Mes moments de vide

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Je ne crée pas ce journal pour raconter mes journées. Juste mes moments de vide.

De grand vide où je ne sais pas quoi faire. Où j'ai les paupières lourdes, que je ne souris pas, que je suis une machine qui écrit sur un clavier.

Où je mets mon casque et écoute la musique. Heat Waves me fait pleurer. Doubt me rappelle mes faux espoirs.

J'écris, et je vois mes ongles en sang. Non, je ne me mutile pas. Je fais autre chose. Jeanne, tu sais. Tout s'arrache.

Je regarde tout, impassible. Et la seconde d'après, je vais rire. Parce que je suis comme ça, parce que j'ai trop de facettes. Parce que je peux être tout, mais rien à la fois.

 

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Je me réveille, je pense que c'est passé...mais non. Le sang est sous mes ongles

 

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Mais ptn Clara, reprends-toi un peu ! Tu n'as quasiment pas parlé de la matinée.

Papa est rentré, tu vas passer la semaine avec lui, tu vas pouvoir demander une soirée pyj avec ta meilleure amie.

Pourquoi tu désespères, hein ? Tu te fais engloutir dans ta partie sombre, au point que tu as commencé à écrire des chansons... elle est où la Clara pétillante qui rit ?

Mais est-ce vraiment moi ? Qui suis-je vraiment ?

Je ne veux pas pousser la porte de ma chambre, chez Papa. S'il-vous-plaît faites que les draps soient changés et le parquet balayé, que je n'ai pas à affronter le carnage que j'ai laissé.

 

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Le jour, je ne fais que sourire
On me dit que je suis la meilleure des amis
Ici n'existe pas le pire
J'y crois même, cela me paraît si authentique

Mais après, je veux tout gâcher !
Je suis lassée
Épuisée
Fatiguée
Ces brusques changements de caractère
Non, non, je ne suis pas bipolaire.

Et quand je suis seule dans mon lit
Le monde m'appartient
Mais tout me rattrape la nuit
Ça me fait peur, tiens

Je me sens vide
Je me sens dans le vide
Je me sens vidée

Je ne pense qu'à ma peau arrachée
A ces cicatrices visibles et enfouies
Qui saignent de corps et d'esprit
D'une maladie qui n'est toujours pas guérie.

 

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Je m'assis, l'air de rien
Rien ne peut me perturber
Parce que ça va bien
Là je me suis tournée, et

Tu m'as attirée
Nos yeux se sont accrochés
Tu contrôlais mon esprit
Et moi je le perdais

Mon ventre s'est noué
A la vue de ton effet
Mon regard qui pétille
Je veux juste être de ta famille

Mais alors j'ai souri
J'ai senti
Mon cœur qui bat
Au rythme de tes pas
Mon cœur serré
De ne pas t'avoir là
Et puis mon cœur brisé
De ne pas compter

Je voudrais que tu me vois
Comme je te vois, moi
Que tu sois attirée
Comme j'en suis chamboulée.
Je veux juste t'oublier !
Au lieu d'espérer
Que tu assumes enfin l'idée
Qu'une part de toi puisse m'aimer.

Je le vois à ton allure impassible
Que notre amour est impossible
Puis je vois la lueur qui t'éclaire
Tu ne veux pas tout foutre en l'air.

 

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5 min à le faire = 3 semaines supplémentaires

...

 

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Cette nuit est devenue une obsession. Mais cette nuit a été incroyable. INCROYABLE.

 

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J'attends quelqu'un que je ne connais même pas, en fait. Qui fait partie d'un écran pour moi, mais qui fait quand même partie de ce monde. Je l'attends, je ne sais pas s'il sera là. Demain, peut-être ? Mais c'est si loin et incertain. Je veux continuer ce qu'on s'est écrit hier, le soir et la nuit.

Parce que ça m'a fait rêvé.

 

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Je ne veux pas éteindre. Et si le vide me reprenait ? Et si je cédais ?

Non, je n'ai pas le droit. Pour ma mère qui fait tous ses efforts, mon père qui s'applique, ma meilleure amie qui me soutient. Pour moi-même qui subit. Je dois tenir.

Ai-je le choix ? Oui.
Faut juste faire le bon.

 

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J'ai passé une belle journée. Enfin, je crois. Je cueille juste chaque moment qui vient.

On verra si cette nuit se passera bien.

Mais aujourd'hui, j'étais heureuse. Aucune raison évidente. J'étais avec Papa et on vadrouillait. Je pensais lui faire la tête après les vacances qu'il a passé seul avec sa copine, en me laissant ici avec Maman, mais je n'y arrive pas. Je n'ai pas le temps pour ça.

 

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Je m'accroche. Je continue d'écrire. Cette nuit, ça me paraît plus facile, mais je reste prudente. Ça peut arriver n'importe quand.

Alors je reste concentrée sur autre chose.

 

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Je devrais avoir hâte, aujourd'hui je vois ma meilleure amie. Je comptais me lever vers 11h comme ça l'heure des retrouvailles serait encore plus proche. En plus, je me levais tard tous les jours de vacances (ou du moins de celles-ci).

Mais forcément, je me réveille à 7h. Bravo.

Et en plus, y a quasi personne sur le forum.
Et personne dans la maison.

Alors, je fais quoi ? J'écris là. Je suis toujours allongée dans mon lit, dans le noir, parce que je déteste ouvrir les volets de ma chambre. Et j'écoute de la musique. Là c'est "Okey dokey yo". De toutes façons, j'écoute plein de sorte.

Je ne saurai pas comment décrire l'état dans lequel je suis, là. C'est comme si, bah, j'étais encore vide, mais pas totalement, car il y a une part de moi qui se raccroche à toutes les bonnes choses.

Mais c'est quoi, les bonnes choses ?

 

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Pour une fois, je n'étais pas seule. Mais en étant avec elle, je lui ai fait du mal. Elle culpabilise alors que ce n'est pas elle la coupable; je suis la coupable qui ne regrette pas. Parce qu'il n'y a rien à regretter, même si je m'en veux d'un point de vue moral.

Et je suis là, assise face au miroir, j'étais censée lire, mais comment l'abandonner alors que je sais qu'elle est rongée par les remords ? Alors je la rassure comme je peux, pas juste pour qu'elle aille mieux, mais parce qu'elle n'a PAS à s'en vouloir.

C'est quoi la solution, pour moi ? Reprendre ce que je n'ai pas achevé ? Reprendre ce que je fais tant d'effort d'arrêter ? Ça fait tellement du bien, ça me fait tout oublier, je pourrais continuer d'arracher et ne plus m'arrêter ; il reste des marques, des taches, des épaisseurs. Je ne suis plus à ça près.

 

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Tout ça parce que j'ai ouvert ma gueule, que j'ai écrit. Mais personne ne me croit, en tous cas ça n'a pas l'air.

J'ai envie de pleurer. Je me retiens.

Je me sens seule. De toute façon, on s'en fout de moi. Qu'est-ce qu'on en a à foutre d'une fille comme moi, de toute façon.

Chui normale, ok ? OKKKKKKKK ?

Je me dis juste : pourquoi tu ne me réponds pas.

 

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Le ventre serré, un sentiment de malaise.
Mais là ça va mieux entre nous.

Je ne veux pas recommencer à saigner. Je vais me retenir. Je vais prendre ce handspiner et me détendre.

 

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Je me suis sentie normale 2 fois.
Je me suis sentie avec une peau parfaite
Je me suis sentie bien et acceptée
Je me suis sentie à l'aise et respectée
Et ça je ne peux pas le regretter
Car c'est peut-être la première et dernière fois de ma vie.

 

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Mes mains ont tenté coûte que coûte de se rapprocher.

Je tremblais

J'avais la gorge sèche

Je ne voulais pas dormir

Il fallait que je m'occupe, hein

Que je sois dans ma bulle.

Mais vous savez quoi ? J'AI RÉSISTÉ

 

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Le cri du cœur d'une mère dans la nuit

Dans la nuit noire qui cachent les ténèbres

Les ténèbres qu'elle doit affronter en face

En face de ses actes et de ses souffrances

De sa plus grande souffrance de mère

Mère qui pleure de faire souffrir sa fille

Sa fille qui se tait et laisse couler sa peine

Sa peine qui la ronge pour la flétrir

La flétrir, courber son échine et la détruire

La détruire pour ne plus qu'elle se relève

Elle se relève quand même et soutient sa mère

Sa mère qui mérite tant et qui a tant donné

Qui a donné jusqu'à son cœur comme une victime immolée

Immolée par amour et non par sacrifice

Mais qui se sacrifierait si cela était nécessaire

Nécessaire de survivre pour elle et pour sa fille

Sa fille qu'elle aime et qui l'aime à l'infini

Et l'infini se souviendra de ce cri dans la nuit.

 

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Bon, je pensais pas que ça me toucherait, un truc si bidon, surtout après cette bonne soirée, mais ce n'est pas grave.
Je serai patiente, même si ça me fait un peu mal, hein, je vais pas mentir.

Mais, bon, sur ce, je pense aller dormir. Faut bien. Demain faut être en forme. Même si mes envies sont à 0.

Je suis tellement bizarre.

 

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J'ai oublié mon téléphone, alors je me suis connectée à l'ordinateur, mais je crois que mon père peut voir l'historique. Alors je me dépêche.

Je suis allée à ce rendez-vous médical. Enfin, de médecine chinoise. Cette femme a ce côté froid, distant, mais à la fois respectueux et généreux. Bref.

Il faut toujours que je pleure devant les "inconnus". Il faut toujours que je craque. Parce que parler de mon problème, c'est difficile. C'est LE point fragile. Tout en lui parlant, et tout pendant qu'elle m'écoutait, je lâche :"Vous voyez, quand je vous parle de ça, regardez ce que je cherche." Les doigts qui se rapprochent dangereusement de ma nuque, ou de mon ventre, prêts à faire saigner ce qui pouvait l'être. Et je continuais de sangloter comme une enfant, parce qu'au fond, on a beau me dire que je suis mature et réfléchie, je ne suis qu'une gamine. Et cette dame me parlait, continuait, ne prenait pas compte de mes joues mouillées, elle me parlait d'égale à égale, ne me prenait pas comme une pauvre petite fille en mal-être.
Elle m'a dit que je connaissais ce que nul n'aurait imaginé à mon âge.
Que j'avais cette colère secrète en moi, que c'était due à un évènement, que j'étais dans une colère aveugle contre ce corps.
Elle m'a dit que j'étais combattive, que je prenais conscience de choses auxquelles aucun adolescent aurait pensé. Je voulais lui dire que j'avais déjà eu ma dose de combativité, que je l'étais déjà dans d'autres histoires, et que je n'avais pas besoin de celle-là en plus.

Et elle m'a dit :"Tu es une guerrière."