Ce n'est pas la vie dont je rêvais. Je rêvais de voyages, de nuits blanches, d'insouciance, de plaisir. Je rêvais de quelqu'un de parfait, sans défaut, sans faille, sans erreur. Je rêvais d'un quotidien excitant, libre, rempli de possibles.
Ce n'est pas la vie dont je rêvais mais qu'est-ce que je suis contente d'être là. Je ne peux rêver de rien d'autre. Tout se déroule comme cela doit nécessairement se dérouler.
C'est incompréhensible pour la plupart des gens qui mettent de la valeur dans l'avoir, l'image et la réussite sociales. S'il n'y a pas tout ça, il serait difficile, voire impossible pour eux, de vivre une telle relation et d'y trouver un intérêt.
Vivre modestement, affronter ensemble l'invasion mentale d'un monde désincarné qui crée ses propres monstres, être conscient ensemble de ce dernier, trouver refuge dans un quotidien organisé,...
C'est loin de ce dont je rêvais étant adolescente, mais c'est là que je vis vraiment. Je ne veux pas des illusions de sécurité, d'infaillibilité, de perfection, d'harmonie que les autres feignent. Je veux voir chaque grain de la vie, tel qu'il est, ne pas me voiler la face, comprendre le monde exactement tel qu'il est.
Je ne rêve plus d'insouciance. Je rêve de conscience, de lucidité, je rêve de me soucier de ce qui m'entoure. Je ne veux pas me détacher de tout ça et laisser l'inquiétude de ce monde pourri à d'autres. Je rêve que l'on puisse tous en être conscients et qu'on ne soit plus chacun de notre côté, à souffrir et angoisser, à s'armer et critiquer, à tenir debout et se battre.
Je ne veux pas de cette illusion de bonheur parfait, je veux la vie réelle, crue et imparfaite.