Ne plus..

[Ère]

Pleurer. Sans plus vraiment savoir pourquoi.

Les larmes appellent les larmes.

Je me juge fort dans ces moments.

Comment un truc stupide peut me mettre dans un tel état.
Comment.

Pleurer parce que c'est stupide. Pleurer parce que cette stupidé me fait quand même quelque chose.

Pleurer de nerf. De tristesse. D'énervement.

Chui con. Je suis juste con.

Envie d'un câlin de l'intérieur. Juste ça.

Et de noir. Qui protège. Où le monde n'existe plus.




Faut que je sorte. Jsuis bête, j'aurais dû faire ça hier.

Dehors ya des gens.

Ya des gens.

Ya des gens partout.


Me sens conne et égoïste.
Genre je suis qui. Je suis qui putain pour exiger que les gens n'existent plus, juste parce que ça me faciliterai la vie.
Je suis qui putain.



Faut que je sorte. Et j'ai les yeux et le visage rouge.
Et dehors c'est pas noir.


Hier j'essayais de consoler une gosse de 9 ans. Aujourd'hui c'est moi la gosse de 9 ans. Aujourd'hui et tous les autres jours.

 

[Ère]

"Optimise ta solitude."

Ou taie la. Enfouie la.

J'aime pas ça. Me rappeler les pièces vides. Et ce que ça fait. Dans le ventre.

J'aime pas ça. Me rappeler. Que je me suis deshabituée.

Me rappeler. La dépendance.

A qui tu parles. Seule dans le noir. Aux murs. Aux meubles. Aux objets. A l'air.
A qui tu parles. Au fantôme de la solitude.

Être seule. Impossible. Inconcevable.
Parler au vide. Inconcevable.

Mais le ventre. Lui il sait.

Tromper l'esprit. Croire tromper l'esprit. Mais ne rien tromper au corps.

Optimiser la solitude.
Taire l'esprit oui.

Manger. Manger. Manger.
De la bouffe en films. De la bouffe en livres. De la bouffe tout court.
Se gaver.
Pas de répit. Pas sentir le ventre. Pas entendre les pensées.

Pas dormir.
Mais pas non plus se réveiller.

Optimise ta solitude.
Oublie la. Oublie toi.

J'aurais pas dû oublier que je ne suis plus qu'une enfant.

 

[Ère]

Se sentir bête d'exister. Se sentir honteux d'exister.

Vouloir être elle. Et toutes les autres.

Se sentir coupable. De pas être mieux.

Chui con. A pleurer ici.

C'est toi l'adulte la ?

Pourquoi j'ai l'impression que je serais toujours une gosse qui a envie d'être pris dans les bras.

Pis, en parler à qui.
Pis, réconforter de quoi.

Juste envie de plus exister. Plus moi.



Un petit truc vient tout remettre en question. Fin si au moins la remise en question était utile.
Je pleure juste sur ma nullité. Dans tous les domaines.

A quel point si j'étais mes parents je serais pas fiers de moi. A quel point.
A quel point un jour ça le sera. A quel point.




Socialement c'est la merde.
J'ai beau savoir qu'ils s'en souviendront pas. A chaque fois que ce genre de situations arrive, elle repasse en boucle. Et j'aimerai juste qu'elle ait pas eu lieu.

Ce soir j'étais pas prête. Mais prête ou pas prête c'est pas moi qui décide.

Et j'ai pas envie qu'ils soient gentils avec moi. Pour un truc qu'ils devraient pas. Je me sens coupable.
Mais insister pour qu'ils ne fassent pas cette chose gentil est pire. J'ai l'impression d'être méchant à refuser..

Fin bref, c'était pas le jour pour voir des gens.
Vraiment pas.

Juste bouffer. Bouffer. Et bouffer.
Un plat réconfortant. Un plat qui fait oublier.
Pas longtemps. C'est pas de l'alcool. Mais faut croire que bouffer me reconforte + que l'alcool.

Bouffer le plus longtemps possible. Le contraire de l'hyperphagie.

Bouffer est un câlin.

 

[Ère]

Je sais ce que j'ai oublié d'acheter. Ça devrait être un réflexe. C'est pas le soir. A 21h30. Le soir du réveillon. Que les magasins sont ouverts.

Mais je suis pas seule.

Rien me convient c'est ça.


Faut que tout aille vite. Pour pas penser.

Faut pas être seule. Pour pas penser.

Faut pas de silence. Pour pas penser.

Faut pas être sobre. Pour pas penser.


J'oublie parce la journée je peux m'occuper. M'occuper les mains. M'occuper l'esprit.
C'est le soir que ça va pas.

Anticiper.

Plus qu'une envie. Dormir.

 

[Ère]

Les larmes appellent les larmes. Le corps n'attend que ça. La première larme.

Et quand tu croyais qu'un truc te ferait du bien et qu'en fait il te fait chialer. Et que t'as l'impression que rien, vraiment rien ne peut te faire du bien. Que rien, vraiment rien ne va. Et que ça n'ira jamais. Que tout est illusion. Tout est perdue d'avance et tu veux juste pas le voir. Tu te cache la vérité. Tu divertie ton esprit pour pas qu'il capte.

J'aimerai juste une chose qui me ferait du bien. Juste une. Toujours. Quoiqu'il arrive.

Me sens seule. Mais on l'est tous. Me prend pour qui. Pour qui.


Tu sais de quoi j'ai envie parfois. Comme une enfant. D'un calin de mes parents. Mais quand je me l'imagine ça n'a même plus de sens, la scène n'en a pas, me semble décalée. Pis contrairement à d'autres membre de ma famille mes parents sont pas calins envers leurs enfants. Moi qui refuse (et me sens honteuse après coup) un calin d'une de ces personnes et qui rêve pourtant secrètement d'un calin de mes parents. Si c'est pas con ça.
Juste besoin de réconfort.

Et j'aimerai tellement être de ceux qui peuvent tout dire à leur parents. Ceux qui peuvent pleurer en appel avec eux. Chialer, chialer, chialer. Et être réconforté.

Mais j'ai l'intime conviction que je n'étais pas une enfant voulu. Je le sais au fond de moi et je l'ai toujours su. Me suis toujours sentie un poids pour eux. J'aurais aimé être avortée. C'est même pas que j'aurai aimé, c'est qu'il aurait fallu. Que le monde m'avorte.