L'Utopie de Thomas More - analyse littéraire et description philosophique

Rouge-Sang

Vagabond
Auteur du topic
25 Déc 2021
1
4
Bien le bonjour, je vous propose une description d'une oeuvre littéraire/philosophique avec par endroit lorsque c'est possible une analyse, c'est bien mieux que de faire ma présentation qui s'avérait forcément barbante. :)

L'Utopie de Thomas More

En 1516, Utopia parut, il est issu de la jonction de deux racines grecques qui veut dire "lieu qui n'est nulle part". Le genre utopique dont Thomas en est donc le fondateur se forme à partir de la description d'un pays autre et de la discussion de ses institutions.
Thomas More est un juriste britannique, philosophe social de même un auteur important de l'humanisme issu de la Renaissance. Proche du roi Henri VIII avec qui il deviendra son "ambassadeur", Thomas finira par désavouer son divorce et le schisme (série d'évènements qui vont mettre fin à l'autorité du pape sur le catholicisme anglican). Il en deviendra à la suite un prisionnier puis sera décapité pour trahison. Il sera considéré comme une personnalité importante de l'humanisme.
J'ai pris la liberté de prendre un thème de lecture assez ouvert à ce qu'est véritablement l'Utopie, mais avant je propose une petite analyse avec les spécifités de cet oeuvre qui ne sera pas complète et c'est pourquoi la problématique se posera ainsi : En quoi l'Utopie de Thomas More constitue une critique de la société anglicane de son époque mais aussi une revisite de la notion de pouvoir
La problématique sera fondé donc sur deux axes, tout d'abord en quoi la société sous Henri VIII et son prédécesseur montre des défauts et pour le second axe, quelles leçons nous fait part Thomas More dans l'Utopie sur la façon de faire et penser la politique ?

Petit aparté, cette analyse que je vous propose ne sera pas exhaustive, les citations seront en couleurs et les références utilisées seront notées (en fonction des chapitres et non de pages car plusieurs versions peuvent exister).

Dans cette première partie qui se consacrera à la critique de la société anglicane de l'époque je propose donc d'établir ceci sous deux idées, l'une sur l'état de la société, la culture, les moeurs présent et pour la suite, une réponse à cet état des lieux qui fait ainsi l'objet de critique envers celle-ci.
La société anglicane montre des attachements profonds à la valeur monétaire ou aux valeurs hiérarchiques. Dans le livre premier (Utopia est en deux livres), L'attachement à des valeurs de pouvoir et de richesses est très connoté : "- Je m'inquiète peu du sort des miens, reprit Hythloday, je crois avoir passablement rempli mon devoir envers eux. Les autres hommes abandonnent leurs biens que vieux et à l'agonie et encore lâchent-ils en pleurant ce que leur main défaillante ne peut plus retenir... Moi plein de santé et de jeunesse j'ai tout donné à mes parents et à mes amis, Ils ne se plaindront pas de mon égoïsme : ils n'exigeront pas que, pour les gorger d'or je me fasse esclave d'un roi" Hythloday (information qui pourrait servir plus tard veut dire "habile à raconter des histoires") montre qu'il veut se montrer libérateur, c'est l'antithèse qu'il fait avec les "autres hommes" qui sont vieux et mourrant tandis que lui il est jeune et en bien portant ce qui accentue l'idée de pouvoir sur des subalternes comme une valeur nécessaire dans les moeurs à l'époque. Suite à ceci la perte de raison en politique appuie la perte de bon sens en société : "Qu'arrive-t-il donc au sein de ces conseils où règnent l'envie, la vanité et l'intérêt ? Quelqu'un cherche-t-il à appuyer une opinion raisonnable sur l'histoire des temps passées où les usages des autres pays ?" L'utilisation de l'accumulation démontre un soucis important dans cette société profondément atteinte par des soucis d'égocentrisme plutôt que la recherche du bien commun. Enfin la société anglicane s'avère être une société entâchée de la lutte des classes : "La principale cause de la misère publique, c'est le nombre excessif des nobles, frelons oisifs qui se nourissent de la sueur et du travail d'autrui, et qui font cultiver leurs terres, en rasant leurs fermiers jusqu'au vif, pour augmenter leurs revenus ; ils ne connaissent pas d'autres économie, S'agit-il, au contraire, d'acheter un plaisir ? Ils sont prodigues jusqu'à la folie et la mendicité. Ce qui n'est pas moins funeste, c'est qu'ils traînent à leur suite des troupeaux de valets fainéants, sans état et incapables de gagner leur vie." Ce qu'il y a d'assez suprenant dans ce passage ce n'est pas moins la répétition et l'usage d'une métaphore à propos des nobles "frelons oisifs" qui accentue pondéralement l'idée d'une classe inutile qui ne sont que des substrats d'une économie réelle sans réalité. N'en oublions pas dans ce passage les caractéristiques des valets qui sous l'effet d'une accumulation passe pour de véritables esclaves d'un maître.

Utopia critique ardamment ces vices de la société, sans en moins en oublier le fond qui est d'instruire une façon d'améliorer la société. Toujours dans le livre premier, les princes font défaut de la réalité des choses : "Les princes y mettent peu de différences ; et, entre ces deux mots latins servire (être l'esclave) et inservire (rendre service à), il ne voient qu'une syllabe de plus ou de moins. [...] répondit Pierre : c'est le meilleur moyens d'être utile au public, aux individus et de rendre votre condition plus heureuse. (Raphael reprend) Plus heureuse, dites-vous ! et comment ce qui répugne à mon sentiment, à mon caractère ferait-il mon bonheur ? Maintenant je suis libre, je vis comme je veux, et je doute que beaucoup de ceux qui revêtent la pourpre puissent en dire autant. Assez de gens ambitionnent les faveurs du trône; les rois ne s'apercevront pas du vide, si moi et deux ou trois de ma trempe manquons parmi les courtisans" Je n'ai pas d'analyse stylistique à faire part ici, cependant je ne pouvais pas ne pas le mettre en raison de son intérêt particulier que j'y trouve, une dualité entre aider le peuple en se faisant esclave ou être libre en n'aidant personne, et c'est une des questions qui aurait le mérite d'être posé un jour. Ensuite c'est au tour des valeurs monétaires et de parure de prendre leur coup : "A ces causes de misères vient se joindre le luxe et ses folles dépenses, Valets, ouvriers, paysans, toutes les classes de la société déploient un luxe inouï de vêtements et de nourriture. Parlerai-je des lieux de prostitution, des honteurx repaires d'ivrognerie, et de débauche, de ces infâmes tripots, de tous ces jeux, cartes, dés, paume, palet, qui engloutissent l'argent de leur habitués et les conduisent droit au vol pour réparer leurs pertes ?" Dans cet extrait; l'énumération porte un appui conséquent sur la forme que le vice peut prendre. Dans le livre second, au chapitre arts et métiers il est expliqué que sur l'île d'Utopie le fonctionnement est bien définie, notamment pour l'accoutrement : "Les vêtements ont la même forme pour tous les habitants de l'île ; cette forme est invariable, elle distingue seulement l'homme de la femme..." J'en aurai pas besoin de paraphraser pour vous expliquer où il voulait en venir...
Dans la suite du mouvement, nous avions parler de propriétaires et de pouvoir, voici que dans le livre second, il est question d'une solution au chapitre "des magistrats" : "Trentes familles font, tous les ans, élection d'un magistrant appelé syphogrante dans le vieux langage du pays, et philarque dans le moderne. Dix syphogrants et leurs trois cents familles obéissent à un protophilarque, anciennement nommé tranibore". Enfin les syphograntes, au nombre de douze cents, après avoir fait serment de donner leurs voix aux citoyen le plus moral et le plus capable, choississent au scrutin secret, et proclament prince (on entend ici maire d'une ville au lieu d'un roi), l'un des quatre citoyens proposés par le peuple..." La notion de pouvoir s'efface derrière un pouvoir issu d'une démocratie indirecte, un peu à l'image des Etats-Unis, mais derrière il y a donc une distinction donc entre les Etats-Unis ici outre l'analogie totale que j'exerce, il s'agit du sens du bien commun, la société utopienne prend sens sous cette forme de main invisible du bien commun, qui donc fait qu'elle n'est pas n'importe quelle société mais une société entièrement démocratique comme l'ajoute cet autre extrait : "Ces institutions [Sénat et Assemblées du peuple] ont pour but d'empêcher le prince et les tranibores de conspirer ensemble contre la liberté, d'opprimer le peuple par des lois tyranniques, et de changer la forme du gouvernement. La constitution est telllement vigilante à cet égard que les questions de haute importance sont déférées aux comices des syphograntes, qui en donnent communication à leurs familles. La chose est alors examinée en assemblée du peuple ; puis, les syphograntes après en avoir délibéré, transmettent aux Sénat leur avis et la volonté du peuple. Quelquefois même l'opinion de l'île entière est consultée." Cependant même si nous parlons de pouvoir et de hiérarchie totalement renversée donc même d'accomplissement total de la démocratie, il serait préférable d'y ajouter un "presque" : "Hors de la ville, il y a des boucheries... tenues propres au moyen de courant d'eau qui enlèvent le sang et les ordures. C'est de là qu'on apporte au marché la viande nettoyée et dépecée par les mains des esclaves : car la loi interdit aux citoyens le métier de boucher, de peur que l'habitude du massacre ne détruise peu à peu le sentiment d'humanité, la plus noble affection du coeur de l'homme." Bien sûr lorsqu'il est ici parlé d'esclave, il n'y a pas de concept ethniques qui jugent de la situation d'esclave, il s'agit plus d'une régularité par rapport à la loi. Il faut manquer à certaines règles pour perdre sa liberté donc. Il y a donc une preuve de contrat social, d'ailleurs personnellement une signification de la liberté en politique, la liberté ce n'est pas faire ce que l'on veut mais faire ce qui semble juste.
Pour conclure cette partie, Thomas More a fait dans l'Utopie, ce qui semble être un genre littéraire à lui même, le paroxysme d'une critique, une apologie politique bien évidemment il n'écarte pas la possibilité de l'erreur, l'utopie n'est vraiment donc pas ce que l'on croit, ce lieu qui n'est nulle part à des raisons d'exister tant son système politique accepte la possibilité de l'erreur. Nous allons donc nous pencher plus sur cet aspect politique.

Dans cette seconde partie, l'intérêt se portera donc sur l'imagination de cette société utopienne, que nous regarderons en bloc pour des raisons de simplicité même si ça peut contraindre légèrement la lecture, je ferais donc l'effort de ne pas entâcher votre lecture.
Cette seconde partie aura donc le droit à sa propre problématique, que je rappelle, quelles leçons nous fait part Thomas More sur la façon de faire et penser la politique ?
A des fins utiles et plus intéressantes donc, j'estime important de se servir de ce livre à l'origine de l'idée d'utopie pour expliquer ce qu'est vraiment l'utopie et d'en changer la donne sur ses idées reçues.

1 - L'utopie ne veut pas dire ce qu'on croit. La plupart du temps lorsqu'on entend utopie, où que l'on dit que c'est utopiste, c'est généralement des QI faibles qui se permettent de l'évoquer car y'a pas d'arguments de fond on pense que c'est une idée complètement irréaliste, or c'est faux, Utopie comme indiqué au début, veut juste dire lieu qui n'existe nulle part.

2 - L'utopie n'est donc pas forcément une idée ou un projet niais et/ou qui semble enfantin. L'Utopie de Thomas More semble plus représenter un système rationnellement constitué suivant des conditions et des possibilités diverses, à l'inverse cela ne ressemble pas du tout à une anomie, il y a des interdictions, des droits, des devoirs à l'image d'une société moderne. L'Utopie de More se discerne d'autres de part par rapport à ses valeurs induites qui sont le bonheur de ses citoyens, celui-ci commence par vivre selon la Nature (les spinozistes qui s'excitent) par exemple en faisant de la santé un plaisir indissociable du bonheur et faisant une distinction entre les plaisirs naturels et les plaisirs complémentaires mais en n'en gardant que les plaisirs donc nécessaires pour le bonheur, la luxure et la richesse (avarice) sont donc des plaisirs punissables par la loi.

3- L'Utopie peut-être une expression de son desir le plus profond. Chose que j'ai comprise avec ma prof de français en première, mais dont je me permets d'en parler ici. Vous connaissez sûrement Candide de Voltaire, une critique de la philosophie fataliste de Leibniz par rapport à Dieu. Cependant je vois cet oeuvre comme une incitation à s'intéresser à l'Utopie. Nous connaissons quasiment tous la phrase extrèmement célèbre : "Il faut cultiver notre jardin" provenant de l'épilogue. Le truc super intéressant à savoir, c'est la vie de Voltaire qui a l'image du jardin qu'on cultive, il finit par vivre en autarcie comme son rival philosophique Rousseau, ma prof de français aimait dire que c'était par mépris de l'existence humaine, ce dont je crois moyen venant de Voltaire qui portait de l'espoir auprès de l'existence humaine. De même More raconte à Érasme un étrange rêve dans une lettre datée du 4 décembre 1516 : « Je ne saurais dire combien j'exulte à présent, à quel point je me sens grandi, à quel point je me fais de moi-même une plus haute idée. J'ai constamment devant les yeux la preuve que le premier rang m'est à jamais réservé par mes Utopiens ; bien plus, j'ai déjà aujourd'hui l'impression de m'avancer, couronné de cet insigne diadème de froment, attirant les regards par ma bure franciscaine, tenant en guise de spectre auguste la gerbe de blé, entouré d'une insigne escorte d'Amaurates» Et il poursuit : « en grande pompe je marche au-devant des ambassadeurs et des princes des autres nations, qui nous font vraiment pitié avec leur sot orgueil, j'entends, de s'en venir parés comme des gamins, alourdis de toilettes efféminées, enchaînés avec cet or méprisable, et prêtant à rire avec leur pourpre, leurs pierres précieuses et autres babioles creuses »
Arrivé à la fin de sa lettre Th. More écrit : « J'allais poursuivre plus longtemps ce très doux rêve, mais l'aurore qui se lève, hélas ! a dissipé mon rêve et m'a dépouillé de ma souveraineté et me ramène à mon pétrin, c'est-à-dire au tribunal. Une chose me console pourtant : c'est que les royaumes réels, je le constate, ne durent pas beaucoup plus longtemps. Porte-toi bien, très cher Érasme» (J'ai fait copier-coller, de wikipédia sur ceci :) )



Maintenant que l'idée d'utopie est nettoyée de ses idées reçues, je peux enfin commencer.

Un système productif qui donne la primauté au bien commun : La gestion des besoins est divisée par plusieurs villes, car chacune de celles-ci a une spécification dans la production de biens. Un aspect ordonnée, des villes divisées en quatres zones de production et une cinquième zone hors de la ville pour les habitations des familles. Chaque produit est fabriqué de sorte à en avoir pour deux ans dans la mesure où une année de production se montre mauvaise. Bien évidemment toute la production n'est pas axée sur une idée de rendement car elle pourrait sinon entraîner la pauvreté des habitants de l'île ce qui n'est d'aucun intérêt.

Un système famillial bien clotûré : Chaque famille a un chef qui se trouve être la personne la plus vieille bien sûr si celui-ci n'est pas incapable d'exercer son rôle de chef. L'ensemble des pères de familles sont voués à faire les courses pour la famille. Les rapports sexuels sont illicites entre deux personnes qui ne sont pas au préalable mariés, le nombre d'enfants non pubères est illimités mais le nombre pubères est limite si une famille a trop d'enfant, l'enfant ira dans une famille qui en a peu ou aucun. La famille auxquel on appartient désigne par avance le métier que l'on va exercer sauf si l'on estime qu'on serait mieux dans une autre profession ce qui entrainera un changement de famille pour le concerné.

Un emploi du temps bien décidé : Le sommeil est une valeur importante car elle permet la santé, la lecture et le dialogue sont de mêmes importants pour faire travailler l'esprit. Après le souper, il est obligatoire de lire, avant le souper une lecture d'un livre de morale est imposée, Il n'y a pas de lieux de débauches ou de bars, les jeux sont interdits car favoriseraient les vices.

Une vie bien réglée : Les vêtements sont les membres sauf distinction particulière entre homme et femme, célibataire et marié. Il faut une autorisation pour quitter sa ville et voyager dans une autre. Tous les matins, il y a des cours du matin pour s'éveiller l'esprit, libre d'y accéder ou non.

J'en ai fini ici plus ou moins avec l'énumération des choses que l'on peut faire en Utopia, Lorsque nous lisons ceci, sans prisme ou plutôt avec mon prisme d'être "moderne" cela nous semble comparable à un état totalitaire et à du communisme (par forcément les deux en même temps, mais avec certaines bases en histoire on peut impliquer le "et") et c'est la principale critique de cette oeuvre mais est-ce une critique rationnelle ou une critique biaisée semblable au "Livre Noir du communisme" ? . Mais pour l'époque était-ce novateur ? Voici une autre question qui mérite d'être évoqué pour cette oeuvre mais dont je n'ai pas la réponse en raison d'un manque de connaissances historiques.

Et ainsi se termine mon travail pour cette oeuvre, il y a bien évidemment une multitude de chose à dire, je ne me suis pas montré très exhaustif et je pense de même que mon analyse mérite plus ample approfondissement, cependant si ce genre de format peuvent vous intéresser, n'hésitez pas à m'encourager et si vous pensez que d'autres choses sont à améliorer, n'hésitez pas à m'en faire part. Sur ce, Bon Noël et Bonnes Fêtes ! <3
 

Pièces jointes

  • Carte d'Utopia.png
    Carte d'Utopia.png
    615.6 KB · Affichages: 1
Dernière édition:
  • Like
  • Love
Réactions: 2 membres

Ragnarok

Initié(e)
Membre banni
20 Fev 2021
430
262
Très bonne synthèse. On a beaucoup écrit sur cette oeuvre. De mon point de vue elle a sa place dans deux lignées philosophiques bien distinctes.

La première part de l'Antiquité, passe par les philosophes de Lumières (Montesquieu notamment) et mène aux Pères fondateurs auteurs de la constitution américaine ou aux rédacteurs de la déclaration des droits de l'homme et du citoyen. Des magistrats élus, égaux aux autres, dans une terre de liberté, c'est le coeur battant de la démocratie.

La deuxième lignée dérive du volet théocratique du christianisme. La religion comme source de droit, c'est la préfiguration de l'idéologie comme source de droit. More ne se contente pas de confier le pouvoir à des familles et à des magistrats, il édicte à l'avance les lois à appliquer, dont le système politique qu'il imagine ne peut plus se saisir. Les incroyants sont par exemple exclus de plein droit, sans même qu'il soit besoin de voter une disposition en ce sens. Dans l'idée que des principes échappent à la volonté du peuple se trouve des ferments du totalitarisme.

A noter que la critique qu'il fait des nobles comme parasites de la société trouve un contrepoint plaisant dans l'analyse rétrospective des sociétés malthusiennes. Dès lors que toutes les ressources sont utilisées jusqu'au seuil où leur production marginale suffit à nourrir l'être humain qui les exploite, que se passe-t-il quand une classe oisive consomme une partie des biens sans rien produire ? Les ressources les moins productives ne peuvent plus nourrir leur exploitant, réduisant la production totale et par là la population (selon la théorie malthusienne), sans conséquence sur le revenu des travailleurs : chacun (hors classe oisive) disposant tout juste de quoi subsister et se reproduire. On pourrait dire que de ce point de vue, les riches ne coûtent rien aux pauvres ; ils font juste qu'il y en a moins.
 
  • Lune
Réactions: 1 membre