sais pas quoi, un fil directeur?
La caféine commence à faire effet, je me sens soudainement joyeux, euphorique même, dans les limites du raisonnable. Les mots et les choses, pour reprendre Perec, Georges Perec (si c'est bien lui...), me paraissent s'animer avec une véhémence toute particulière, et l'inspiration me revient, optimiste, An Optimistic, pour reprendre Radiohead aussi. Altermondialisme. Espoir. Bref, je m'éloigne du sujet. Qu'est ce que je fais au bord du canal Vladimir?
Plusieurs choses : d'abord je cherche de la beauté dans cette végétation luxuriante, abondante, et je cherche de la diversité dans ces maisons tantôt étroites, tantôt larges. L'endroit a du être aménagé peu après le Soulèvement, j'adore l'histoire mais je ne connais pas tout
Bref, je cherche du sens. Le bruit des oiseaux me vient en tête, il me caresse le visage, la tête, les joues, le menton. Les discussions de deux vieilles femmes touchent à plusieurs domaines : viticulture, progressisme, soubresauts économiques, etc. Le soleil de plomb m'assure avec sa splendeur désincarnée, ce qu'une mutuelle ne sait pas encore faire totalement. J'ai en tête d'écrire des poèmes mais je ne sais écrire qu'en prose, et encore, ce sont des fragments, des épitaphes d'un monde lointain, un monde où la pelouse est étrangement lisse
Aujourd'hui j'ai un peu avancé sur quelques dossiers importants, ça devrait suffire à me satisfaire, non?
 

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J'étais sur un de ces vélos tout rouillés qu'on traîne machinalement vers des horizons indépassables. Tout était si puissant, après le canal Vladimir. Je ressentais les secousses insensées de quelque chose d'étonnamment remarquable, comme du roc durement éprouvé avant de le jeter dans un enfer lointain. Le vélo exprimait sa gratitude de vivre ce qu'aucun vélo de ville pouvait supporter, à savoir une large explosion des sens et des luminescences colorées en bleu. Je ressentais les pneus qui glissaient, l'absence d'amortisseurs créer des chocs abruptes. Bref, c'était volcanique, mes jambes brûlaient de mille feu lointains, de branches sacrées et automatiques, si proches et éloignées à la fin. C'était la beauté de toute chose, c'était la beauté des crépuscules intouchables. Ensuite, j'ai miné du charbon dans les falaises des Âmes Tombées, j'ai cherché du fer, et même du diamant, des émeraudes...je me sentais dans une beauté libertarienne du self-made man, ce mythe à la fois réel et factice. Puis, tel un architecte fou, j'ai effectué des travaux sur ma maison, ma petite maison-cocon, faite d'un bois ancestral, provenant d'arbre spirituellement chargés et centenaires. Paix à leurs esprits contemplateur de jours lumineux et de jours sombres. Et puis il y avait...des cultures de carottes, de pommes de terre, et tous ces animaux fous. La folie des grandeurs, grandeurs des folies, joie et tristesse de la liberté. On a peur de la liberté parce qu'elle implique le vide, l'autogestion des envies et des goûts
J'avais un dossier à finir, je me suis posé sur ce lit doux et soyeux et j'ai contemplé le plafond anarchique, dans le soubassement révélait la complexité poétique de la structure. Dans ce dossier il était question d'un immeuble délabré dans une rue de Siladia. Les copropriétaires étaient désagréables à souhait, mais je pouvais bien supporter cette cyclothymie effrontée car le bâtiment en lui-même était le révélateur d'une somptuosité inégalée sur l'île : méditerranéen, dont le soleil de dix mille feux brûlait contre la façade éprouvée, aux rides évoquant celles d'un moine tibétain en paix avec son passé, son présent et son avenir, unis dans des épopées connectées intuitivement en elles. Il y avait dans cet immeuble aux relents artistiques un problème de gaz, lequel avait failli déclencher l'explosion du deuxième étage, mais les techniciens sont intervenu à temps et le drame fut évité de justesse
Je contemplais le soleil, encore une fois, et tout me paraissait aller de soi
Je crois que j'étais dans le rejet total et intégral de l'académisme, je voulais juste, je veux juste, m'exprimer, sortir dix mille flots, de manière répétitive s'il le faut, mais putain qu'est ce que ça fait du bien quoi, sortir la paix juteuse, telle une orange illuminée
Parfois, on ne peut exprimer la beauté des choses que dans sa simplicité innée
Messages fusionnés :

Du vide lointain
Emergeait des soubresauts mécaniques
Du vide lointain
Paraissait les lueurs absolues d'une renaissance féconde.
Comme Ponthus, dont je rend hommage
J'écris à la ligne
J'écris des siècles d'inanité sacrée
Des siècles de destructurations épiques et insensées
J'écris le non-sens, parce que le non sens a sa beauté irrévérente
Et que les siècles m'appellent de leur douce voie terrible.
Je ne sais que dire, qu'écrire, qu'exprimer en douces proses
Alors je fonds en de vastes larmes d'euphorie
De tristesse, de mélancolie vaine
Et j'écris, à la ligne
Mes cordes sensibles, mon minimalisme à outrance
Avec lesquels je fusionne
****
J'aime sentir cette immobilité
Cette cassure sociale qu'est le métier d'hôte d'accueil
Hôte des passions, hôte des ennuis.
Je ressentais comme une absoluité vacante
Tandis que le Vorace se languissait de mes doutes et de mes questionnements existentiels sur la consistance de mon existence moribonde et merveilleuse.
Le bureau, planche de tous les saluts
De tous les bois parfumés
C'est la crème de la crème
Les joies d'une époque révolue
Et en même temps pas si éloignée.
Je défonce les standards de productivité capitaliste
Je ressens comme une cassure dans le fragment spatio-temporel.
 
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De versets lourdement amenés
Il y avait une lueur schizoïde.
Par un passé lointain
Je tentais de trouver les tenants et les aboutissants d'une existence logique.
Sauf qu'il n'y avait pas de logique
****
Il était coincé dans un tube étroit, des sortes de sondes pointues mais sans doute inoffensive s'agitaient autour de son corps éprouvé. Il cherchait à comprendre ce qui l'avait amené à se réveilleur ici. Arthur, il ne se rappelait pas bien, c'était probablement son prénom, mais il n'avait aucune idée de son existence passée. Il essayait d'abord de s'extraire, des siècles de machineries métalliques et en bronze se dégageaient au fur et à mesure qu'il se frayait un chemin dans cette étrange et illogique machinerie. C'était pas infernal mais pas loin. Il était dans une sorte d'armature fragmentée, il essayait de se dégager et constatait qu'au fur et à mesure, il y avait une sorte de falaise au loin, et que la nuit était tombée. Il essaya de continuer à ramper vers ce qui ressemblait à une vaste sortie, ironie du sort. Était-ce un mauvais rêve? Un mauvais tour? Qu'est ce qu'il branlait ici? Autour de lui il y avait des lueurs extrêmement rapides, de mille et une couleurs, lesquelles s'agitaient avec une violence mythique. Il était enfin arrivé au bout
La question était la suivante : qu'est ce que c'était que ça? Des spirales gigantesques s'étendaient à perte de vue. Ca ressemblait à une sorte d'installation hydroélectrique. Il y avait une cornique sous ses pieds, il essaya d'y descendre pour s'accrocher et y avoir un point d'observation plus stable. Ensuite il réussit...
 

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Il était sur cette plage, l'eau se voulait hautement écarlate, la volupté de son volume soudainement relevé ferait frémir n'importe quel homme sensé. Une écriture surréaliste, sans aucun sens, se mettait en ordre de marche, de façon absolument martiale, et pourtant si poétique. Je m'efforçais, je m'efforçais, je me forçais, à écrire une fausse splendeur artificielle. Des oiseaux de métaux et de cuivres se dispersaient tels des créatures-ovnis. J'étais allongé sur le sable chaud, tout, absolument tout, semblait venir d'une naissance chaude et suave, placide, alors que j'ignore même ce que ces mots signifient. C'est dans ces moments là que je ressens une plénitude absolue. Je cherche à atteindre une forme d'illumination, alors que je ne suis pas croyant au sens traditionnel du terme. Alors je me levais, et avec mes yeux d'acier inoxydables, je contempla cette folie visuelle qu'est un soleil, et cette folie infame en moi, cette joie éclatante. Je voulais me fondre dans l'univers, je ne voulais plus aucune logique trop carrée, trop polygonée. Il me fallait expulser ce trop-plein d'énergie en moi, il me fallait créer des sculptures invisibles, translucides, légèrement et finement amenée, lourdement taillée. Me voilà dans cette maison de banlieue, me voilà dans cette chose, ce village de bourgeois, dans ma hotte bétonnée, ma hotte en pierre taillée, comme dans ce vaste biome poétique. Je me sentais à la fois plein et vide, dans une prose, une belle prose au piano et au synthé fourmillant. Je ne supporte pas de ne pouvoir rien dire, j'aimerais le dire en des milliers de qualificatifs, mais la raison m'échappe. Je suis heureux, je suis triste, je suis un fauché de l'existence, je suis dans cette vieille 206, et je trace, je trace comme un aventurier de pacotille.
 

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Cet homme portait un chapeau soyeux. Il contemplait une longue étendue, peut-être infinie. Je ne saurais dire s'il savait que je l'observais de dos. Avait-il les traits émaciés? En tout cas il ne bougeait pas et cela créer une alchimie à la fois reposante mais aussi oppressante
-Eh oh, ça va ?
Pas de réponse, du moins un léger mouvement de tête signifiant une possible approbation ou désapprobation...puis il m'indiqua un point lumineux dans cette "pièce" infinie et sans limites. Je le regarda et fut irradié d'une intense luminosité d'ordre peut-être divin ou que sais-je. Le bonhomme, lui, avait disparu, et l'océan avait laissé la place à une sorte d'étendue désertique avec quelques bâtiments sombres évoquant Mos Eisley dans Star Wars. Mon coeur palpitait très fort, je ressentais une chaleur puissante, une douceur de vivre hallucinante. Je décidais de m'avancer pour explorer le contenu de ces maisons, non sans une certaine expectative
Soudain, une colère m'envahit, violemment. "POURQUOI suis-je un raté?", et dans ces moments là j'essayais de méditer sur mes émotions, de les absorber telles des bateaux volants et éventrés, suffisamment abimés par la vie
Dans une de ces maisons se trouvait un mystérieux parchemin au papier rugueux et largement entamé par le temps. L'écriture était illisible, tout juste parvenais-je à constater la présence des mots "joie", "amour", "dictature", ou encore "introspection". Ca nous avançait un peu mais pas suffisamment pour comprendre qui a vécu ici et pourquoi je me suis retrouvé dans cette autre dimension asymétrique
Dans ce monde bien particulier, la notion d'utilité, de rentabilité, était mis au placard. C'est comme si mon esprit vagabondait vers d'illustres flots insouciants, ne se préoccupant guère d'objectifs et d'états futiles. Ainsi mes pas étaient très légers et mon cerveau tout autant. Pourtant subsistait une sorte de malaise lié à ma condition inhérente d'être humain fragile et imparfait. La "surgestion" de mon esprit dérangé m'incitait sans cesse à me modeler par tous les moyens : que dois-je faire? Comment y parvenir? A quel millimètre près s'y appliquer?