Réduire son vocabulaire est-ce réduire sa pensée ?

Artemis

Vagabond
Auteur du topic
14 Août 2023
6
3
Bonjour,
Il n’y a pas longtemps, j’ai entendu quelqu’un dire: « Réduite son vocabulaire c’est réduire sa pensée». Aujourd’hui, je me pose la question. Selon vous est-ce vraiment le cas ?
 

Shunlight

Initié(e)
12 Déc 2020
273
170
Oui clairement. Chaque mot a son utilité. Et il y a des mots qui sont désuets. Et des nouveaux mots qui prennent la relève. Parfois il y a aussi des synonymes qui apparaissent seulement pour l'aspect communautaire. Mais dans tout les cas les mots apportent une richesse.
Les mots ont le pouvoir de fixer une idée. C'est comme poser une addition compliquée plutôt que la faire de tête. Le papier fixe une idée. Et les mots aussi à leur manière.

Ils permettent aussi de prendre conscience de choses. Et sans cette conscience on ne peut pas les remettre en question. Ils sont donc important pour le libre arbitre et la liberté.

C'est pas pour rien qu'il y a une partie test verbal dans le test de QI. C'est l'un des éléments qui contribue à l'intelligence. Une corde supplémentaire à son arc. On peut bien sûr être intelligent différemment l'un empêche pas l'autre. Mais c'est un gain c'est certain.

Après comme les mots sont des outils on peut mal s'en servir. Quand on découvre un nouveau mot, on peut facilement être tenté de le ressortir à toutes les sauces. Avec le temps on gagne en finesse et on ne le place que lorsque c'est vraiment pertinent.

Une façon de progresser c'est d'essayer de remplacer les mot valises par des mots plus précis. Comme par exemple le verbe faire. "Je vais faire à manger" => je vais cuisiner
"Je vais faire de la musique" => je vais jouer de la musique
Etc

Après il y a un juste milieu qui dépend du public. Un vocabulaire trop riche utilisé avec précision sera presque contreproductif s'il est utilisé avec des gens qui n'en maitrisent pas les nuances. L'exemple le plus simple de ça se sont les profs de maths. Ils essaient d'être précis en se disant que cette régularité aide, mais ça n'aide que les pros. Les enfants eux ont besoin de général pour cerner et memoriser les subtilités sans être punis de façon trop sévère par l'incompréhension des nuances
 
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ROTRING

Apprenti(e)
26 Août 2022
97
43
Si la pensée était proportionnelle au nombre de mots utilisés, une langue qui en posséderait 100000 serait supérieure aux autres. Ce n'est pas le cas

La pensée repose sur l'utilisation d'un vocabulaire adéquat. Autant sur le plan littéraire il esr plaisant de jouer sur toutes les nuances des mots, autant quand on parle de pensée structurée on a intérêt à utiliser le strict nombre de mots nécessaires.
 

Shunlight

Initié(e)
12 Déc 2020
273
170
Si la pensée était proportionnelle au nombre de mots utilisés, une langue qui en posséderait 100000 serait supérieure aux autres. Ce n'est pas le cas

La pensée repose sur l'utilisation d'un vocabulaire adéquat. Autant sur le plan littéraire il esr plaisant de jouer sur toutes les nuances des mots, autant quand on parle de pensée structurée on a intérêt à utiliser le strict nombre de mots nécessaires.
La proportionnalité est un rapport linéaire. Alors que le rapport entre vocabulaire et intelligence est probablement logarithmique : les mots sont importants, mais de moins en moins à mesure qu'on en connais déjà beaucoup. Ça s'appelle la loin des rendements décroissants. Chaque unité supplémentaire produit moins d'intérêt. On peut aussi évoquer la loi de paretto qui dit que souvent avec 20% d'efforts on obtient 80% de résultats. Et donc avec les 80% d'efforts restants on obtient seulement 20% de résultats.

Je trouve qu'ici, c'est un assez bon exemple du sujet : linéarité/logarithmie, rendement décroissants, paretto. Autant de vocabulaire qui permet de penser des choses auquel tu ne sembles pas avoir pensé. (Sans insulter ton intelligence, le vocabulaire c'est énormément de culture. Ça se développe avec l'âge où l'intérêt pour un domaine)
 

Anne-Sophie

Vagabond
11 Août 2023
19
7
Oui, réduire son vocabulaire ou le détériorer volontairement conduit à la réduction de la pensée. Chaque mot à un sens bien particulier. Je pense donc que c’est pour ça qu’il faut soigner son langage et l’enrichir. Pour moi plus on a un vocabulaire varié plus on est une personne intelligente et cultivée qui ne se laisse pas destabiliser.
 

ROTRING

Apprenti(e)
26 Août 2022
97
43
La proportionnalité est un rapport linéaire. Alors que le rapport entre vocabulaire et intelligence est probablement logarithmique : les mots sont importants, mais de moins en moins à mesure qu'on en connais déjà beaucoup. Ça s'appelle la loin des rendements décroissants. Chaque unité supplémentaire produit moins d'intérêt. On peut aussi évoquer la loi de paretto qui dit que souvent avec 20% d'efforts on obtient 80% de résultats. Et donc avec les 80% d'efforts restants on obtient seulement 20% de résultats.

Je trouve qu'ici, c'est un assez bon exemple du sujet : linéarité/logarithmie, rendement décroissants, paretto. Autant de vocabulaire qui permet de penser des choses auquel tu ne sembles pas avoir pensé. (Sans insulter ton intelligence, le vocabulaire c'est énormément de culture. Ça se développe avec l'âge où l'intérêt pour un domaine)
C'est pas une question de volume mais d'adéquation. Le vocabulaire est juste un outil.

Si je considère les planètes de notre système solaire, comme il y en a 8, on leur donne à toutes un petit nom. Quand il s'agit des exoplanètes ce n'est plus possible, donc on "numérote" (on établit une nomenclature). Les disciplines spécialisées se créent souvent un vocabulaire ad hoc. Les dictionnaires des différentes langues n'ont pas le même nombre de mots.

Donc le tout c'est d'avoir la capacité à exprimer ses idées correctement.
 

Shunlight

Initié(e)
12 Déc 2020
273
170
Je ne suis pas certain que tu ai compris ce que j'ai répondu à propos d'une courbe logarithmique.

Prenons un exemple : imagine une langue qui n'as que 2 mots. Es ce que tu penses qu'ils seront aussi capable que nous de penser à des choses complexes ? Ok, disons 100 mots ? Ça mieux, mais peut être pas assez. Faisons le contraire alors. Disons une langue qui a plus de 1millions de mots. Ça paraît suffisant. Peut être trop meme. Ok, disons 100 000 mots ? Ça paraît toujours trop. Mais pas grave, on a déjà une fourchette du raisonnable par l'asburde. Entre 100 et 1 millions de mots.
Maintenant cherchons un ancrage, une façon de quantifier. Par exemple les examens japonais pour certaines grandes ecoles demandent de connaître 2000 kanjis (des mots). Tandis qu'à l'inverse, le vocabulaire de base pour pouvoir baragouiner dans une langue peut se résumer à 100 mots.

Ici je viens d'approximer une fourchette raisonnable. Mais imagine que tu doives débattre dans une langage étrangère avec seulement 100 mots. Tu te rendrais vite compte que tu es limité. Que l'expression de ta pensée est bien plus nuancée dans ta langue maternelle. Et tu en donnes toi meme un très bon exemple quand tu parles de vocabulaire spécialisé. On a besoin de vocabulaire pour s'exprimer et mieux penser.

Alors, effectivement une langue qui a 10 000 mots n'est pas significativement moins bonne qu'une langue qui en a 20 000. Mais peut-être un peu quand même ? J'en reviens à l'idée de gain décroissant. Au départ il est très utile et nécessaire d'avoir davantage de mots, par la suite ça l'est moins.
 

Léa_

Vagabond
21 Août 2023
3
1
Pour moi même si l'on a un petit vocabulaire on peut avoir toutes sortes de pensées. Le vocabulaire sert à faire comprendre sa pensée. C'est pour qu'on puisse comprendre notre pensée à mon avis qu'on doit enrenchir son vocabulaire pas pour la développer. Mais qu'est ce qu'une pensée qui ne peut être comprise?
 

ROTRING

Apprenti(e)
26 Août 2022
97
43
Je ne suis pas certain que tu ai compris ce que j'ai répondu à propos d'une courbe logarithmique.

Prenons un exemple : imagine une langue qui n'as que 2 mots. Es ce que tu penses qu'ils seront aussi capable que nous de penser à des choses complexes ? Ok, disons 100 mots ? Ça mieux, mais peut être pas assez. Faisons le contraire alors. Disons une langue qui a plus de 1millions de mots. Ça paraît suffisant. Peut être trop meme. Ok, disons 100 000 mots ? Ça paraît toujours trop. Mais pas grave, on a déjà une fourchette du raisonnable par l'asburde. Entre 100 et 1 millions de mots.
Maintenant cherchons un ancrage, une façon de quantifier. Par exemple les examens japonais pour certaines grandes ecoles demandent de connaître 2000 kanjis (des mots). Tandis qu'à l'inverse, le vocabulaire de base pour pouvoir baragouiner dans une langue peut se résumer à 100 mots.

Ici je viens d'approximer une fourchette raisonnable. Mais imagine que tu doives débattre dans une langage étrangère avec seulement 100 mots. Tu te rendrais vite compte que tu es limité. Que l'expression de ta pensée est bien plus nuancée dans ta langue maternelle. Et tu en donnes toi meme un très bon exemple quand tu parles de vocabulaire spécialisé. On a besoin de vocabulaire pour s'exprimer et mieux penser.

Alors, effectivement une langue qui a 10 000 mots n'est pas significativement moins bonne qu'une langue qui en a 20 000. Mais peut-être un peu quand même ? J'en reviens à l'idée de gain décroissant. Au départ il est très utile et nécessaire d'avoir davantage de mots, par la suite ça l'est moins.
Imagine une langue avec 20000 mots, dont 19900 consacrés à la cuisson des pâtes (aldente, trocui, etc) et 100 pour le reste des sujets. C'est pas vraiment logarithmiquement mieux qu'une langue qui aurait 200 mots, sauf si on aime beaucoup les pâtes.

C'est pour cela que je parle d'adéquation. On peut avoir une discipline qui a besoin de beaucoup de mots pour désigner des concepts ou objets différents (par exemple la médecine pour désigner les os). On peut avoir à l'inverse des mots synonymes ou même superflus car trop fumeux. On peut même avoir des mots qui manquent (par exemple l'équivalent de l'anglais giggle n'existe pas en français).

Note que ce qu'on dit n'est pas réellement opposé, évidemment qu'avec deux mots c'est un peu compliqué d'articuler une pensée complexe, mon propos est juste de dire que ce n'est pas non plus au kilo, l'importance c'est la pertinence des champs lexicaux par rapport à ce dont on veut parler.
 

Shunlight

Initié(e)
12 Déc 2020
273
170
Imagine une langue avec 20000 mots, dont 19900 consacrés à la cuisson des pâtes (aldente, trocui, etc) et 100 pour le reste des sujets. C'est pas vraiment logarithmiquement mieux qu'une langue qui aurait 200 mots, sauf si on aime beaucoup les pâtes.

C'est pour cela que je parle d'adéquation. On peut avoir une discipline qui a besoin de beaucoup de mots pour désigner des concepts ou objets différents (par exemple la médecine pour désigner les os). On peut avoir à l'inverse des mots synonymes ou même superflus car trop fumeux. On peut même avoir des mots qui manquent (par exemple l'équivalent de l'anglais giggle n'existe pas en français).

Note que ce qu'on dit n'est pas réellement opposé, évidemment qu'avec deux mots c'est un peu compliqué d'articuler une pensée complexe, mon propos est juste de dire que ce n'est pas non plus au kilo, l'importance c'est la pertinence des champs lexicaux par rapport à ce dont on veut parler.
Je suis d'accord et on pourrait rentrer dans un débat interressant pour pondérer les choses.

Il est vrai que la qualité du vocabulaire importe. Mais la quantité aussi, donc que penses tu de dire que la quantité est un potentiel tandis que la qualité est l'optimisation de ce potentiel ? Avec deux mots même très bien choisis on ira pas loin. Mais quit à avoir deux mots, vaut mieux bien les choisir. Oui /non ?

Ton propos concerne les cas extrêmes de qualité et le mien les cas extrêmes de quantité. Mais à qualité moyenne, si on fait varier la quantité alors la courbe d'efficacité est sûrement logarithmique
 

Jds

Super-modérateur
10 Déc 2020
286
309
Bonjour,
Il n’y a pas longtemps, j’ai entendu quelqu’un dire: « Réduite son vocabulaire c’est réduire sa pensée». Aujourd’hui, je me pose la question. Selon vous est-ce vraiment le cas ?
C'est marrant, une phrase comme ça pourrait venir de moi. Je pars du principe qu'en effet, réduire son vocabulaire, c'est en quelque sorte réduire sa pensée. En fait, pour résoudre des problèmes, il faut être apte à bien les décrire et pour bien les décrire, il faut avoir de quoi les décrire, à commencer par un vocabulaire élargi. Un vocabulaire élargi n'a pas seulement une utilité esthétique mais a aussi une utilité dans la délimitation des éléments du réel.

Si j'approche le concept d'agressivité, je peux me dire qu'agresser, c'est lorsque quelqu'un tape un autre. Pourtant, on peut aller plus loin que ça, on peut creuser et se rendre que l'agressivité n'a pas lieu que lorsque des coups sont portés. De ce fait, ça amène à redécrire et voir que l'agressivité est présente lorsqu'il y a un acte nocif. Mais on pourra voir qu'un acte nocif est relatif à l'individu qui le subit. On verra alors en creusant que l'agressivité est une déstabilisation, une désorganisation, un bousculement. Chacun de ces mots désigne quelque chose de différent, la déstabilisation indique la présence d'une stabilité et met l'accent sur la présence d'une trajectoire. La désorganisation indique la présence d'une organisation et met l'accent sur la présence d'un réseau. Un bousculement indique la présence d'une forme d'équilibre et met l'accent sur le choc.. cinétique ?

On pourrait creuser encore, bien sûr, mais un vocabulaire élargi permet une approche approfondie d'un sujet et cette approche permet donc de prendre de meilleures décisions, d'avoir un meilleur rapport à certaines choses. Savoir par exemple pourquoi nous nous sentons agressés permet de ne pas dramatiser des événements, de ne pas ajouter de la tristesse à notre tristesse, de considérer l'agression en nous et de savoir comment elle prend place et d'où elle vient, et cetera.

Et ce n'est pas tout, le vocabulaire peut aussi figurer dans ce que j'appelle notre lexique mental. Le lexique mental, c'est les mots qui nous viennent à l'esprit lorsque nous abordons le monde. Des personnes en situation de dépression auront alors un lexique mental chargé de mots plutôt dépréciateurs ou dévaluateurs et ces mots amèneront ces personnes à filtrer ce qui est déprécié. Cela nourrira la boucle et n'augmentera pas la probabilité de venues de sentiments de joie (bien sûr, ce n'est pas de leur faute, ce n'est pas la question ici). Enrichir son vocabulaire, c'est se donner des nouveaux mots à travers lesquels percevoir le monde et influencer notre état moral.

Enfin, le vocabulaire a sûrement aussi des vertus sur la mémoire, un vocabulaire riche dans la description d'une information engendre sûrement un meilleur encodage d'une information.

Enfin voilà !
 
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