Non-dits épineux.

Astéria

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18 Avr 2022
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Je ne sais pas lorsque tout cela s'arrêtera. J'y arrivais avant, pourtant. Mais plus maintenant. Désormais je ne pense plus à la Lune, je ne l'ai même pas observée plus de cinq secondes hier soir alors qu'elle m'est si précieuse pourtant.

Une nuit à dormir à peine, me réveiller en me rendant compte que j'ai encore oublié d'éteindre mes flammes et de terminer mon thé. Comme hier, comme depuis quelque temps maintenant.

Je me rends compte désormais à quel point les autres sont indifférents à moi, qu'ils me laissent crever toute seule sans un moindre regard. Je comprends désormais qu'une solution n'est qu'une immense désillusion. Il n'y en a pas. Il n'y en a plus. Pour moi en tout cas.

Je vais faire de mon mieux, je te promets que je ferais de mon mieux. Mais tout me semble insuffisant lorsqu'il s'agit de moi. "Pas assez, pas assez, pas assez". Ces mots résonnent en boucle dans ma tête.


J'ai envie d'être toute seule sur une belle plage de nuit, complètement seule avec la musique "The Beach" de The Neigbourhood, de fermer les yeux, d'oublier tout cela et de savourer la tendresse du sable. J'ai simplement besoin d'observer le ciel, les Étoiles, sentir le vent tiède mais pas glacé. Je ne veux plus exister. Je veux m'endormir paisiblement et faire mes adieux définitifs aux souffrances d'antan. Tout doucement, sans contrainte.


J'ai voulu voir la Norvège cet hiver. À Tromsø plus précisément. Peut-être pourrais-je m'endormir sur la neige finalement, complètement gelée, si belle.

À cet instant, j'admirerais les jolies montagnes enneigées. La veille, j'irai voir les orques ou les baleines, et j'aimerais aussi y aller en hiver afin de profiter de cette nuit quasiment éternelle et pourquoi pas, si j'ai un peu de chance peut-être aurais-je l'occasion de croiser une aurore boréale, comme je le souhaitais depuis si longtemps. Terminer sous la neige serait une si jolie fin, la vue sera d'une beauté exquise. Tout ceci sera définitivement terminé et j'aurais enfin le droit à un peu de sérénité. Après tant d'instants sombres, mes yeux se fermeront doucement à l'hymne de cette symphonie, devant ces sublimes montagnes.

Un simple "Au revoir" paisible. Un au revoir que je chérirais du plus profond de mon cœur, jusqu'à ce que celui-ci ne se calme lentement. Jusqu'à ce qu'il accepte enfin que mon entité ne se trouvait pas là, qu'elle n'était que dans l'Ailleurs.
 
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Astéria

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Tout va bien. Tout ira bien. Mes interrogations n'auront jamais d'explications, c'est vrai. Les questions resteront en suspens pour toujours.

Mais la vie est belle, la vie continue, et peut-être que toute notre histoire, en particulier cette fin sans grâce ne méritait pas une telle torture mentale.

Parce que je le sais, je méritais mieux qu'un adieu cruel et sans goût. Je méritais mieux qu'une fuite lâche, sans une seule réponse à me consacrer, malgré le temps passé et l'aigreur délicatement éteinte.

Il est vrai que ces derniers jours, en vue des événements récents, ce triste dégoût s'est réanimé mais... Je sais que je ne le méritais pas. Et ça me fait du bien de savoir que ça ne venait pas de moi, que ses actions envers mon être n'était pas de ma responsabilité et que ce fardeau ne m'appartient pas. Peut-être se rendra-t-il compte un jour du caractère cruel de ses agissements envers moi ? Je n'en sais rien.

Mais tout cela ne peut me hanter. Mes maux de ventres, maux de cœur doivent cesser parce que lui n'a eu aucune hésitation. Je vais mieux maintenant. Car tous les tourments que cet homme a provoqués ne venaient de lui, que de lui, et je suis apaisée d'accueillir cette vérité avec douceur et tendresse.


Je n'avais pas l'intention de parler de tout cela aussi longuement. J'ai crû ne pouvoir en écrire qu'une douloureuse anecdote, témoignant de cette plaie rouverte à vif, mais néanmoins des jolis espoirs qui me réaniment. Pourtant, je me suis éternisée ; Je suppose que j'en avais besoin, qu'il me fallait évacuer le temps d'une nuit et m'abandonner à la vulnérabilité.

Mais tu sais, ce soir, je ne désirais pas immortaliser cet instant par un évènement qui ne mérite pas mon attention ; j'étais plutôt dans l'optique de te raconter ma douce nuit. Je suis dehors, c'est si paisible...

J'avais envie de te parler de ce vent frais contre ma nuque et de ce joli ciel, avec mes belles Étoiles et la Lune, que j'ai eu tant de mal à apprécier la dernière fois. Je sais bien que ce n'est plus exactement la même, je suis arrivée un peu trop tard, mais malgré tout une telle plénitude se dégage de tout cela.

Je suis désolée mais je ne parviendrais à te compter cette tendre nuit ce soir. Je suis trop fatiguée, j'ai déjà beaucoup parlé, mais j'essaierai de repasser pour t'expliquer tout cela dès que je m'en sentirais capable, d'accord ? Peut-être tout à l'heure, ou encore un autre jour. Mais cette douceur me berce, elle me berce si fort que je commence à laisser mes yeux se fermer, doucement.

Je m'en vais, la fatigue m'emporte et je vais me concentrer sur ces belles musiques. Toi aussi passe la plus douce des nuits. Je te présente mes excuses par avance si j'ai mal écrit, j'espère tout de même que la lecture t'a été agréable.

La Lune est magnifique.


Je t'aime.
 
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J'aime ce moment.


Seule, dans la nuit, allongée sur le sol, deux bougies rouges allumées.

Je me sens paisible. Deux couvertures sur moi et mon thé que je bois dans cette fraîche accalmie, sans attentes.

Un instant n'appartenant à aucune temporalité, me permettant quelques heures hors de la vie. C'est magnifique... La paix embrasse tout mon corps, les arbres dansent au rythme du vent. Comme si celui-ci venait m'accompagner pour me bercer lentement dans ce cet unique espace.


Je fixe le ciel, mon si beau ciel et sa nuit argentée. Les nuages recouvrent la quasi-totalité de mon obscurité favorite mais ils me caressent doucement la joue eux aussi, me rappellent que des instants comme celui-ci existent et que j'ai le droit de les admirer seule. Avec la délicate solitude et cette tendre musique qui vient accompagner mon épisode fantomatique.

La déception de ne pas pouvoir observer ma belle Lune et ses jolies Étoiles reste frustrante, mais malgré le ciel grisâtre, je l'aime comme il est et je continuerais à l'admirer durant plusieurs heures encore.


Cette aventure céleste me sera précieuse pour toujours.


Tiens, les nuages se dégagent un peu, j'aperçois une étoile. Désormais ce sera mon Étoile, et je l'accompagnerais tout au long de cette nébuleuse soirée.

Tendre Lune, tendre Étoile. Je prendrais soin de toi jusqu'à ce que tu réalises que ta seule existence est incroyable et que tu n'as pas besoin de moi. En attendant, je vais prendre soin de toi jusqu'à ce que tu me laisses t'enlacer tendrement.

Et je ne te quitterais pas. Je ne t'abandonnerais pas. C'est promis.

Tu es la plus belle des Étoiles au monde.
Tu es la meilleure et la plus importante à mes yeux.
 

Astéria

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Garder suffisamment de distance avec l'extérieur pour me retrouver dans les profondeurs émotionnelles. Ce qui est paradoxale avec moi, c'est que j'ai tendance à les fuir et à les rechercher dans tout ce qui me traverse.


J'aime à croire qu'en allumant mes bougies de nuits, cela m'aidera à m'apaiser d'une certaine manière ; Garder cette seule ambiance tamisée et pas le reste. M'imprégner de la solitude musicale et des alignements planétaires pour guérir d'années périlleuses. De temps à autre, je danse aussi ; lorsque le crépuscule rajoute de belles âmes à ma table, et que les sons ne signifient plus que solitude, qu'ils sont partagés entre tous. Tu sais ? Je les aime ces moments, sincèrement. Ces petits instants qui se déroulent dans un univers parallèle à celui-ci, sans aucune temporalité pour brouiller les esprits. Ces soirées qui me font prendre conscience que ça fait du bien de rire avec autrui et de parler durant des heures sans que cela ne gêne personne.

J'ai rencontré des êtres ayant été capable de panser quelques blessures durant des instants poétiques, si banales vues de l'extérieur et qui ont pourtant anesthésier la souffrance le temps de minutes proches d'infinies.
Dans dix jours, je vous retrouve dans l'espoir d'offrir des sourires sincères. Et c'est agréable de savoir que je pourrais à nouveau parler d'Étoiles et d'Astres sans que cela ne pose problème à qui que ce soit.


Ouvrir la porte de ma galaxie n'a jamais été simple pour moi, mais tout va bien, petit à petit on y arrive. Et je garde en tête que lorsqu'elle ne parviendra pas à s'aimer, à se regarder dans un miroir ; Cette Autre y arrivera, elle me rappelle que je me suis un jour aimée et que cela arrivera à nouveau. On attend quelques heures encore avant que les premiers rayons de soleil ne me transpercent de ses doigts. C'est bientôt, c'est pour bientôt. J'ai confiance en l'étoile brillante qui brûlera malgré ces profondeurs qui rattrapent les euphories aux moments les moins propices.

Mais j'ai toujours l'intime conviction que Jupiter n'est pas loin, que Saturne n'est là que pour mon bien. Et je t'aimerais à nouveau c'est promis, quand la rafale sera terminée la lumière fera dépérir toutes les eaux salies et les gouttes s'évaporeront délicatement de mes cheveux pour y révéler mes boucles en bataille. J'aurais enfin ce courage de te regarder droit dans les yeux pour te dire que je suis fière, que je te quitte mais que tu es toujours là ; Rien d'autre que de la tendresse et de l'amour pour toi. Tu as encaissé tout cela pour que celle d'après n'ait pas à le faire. Qu'importe qu'ils aient remarqué ou non, j'étais là tout du long et je le suis encore.


Tu disparaîtras le temps d'un voyage pour revenir je ne sais quand. Mais tu es à mes côtés et je ne veux plus le nier. Tu existes, tu es là. Bien que j'aie eu beaucoup de mal à t'accepter, avec toutes les chaînes que tu traînes, nous nous entraidons depuis plusieurs décennies pour toutes les libérer.
Un jour ce sera à ton tour de briller, un jour on sera toutes les deux pour de bon sans que l'une n'ait besoin d'être différente de l'autre. Je suis ta meilleure alliée, c'est moi qui te dis de ne pas te déserter tes îles lorsqu'elles te semblent trop endommagées. Je vais les réparer avec toi, parce que j'ai appris au travers de tes cassures que celles-ci ne nous définissaient pas et que nous pouvions y rajouter de belles fleurs et des nuits dorées. Je sais, je sais que l'attente est difficile.

Mais promis, je serais là. Promis, toi aussi tu les sentiras, mes nuits de météores argentés. Et promis, tu les contempleras aussi fort que moi.


On redeviendra tout aussi brillantes.



Le jour s'éteint, bientôt le soir.
Belle nuit à toi ?
 
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Astéria

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C'est beau la nuit, avec ses étoiles argentées. Je le dis peut-être trop souvent mais c'est le moment qui me fait me sentir la plus vivante.

Les pieds nus dans l'herbe, à danser autour des bougies ; je suis sereine, je suis heureuse. Avoir la chance de contempler ce bel univers me donne envie d'en connaître son infinité. D'une façon unique, je ne vis que pour ces instants poétiques.

Le temps n'existe plus, désormais il n'y a plus que lui et moi ; face à face, nous nous regardons dans les yeux et la valse reprend de plus belle. La nuit s'éteint, tout doucement elle laisse place au jour bien que je la souhaiterais éternelle.

Il y a des moments où je réalise la chance que j'ai d'avoir trouvé ce monde à part. Le mien. C'est une sorte de voyage émotionnel et sensoriel qui n'appartient qu'à moi. Peut-être te laisserais-je un jour rentrer dans cette bulle ? Peut-être que, toi aussi, tu finiras par comprendre pourquoi j'aime tant cette solitude musicale.


C'est beau tout de même de se dire que nous avons le droit de sortir lorsque tout est sombre et d'apprécier l'herbe fraîche sous nos pieds, le vent qui vient caresser nos cheveux, et le ciel qui atteste de ses nébuleuses teintes. J'aime la nuit. Je l'aime. Elle est belle. Elle est douce, elle est complexe et n'existe que dans l'Ailleurs.

Je veux sortir au bord des lacs et des rivières, me perdre dans ces reflets énigmatiques avec l'atmosphère crépusculaire. Je veux retourner sur les bords du quai avec toi, silencieuse. Juste pour apprécier l'instant présent sans aucun écho parasite.

Ça y est, le Ciel se met à rougir. D'abord de ses teintes rosées, et ensuite orangées pour faire place à l'étoile enflammée ; celle qui remplacera la chaleur de mes bougies. Il fait bientôt jour, mais je viendrais te rendre à nouveau visite demain. Comme toutes mes autres nuitées célestes. En attendant je t'embrasse, je n'oublie pas comme la nature est belle ni la connexion que nous avons toute les deux. Il ne reste plus qu'une seule de tes étoiles dans cette immensité alors j'en fais mon deuil, jusqu'à ce qu'elles reviennent toutes.

Je t'aime et n'oublie pas que tu es l'une des choses les plus authentiques de cet Univers.
 
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Astéria

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J'ai trouvé une lettre d'amour déchirée en marchant. Dans ce petit espace d'intimité, que je n'avais probablement pas le droit de pénétrer, j'ai trouvé ça triste et beau à la fois. Il ne restait qu'une partie de cette histoire mais je me fais toutes sortes de scénarios, j'essaie de m'imaginer comment leurs instants de vie, leurs sentiments ne sont devenus plus qu'une archive saccagée sur le sol d'une grande ville à ciel ouvert. Il n'y avait de cet émouvant spectacle qu'une souffrance apparente. Alors je me demande, que s'est-il passé entre nos deux protagonistes ? Il l'a trompé, les disputes ont eu raison de leur relation ? Ça semblait profond pourtant, de ce que j'en ai lu. J'imagine Romane, pleurante ou folle de rage, déchirant sa lettre. J'imagine la souffrance qui doit lui transpercer tout le corps à l'heure actuelle et le deuil qu'elle doit subir. Peut-être qu'elle n'est pas parvenue à dormir de la nuit, la souffrance encore trop vive de l'intérieur ? Et mes pensées se tournent aussi vers ce second personnage au nom inconnu, reconnaissant sa lettre sur le sol, le cœur brisé. "Je t'offre cette lettre comme ce vendredi 11 et comme cadeau. Conserve cette lettre. Le jour où nos âmes se sont rencontrées, je suis devenu ton ami, ton copain".

C'est étrange comme des personnes que nous avions tant aimées deviennent de sombres inconnus une fois que c'est terminé. La vie nous amène à rencontrer des êtres pour les quitter ensuite... Ça n'a aucun sens, comme si tout cela n'avait pas compté. Les relations sont des morceaux d'univers en dehors de celui-ci. Elles sont tendres, belles, déchirantes et destructrices parfois. Mais lorsqu'on a laissé une âme se délecter de notre intimité, peut-on oublier l'impact qu'elle a eu sur nous ? Peut-on oublier définitivement ce qu'étaient les cœurs battants et les caresses ? Les douces nuits où l'on observait son Autre, celles où nous étions tellement heureux qu'iel fasse partie de notre vie que l'on en oubliait tout le reste. Le regard fixé droit dans les yeux, ceux qui nous fascinaient tant, et sur ses lèvres que l'on s'empêchait d'embrasser. Le désir s'installant au travers de nous, comme deux aimants qui ne se séparent plus. Et ces douces matinées à le regarder dormir avant que le soleil ne soit encore haut. Même si les souvenirs ne sont "que" des souvenirs, je ne comprends pas comment l'on peut simplement les jeter à la poubelle. C'est incompréhensible.

Peut-être est-ce mon côté nostalgique qui s'exprime, j'ai toujours été ainsi. À me souvenir du passé, et lorsque les souvenirs s'effacent, je me tue à la tâche pour leur courir après. Tout cela... C'est précieux pour moi. C'est précieux les vestiges d'époques que l'on a savouré, non ? Je me demande parfois si je suis la seule à refuser d'oublier lorsque tout le monde autour de moi semble souffrir d'amnésie. Les sentiments font que parfois, il est trop dur de respecter ce que nous pensions à un moment donné être les plus beaux instants de toute notre vie. Et ensuite, il en reste des lettres déchirées sur le sol, témoignant de la tendresse que l'on refuse de se remémorer. Les relations humaines sont étranges. Mais je sais que la douleur et la rancœur font peur. Moi aussi j'ai peur. Malgré tout, j'ai gardé chacune de mes lettres précieusement. Elles représentent pour moi ces trésors oubliés. Je comprends que celles-ci ne doivent pas impacter notre vie actuelle, mais elles sont gravées sur le papier. En faisant cela, on a accepté de rendre ces mots (maux ?) indélébiles. L'écriture est-elle sous-estimée ? Parce que je n'imagine pas comment on peut ne pas être subjugué par de beaux textes. Ces fragments éternels qui nous rappellent toujours qu'à un moment donné, tout ceci était réel.

Tout ceci était réel. Les adieux ont été douloureux, mais ces petits moments d'éternité seront toujours dans un coin à part, que l'on le veuille ou non. Les sentiments sont les plus belles choses qui s'ajoutent à notre vie. Et chaque personne est unique, on ne retrouvera jamais en autrui ce que l'on retrouvait dans quelqu'un d'autre. Nos émotions restent ancrées quelque part, dans un voyage au travers des époques. C'est ça qui est magnifique, je trouve.

Fragments d'un passé révolu qui n'existe plus que dans les lettres.
 
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Astéria

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Lointaine guerre.


Ce nouveau rythme de vie est épuisant. Parfois, j'ai simplement envie de me reposer, de dormir, dormir... Sans jamais trouver le sommeil. Oui, la situation actuelle est compliquée mais rien de surprenant à cela. En revanche, je pense avoir sous-estimé l'énergie que cela me prendrait.

Mais c'est pour le mieux. N'est-ce pas... ?

Nouvelle ville. Nouvelle vie.

Je suis heureuse. Et en même temps pas du tout. C'est contradictoire mais, je ne sais pas... Parfois lorsque je me balade dans la ville, je ressens un sentiment de beauté tellement immense et vraiment, j'en suis abasourdie. C'est magnifique, je n'ai pas les mots. Je sens les larmes monter ; celles qui traduisent la joie et l'émerveillement. J'ai l'impression de redevenir une enfant qui découvre ses premiers paysages printaniers.

Il me semble n'avoir jamais ressenti cela. C'est amusant quand j'y pense, on parlait justement de ces palettes d'émotions infinies avec cette nouvelle personne. Maladroitement sur la même longueur d'onde, je pense que cela fait partie de nos points communs. On ne se connaît pas encore, bientôt ou peut-être jamais. Un nouvel ami éventuellement, ou un arrivant de passage.

Et pour la première fois, j'ai l'impression que je suis (quasiment) en mesure de laisser tout le passé derrière moi. On ne dirait plus ce que j'étais, et je ne sais pas si cela me fait du bien ou du mal. Les deux. Parce que la vie est remplie de nuances et c'est une erreur de le nier. Les contradictions ne sont pas des signes funestes, ce n'est pas important que tout demeure "parfait"... Il y a une poésie si belle dans toutes ces nuances. Jamais je ne l'oublirais, jamais je n'oublirais ce qu'elle a été et pourtant je sais que je me trouve là où je dois être aujourd'hui. Et j'espère que même si elle n'aurait pas compris chacun de mes choix, qu'elle aurait été en désaccord sur certains sujets, elle aurait été fière de moi.

Je sais pertinemment que d'ici deux jours (heures ?), je ne serais plus en total accord avec mes écrits ; Parce que je vais penser à d'autres choses, qui me sauteront aux yeux. Je serais frustrée parce que j'aurais voulu tout raconter de la façon la plus correcte possible et que ça ne sera pas totalement "exact". Mais sincèrement ? Je m'en fiche. Parce que là tout de suite c'est ce qui me parle, et c'est ce que je pense. Et je le ressens. Et c'est vrai que j'ai toujours été extrêmement sensible sur de nombreux plans. Mais je trouve ça beau. Et là où avant, il y avait des moments où je rêvais de pouvoir étouffer cette sensibilité pour qu'elle me fiche la paix, et me sentir "normale", maintenant je l'aime et elle restera avec moi comme une très belle alliée. Dans le meilleur comme dans le pire.


Quel beau paradoxe qu'est la vie, quand j'y pense.
 
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Astéria

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Il y a des teintes d'impossibles qui encrassent mon esprit ; comme si tout était brumeux, qu'un réveil m'attendait à la fin de ce coma. Comme si tout n'était pas réellement parti en morceaux. Je n'ai pas pu anticiper la lave car elle était trop violente ; A vrai dire, je n'ai su que me noyer dedans. Tout comme toi, tout comme nous, ce n'était plus possible.

De multiples voix résonnent dans ma tête et c'est le désordre, avec toi rien n'est dans le bon ordre, sans toi rien ne trouve sa place. Je me souviens de beaucoup de choses et tu ne te souvenais jamais de rien, je me souviens de tes yeux aux multiples couleurs, des yeux remplis de feu. C'était presque réchauffant de te regarder, dans tous les sens du terme. Tu m'as laissée des marques de brûlures partout sur le corps et ailleurs, je n'ai jamais su les guérir. Je t'ai aimé et désiré plus que tout, j'ai détesté ton chaos pour replonger dedans à chaque fois. Tes couleurs à toi étaient rouges, sombres et éclatantes, attirantes.

J'ai de nombreuses fois pensé que c'était la dernière lorsque ça reprenait de plus belle, tu prenais ma main. Je ne savais refuser aucune de tes danses alors nous recommencions, pensant naïvement que des pas différents la rendrait plus harmonieuse.

Mais nous ne savions jamais lequel venait après l'autre, nous ne nous mettions pas d'accord sur le rythme à mener et nous nous faisions mal à force. On s'accrochait désespérément l'un à l'autre, refusant d'y mettre un terme parce qu'il était plus réconfortant de trouver de nouvelles façons de faire que d'abandonner.

Et lorsque tu quittais la danse et que je ne revenais pas, tu t'empressais de revenir. Quand tu t'éloignais un peu trop, j'avais l'impression que la mort me guettait. Tu vois, tout n'était pas beau, mes larmes étaient tranchantes.

J'ignore si tu m'en veux d'être restée aussi calme, de ne rien laisser transparaître mais c'est pour éviter que tu ne te rendes compte que c'est un véritable crash que je subis, j'implose intérieurement, je m'écroule seule. Et je me sens tomber, d'une façon violente et profonde.

Je crois avoir agi de la façon qu'il fallait, mais c'est mon silence qui t'est insupportable,
tout comme moi avant toi. Pourtant, sais-tu mon amour, que je suis à peu d'accourir vers tes bras ? Que je ne pourrais pas tenir face à une énième déclaration, que je décrocherais le téléphone s'il venait à sonner ?

C'est interdit, je ne cesse de le répéter en boucle dans ma tête mais je te veux quand même. C'est interdit, on va encore s'enflammer mais je le ferai encore, et encore, et encore. Et je n'apprendrais jamais parce que tout ce que je veux, c'est toi, mais pas comme ça. J'ai l'impression qu'il ne réside qu'un vide dans mon coeur, que tu as laissé sanglant. Et malgré le fait que tu n'aurais jamais désinfecté la plaie, que tu n'aurais mis aucun bandage, je me serais tout de même précipité vers toi, on se serait embrassé pendant des heures, embrasés pour oublier toutes nos dernières fois.

Peut-être qu'il serait temps de mettre fin à cette guerre amoureuse, de s'éloigner des flammes avant qu'elles nous réduisent en cendres. Un jour ton prénom ne sera plus au bout de mes lèvres et le mien ne fera plus de doux mouvements dans ton esprit, mais je ne suis pas encore prête.

J'ai encore besoin de ta voix, même si elle n'était pas toujours douce je ne voulais qu'elle. Et si tu es prêt pour une énième danse, je m'y mêlerais à nouveau, jusqu'à ce que nous trouvions celle qui nous correspond. Et je sais que tout le monde désapprouvera, mais la valse est si douce à tes côtés. Et ma tête contre ton épaule, et tes mains agrippants ma taille... Et toi, et ton souffle, et ta peau. Et le rouge, le bordeaux.



Et toi.

Et toi.
 
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Ce soir, les étoiles se sont éteintes. S'il y en a ne serait-ce qu'une seule d'entre elles qui brille encore que l'on me le dise, car je ne vois plus qu'un ciel sombre et solitaire.

Il n'y avait aucune issue, c'était certain. Pourtant je suis fatiguée de m'accrocher au vide et d'attendre passivement. Non, tu sais je ne veux plus. Et contrairement à ce que tu penses cela ne veut pas dire que je souhaite trouver un énième rempart ; Non, ce soir, je veux simplement tout lâcher. Et me laisser porter par les vents jusqu'à ce que la chute m'amène vers les hautes herbes.

Je vais te décevoir mais j'ai cessé d'y croire. C'est fini je ne veux plus et de toute façon c'est quelque chose dont je ne suis plus capable. Ah, quel glacier je suis devenue. La fille des Étoiles n'en voit plus unes.

Il y a une comète qui traverse notre belle galaxie en ce moment même, et pourtant je ne sais l'admirer. Tu veux que je te dise ce dont j'ai envie ? Me faire du mal. Me défouler violemment sur moi, pour laisser ressortir les peines de l'âme. Des années de thérapie, et ma seule pensée ? Me décharger sur mon propre corps. Ah dit donc, la Lune est bien indécise !

J'ai pensé à des moyens novateurs de procéder, des méthodes encore inexplorées. Ça ne rime à rien ma belle, il faut que tu te calmes maintenant. On guérit même si ça prend du temps. Mais l'ai-je mérité ? Encore et toujours cette même question en boucle. J'ai mérité ça ? Vraiment ?

Et ce silence cosmique me rappelant que, tendre Étoile, on se fout complètement de tes chagrins et de ce que tu fais pour les autres. On s'en fout parce que tu n'es qu'un astre de passage, c'est bien sympa de t'avoir dans notre vie durant 10 secondes de bonheur mais tu dégageras tout aussi rapidement. Et n'oublie jamais, ne serait-ce qu'une seule seconde, que tu n'es pas suffisante ; je me ferais un malin plaisir de te le rappeler. Les lacs dans lesquels tu te baigneras, les champs qui décoreront ton chemin, n'oublie pas que tu ne seras jamais assez pour eux. Les paysages sont éphémères c'est bien ça ? D'accord. Jamais assez, jamais assez, jamais assez. Ma belle étoile, n'oublie surtout pas que tu n'es méritante d'aucun amour ni respect.

Mais tu veux que je te dise ce que j'en pense, sincèrement ? Je m'en contrefiche. Je n'ai besoin que de mon propre amour et respect. Le reste, ce n'est que du bonus. Mais désormais ? Ça m'est complètement égal. Ce sont les autres qui ne sont que de passage dans ma vie. Les autres que je laisse volontiers sur le bord de la route. Les autres que je n'observerais que des microsecondes, avant que je ne m'en désintéresse. Les autres qui ne méritent pas mon attention. Et moi qui poursuit ma route, tranquillement, sans turbulence externe. C'est fini, je ne veux plus.

Ce soir, tout m'indiffère, et je dois bien avouer que c'est un pouvoir très satisfaisant.
 
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Astéria

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J'avais le sentiment que ça ne m'affectait pas vraiment, sentiments incompréhensibles. Je sais maintenant que je me suis coupée de ces émotions parce qu'elles étaient trop violentes, au point d'en devenir invivable. J'ignore maintenant ce que je ressens par rapport à tout ça, simplement que cela arrive tout doucement, comme une spirale qui m'aspire avec elle. Celle de la réalisation, auquelle je voulais échapper.

Après le choc vient le déni, et après le déni on en vient à voir les choses en face. C'était important et j'ai tout refoulé. Et maintenant je me sens bête, j'ai mal au ventre. Et même pas en colère, non... Je ne sais pas pourquoi. Aucune révolte. Aucune haine. Juste de la tristesse. Je ne voulais pas ça. Personne ne le souhaite.

J'essaie au mieux de me convaincre que je ne suis pas fautive de ce qui est arrivé, mais la culpabilité et la honte ne partent pas. C'est pour ça que je n'en parle pas. J'arrive pas à le détester, il n'y a que moi.

Il n'y a que des "pourquoi" silencieux. Des "comment" sans logique.

Un pourquoi qui n'aurait pas dû exister.


Je n'ai pas compris et je ne comprends toujours pas. Je ne comprendrais jamais.

Parce qu'il n'existe aucune explication envisageable.



Je ne te déteste pas. Ça me tue et c'est incompréhensible. Je devrais mais je ne peux pas.
Pourquoi tu m'as fait ça.

J'aimerais des réponses mais il n'y en a pas.
 
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Bloodsucker.

J'aurais vraiment voulu que ça fonctionne entre nous, tu sais. Malgré les crises et la relation tumultueuse dont nous avons fait face, l'amour que je ressentais pour toi restait tout aussi pur. Ne prends pas ce message comme une envie de revenir à cette époque, il n'en est rien. Je m'interroge sur un début idyllique et une fin, un milieu douloureux et la conclusion finale de cette aventure. Mes sentiments pour toi sont restés tout du long. Et je m'en suis tenue comme responsable parce que ça n'était qu'une contradiction supplémentaire. Je ne vais pas te décrire comme un monstre. Ni même une personne que je hais. Je ne ressens rien de tout ça.

Nous savons tous les deux ce qu'il s'est passé mais il reste une zone de flou : avais-tu conscience de ce que tu faisais ? Te souciais-tu des conséquences ? Ou bien tu n'as pas réellement compris la gravité de tes actions ? Tu sais j'y pense souvent. Je ne suis pas détruite et je ne pense pas que c'était ton but. Mais sache que je ne suis pas détruite.

À vrai dire je t'aime toujours. Plus comme avant, plus de la même façon mais l'amour est là. Et c'est incompréhensible pour moi, car on nous répète de toute part que l'on doit haïr les personnes qui ont eu de tels comportements à notre égard, mais je ne ressens pas une quelconque haine. Je souffre parfois de tes actions, je me demande comment tu en es arrivé là et pourquoi tu as décidé que j'avais mérité cette haine qui ne sortait de nulle part. Tes mots étaient durs, tes actes d'autant plus. Ces actions qui ne devraient pas exister. Pour moi. Pour personne. Mais je ne peux pas te détester. Je ne peux juste pas.

Peut-être, oui, j'aimerais savoir si tu as eu conscience de ce que tu as fait... Au moment où c'est arrivé, ou même après. J'ai mis longtemps avant de comprendre, je suis encore en plein processus de guérison. Mais je n'ai jamais su si c'était volontaire ou non. Moi, je n'ai pas su quoi faire et je n'ai pas compris. Et aujourd'hui, j'ai pleuré. J'ai pleuré en lisant des témoignages, qui raisonnaient trop en moi.


Parfois je m'en veux. À d'autres moments la lucidité prédomine. Je ne t'en veux pas. Chose que je ne comprends pas, et qui accroître ma culpabilité. Je te souhaite le meilleur. J'ai toujours envie que ce soit comme avant. J'aurais juste désiré que tu me traites différemment.
 
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Astéria

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J'ai regardé la date, je me suis dit qu'il y avait quelque chose aujourd'hui, sans savoir quoi. Puis ça m'est revenu. Le 23 septembre, c'était toi.

Aujourd'hui ça fait 3 ans et je pleure, 3 ans que tu n'es plus là. Pendant un temps, j'y pensais tous les jours. Maintenant ça s'est atténué, mais j'ai encore pleuré... C'était toi, tu étais la fille que j'ai enviée une fois dans l'amphi de la fac de science, parce que tu étais avec tes amis et que tu avais l'air heureuse lorsque je ne l'étais pas. J'ai eu envie d'être à ta place. Je m'en suis beaucoup voulu par la suite, mais je ne pouvais pas savoir. Personne ne savait que 9 mois plus tard, tu ne viendrais plus jamais. Ni pour rire, ni pour apprendre, ou quoique ce soit d'autre. Ni ici ni ailleurs. Je ne te connaissais que de loin mais ce souvenir est très vif. Moi derrière toi, toi en train de rire.

Je suis toujours aussi peu légitime mais je pense à toi. Et je me dis que si j'y pense alors d'autres y pensent aussi. Tu existes toujours, par ta mémoire et toutes les traces que tu as laissées. Crois-moi, si j'avais su ce qui se passait, je serais venue te parler. On ne peut pas sauver les autres mais on peut les aider. Je ne saurais pas quoi te dire d'autre, mis-à-part que le 23 septembre est ta journée. On ne t'a pas oublié même s'il aurait fallu que ce jour ne devienne pas aussi terne.

J'ai les flashs en tête, et parfois la gare semble crier ton nom. J'ai vu la scène en boucle, je l'ai réinventée pour la modifier encore et encore. Mais aucun détails ne t'ont jamais ramenée et tu ne reviendras plus. La crise de larmes s'est calmée.

Tu sais, quand j'ai appris la nouvelle j'ai tout de suite eu un frisson glacial. Je ne savais pas encore qui tu étais mais j'ai eu un mauvais pressentiment. Lorsque j'ai su que c'était toi, le temps s'est arrêté. Pendant une semaine je regardais mon plafond en boucle, comme un zombie, sans accepter le réel. À 19h il était déjà 2h et j'attendais que cet état second se dissipe. Qu'une solution se présente à la porte comme si tu n'avais traversé aucun hall.

Le lendemain tout semblait incompréhensible, rien n'était logique ; il fallait comprendre pourquoi tout le monde vivait normalement, pourquoi ils avaient l'air normaux alors que les pièces s'emmêlaient entre elles. C'est vrai, c'était bizarre de voir les étudiants retrouver leurs amis et rires lorsque l'une d'entre elles était absente. Et toujours les mêmes têtes dans les transports en commun, celles de l'indifférence. Et peut-être que d'autres personnes ont ressenti ces choses-là sans oser l'exprimer, par pudeur ou par solitude. Peut-être que tous ces étudiants le ressentaient aussi.

J'espère que tu es en paix, que tu sais que tes amis t'aimaient. J'espère que tu sais ce qu'ils ont fait pour toi, et que tu ne t'en veux pas. Tu resteras toujours ce souvenir, d'une âme qui a traversé les mêmes couloirs que moi.
 

Astéria

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Tu as fait un tour dans mon esprit aujourd'hui. Ça faisait longtemps que je n'avais pas pensé à toi, c'est marrant ces souvenirs qui ne partent jamais. Cristallisés dans les époques qui ne nous représentent plus. J'ai pensé à toi, au chemin jusqu'à ton appart, je suis venue quelquefois lorsque tes parents n'étaient pas là. Je ne me souviens plus de ton nom de famille. Difficilement de ta voix. Mais j'ai encore en mémoire ta date d'anniversaire, je ne les oublie jamais. Cette vie qui est constituée des brides du passé, d'un avenir à construire, parfois je trouve que tout est trop rapide mais ni les sourires, ni les pleurs ne s'oublient.

Lorsque j'ai appris ce qu'il t'arrivait je n'ai pas su quoi faire. Mais j'espère que la vie est douce à présent, que tu as trouvé ta paix intérieure et que tu es loin de ceux qui n'ont pas pris soin de toi. J'espère que tu t'épanouis et que tu fais ce qui te plaît, juste à toi et pas à eux. Les souffrances que tu cachais avec tant de justesse. Comment se douter. Avec du recul, je me demande pourquoi tu m'en as parlé. Tu l'annonçais presque sur le ton de l'humour, mais j'avais conscience que c'était une façade et je pense que toi aussi. Mon ton et mon regard ont changé, parce que je n'avais pas envie de rire. Et je voulais te faire comprendre que ta situation méritait de la considération. Mais on en a plus jamais reparlé. Est-ce que tu t'attendais à une réaction différente ? Peut-être que j'aurais dû. Et peut-être que c'était ta façon d'appeler à l'aide, avec la voix cassée, presque muette. J'avais peur d'être trop intrusive, de te mettre mal à l'aise et que tu regrettes. La carapace que tu portais sur les épaules devait peser si fort. Mais tu sais, j'aurais été là. Ça n'aurait jamais été suffisant mais je ne t'aurais pas laissé.

La dernière fois que l'on s'est vu, il me semble qu'on avait 16 ou 17 ans et tu devais prendre le train pour voir ton père. Je ne sais plus pourquoi, tu n'avais pas l'argent alors je t'ai proposé de te le payer et tu as refusé. J'espérais que tu y trouves ton échappatoire. Je n'ai pas oublié le temps que l'on a passé ensemble, on s'est perdu de vue mais j'avais une réelle affection pour toi. Nous n'avons plus 15 ans, on ne rentrera plus jamais ensemble, on ne se mettra plus à côté en cours mais tu existeras toujours. Je n'ai aucun doute sur le fait que tu serais surpris que je me souvienne de ces jours mais sache simplement que je n'oublie personne.

Si j'étais devant toi, à quelques mètres, et qu'on échangeait quelques mots ; que penserais-tu de nous ? J'aurais tant d'histoires à te raconter, mais je les tairai toutes. Et je suppose que c'est pareil de ton côté. Nous ne sommes plus les mêmes personnes ; c'est mieux ainsi. De mon côté, mon départ m'a permis de guérir à un rythme plein de tendresse. J'espère que toi aussi tu as su trouver ton ailleurs, et j'aime croire que tu t'en es sorti. Alors maintenant pense à toi et au bonheur que tu mérites. Les plaies se referment. Les vents s'apaisent.
 
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Astéria

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Je ne sais pas quoi te répondre, je ne sais pas pourquoi tu reviens. C'est devenu lassant à la longue, les flammes se sont éteintes il y a longtemps, tu le sais. J'ai essayé, j'ai été patiente. Plus qu'il n'en fallait. J'attendais quelque chose qui se trouvait hors de ma portée, je te suppliais à demi-mot d'agir et tu nous enfonçais. Jour après jour. Le sourire aux lèvres. Qu'est-ce que je dois retirer de ça ?

J'ai espéré que tu sois désolé. Ne serait-ce qu'un peu. Même si je savais que tu ne l'étais pas, j'avais besoin de m'accrocher à l'idée qu'il existerait, un jour, une justice. Et même si tu l'as été à un moment donné, tu ne t'es jamais excusé de rien alors ça ne compte pas. Tu n'étais jamais désolé. Tu n'étais jamais assez désolé. Non, on ne peut pas s'en tirer indéfiniment. Je vois tout ça avec un œil éloigné maintenant, narratrice à la 3ème personne. Le temps apaise les blessures c'est vrai, mais certaines ont des conséquences. Comment peut-on aimer quelqu'un tout en l'entraînant vers sa chute. Qu'est-ce que tu ressentais pour moi ? Ce n'était pas de l'amour. On ne blesse pas par amour. Je peux vivre avec le deuil, mais je ne pourrais jamais comprendre tes actions. Parce que de quel droit traiter ainsi une personne que tu aimes ? Non, vraiment ça me dépasse.

C'est allé trop loin. J'ai atteint mon point de rupture, en février de l'année dernière. C'était trop, "c'était juste trop". Lorsque je devais en faire toujours plus, et toi toujours moins, et moins, et moins. Par moment, j'avais l'impression que tu me détestais. Je n'ai jamais compris, et je ne cherche plus à comprendre. Je ne sais pas si je peux dire que je suis en paix avec ça, parce que j'en garde énormément de séquelles et je sens que je suis changée à jamais. Mais j'ai accepté de laisser cette histoire dans un coin à part. Sans ressentir une brûlure vive. Les changements ne sont qu'avec moi, tous les jours. Je suis devenue plus sèche, plus tranchante, un peu moins sensible. Je pars au moindre doute, c'est plus fort que moi, c'est vital. Peut-être que j'accorde le bénéfice du doute mais je n'essaie plus de comprendre. Pas parce que je ne les apprécie pas, ou que je ne les aime pas, mais parce que je ne supporte pas l'idée qu'on me brûle à nouveau. Je pense que je suis devenue un peu injuste, mais pour le moment je n'arrive pas à faire différemment. Et je n'étais pas comme ça avant. Avoir perdu la petite moi, c'est ce que je regrette le plus. Elle me manque et je dois accepter qu'elle ne reviendra pas.

Je ne veux plus jamais revivre ce désespoir profond, d'attendre, d'espérer que tu deviennes meilleur tout en sachant que ça n'arrivera pas. Rester, mais pourquoi rester ? Je ne sais pas, on se dirige vers notre tombe, et je nage dans le vide mais je n'arrête pas. Je nous porte seule, tous les deux. Seule au milieu de la mer, seule derrière toi, à deux mais toute seule. Seule dans ma propre relation. Seule partout. Attendre des mots qui n'arriveront jamais, s'accrocher aux promesses dissoutes par la neige. J'ai dû te laisser au milieu du néant, dans un décor macabre pour que ton visage s'efface. Tout cela, j'y ai survécu, seule.

Parfois je ressentais de l'effroi face à tes paroles, je me demandais comment on pouvait être aussi méchant envers quelqu'un que l'on aime. Tu es l'une des personnes qui m'ait fait le plus de mal, si ce n'est celle qui m'a fait le plus de mal. Malgré tout, je t'ai défendu auprès de tout le monde. J'ai caché presque tout ce qui se passait à mon entourage parce que je ne voulais pas qu'ils aient une mauvaise opinion de toi. Même après la rupture, je n'ai révélé qu'une infime partie des événements à ma sœur et c'était déjà trop.

Et je repense à tes amis, amies sûrement d'ailleurs, qui prenaient parti pour toi quand tu leur racontais nos "disputes" de couple : ça me fait doucement rigoler. On se demande comment tu racontais la chose. En effet, si on omet certains détails, l'histoire est bien différente. Et chacun(e) rajoute sa petite pique, donne sa petite opinion, mais auprès de combien d'entre elles as-tu été transparent ? C'est facile, non ? De me descendre quand je ne peux pas me défendre. C'est tellement facile, tous tes "tu le mérites", "tu n'es pas assez bien" lorsque tu ne fichais rien du tout. Ça me fait rire, mais non du coup, je ne le méritais pas. Je n'ai aucun doute à ce sujet. Et on sait, on sait qu'il y a eu pire que ça. Tu peux raconter tous les craques que tu veux, mais la vérité on la connaît tous les deux, et on n'échappe pas à ses souvenirs. Donc je t'avoue que l'opinion qu'elles peuvent avoir à mon égard m'est bien égale.

Tu ne peux pas recommencer la même chose, et revenir, encore et encore. À force on en devient las... Des chances, je t'en ai donné des centaines, des milliers. J'avais même pas espoir en fait, j'étais juste désespérée. S'il y a bien une personne qui s'est battue, c'est moi. Et pourquoi rappelle-moi ? Pour que tu me craches ton mépris à la figure ? Pour vivre dans une instabilité quotidienne ? Ou pour me faire rejeter sans scrupules ? Pas de respect venant de ta part, pas de considération, que du vide. J'ai été plus brave que tu ne l'as jamais été, et sincère, et digne, qu'importe ce que tu en penses.

Je n'essaie plus de comprendre, je n'ai plus envie que tu comprennes non plus, j'ai juste abandonné. Il n'y a plus jamais eu de suite à partir du moment où je t'ai laissé seul sur ton île. En exil, loin de moi. Et si tu penses encore que je méritais tout cela alors vas-y, ce n'est pas à moi de vivre avec ça.

Tu ne pensais pas que je finirais par partir ? Mais tu aurais dû.



"Arrête, tu me perds."
 
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