En effet, je me suis légèrement emporté en approchant le mythe du bon sauvage. La violence et les guerres étaient déjà présentes, vouloir les nier revient à rendre impossible sa conception du monde. Mettons la morale de côté, tu n'es pas le seul à ne pas l'apprécier dans les argumentaires, n'allons donc pas l'amener lors de pratiques qui peuvent déplaire. Dans quelle mesure cette violence apparaissait-elle ? Les communautés ne vivaient-elles pas en localités, chacune dans son coin ? Cette répartition locale des communautés sans aucune liaison entre elle (au niveau absolu) me semble montrer que la violence n'est pas fortuite. Les tribus, même en alliance, faisaient face à d'autres. Je proposerais que la base à tout cela soit la méfiance face à que l'on ne connaît pas mais aussi les relations conflictuelles entre les différentes tribus. Tout cela montrerait que ce qui vient en avant pour expliquer ces premiers conflits amenant à des scissions, c'est l'ignorance des déterminismes qui agissent en nous et en la personne qui fait face à nous (de quelconque côté cela soit-il).
La police me semble être la manifestation d'une illusoire pacification. Faut-il d'ailleurs rappeler tout ce qui s'approche du pacifisme ne siéra qu'aux personnes qui n'ont pas à craindre d'outrepasser la loi puisque leurs besoins sont remplis. Encore une fois, nous faisons face au souci suivant, après tant d'années : ce qui détermine les individus n'est pas pris en compte, ou seulement théoriquement, jamais réellement effectivement. En effet, il faut rappeler que cette illusoire pacification que représente la police consiste à faire régner l'ordre en passant par la loi, en passant par quelque chose qui fait interface entre les gens et qui s'inspire d'une grille politique qui ne s'adaptera jamais à la disparité de ce qui détermine les individus.
Une injure, une insulte, qu'on en soit offensée ou qu'on en profère, cela dénote une problématique en nous (le recours à la dimension morale empêchera d'aller plus profondément, tout accord sera donc voué à l'échec puisque tout conflit reposera dès lors exclusivement sur du subjectif, excluant le réel accord qui vient avec un point de vue qui se veut objectif, au-delà de la morale et toute erreur proviendrait donc soit du fait que l'on parle d'une chose différente, soit du fait que l'un des deux fait erreur dans l'interprétation des propos de l'autre).
Je n'ai pas envie de pointer ce qu'il y aurait à faire ou non, l'individu conscient de son acte saura lui-même ce qui lui vient. Ce qu'il manque aux gens, ce sont des informations et des informations, ce ne sont pas juste des données que l'on dispose devant elle, c'est aussi ce qui n'est pas dans ces données. Alors ce mec qui dévisage, ce que son acte bouleverse réellement, c'est la sensation de sécurité de l'individu qui a appris durant sa vie à associer ces comportements à des atteintes corporelles. Cela me semble donc peu étonnant qu'une violence responsive apparaisse. Par contre, on peut remettre ses conséquences en question, qu'est-ce que cette réponse peut engendrer ? Qu'est-ce qui pèse dans la balance entre les bénéfices et les risques ? Ca, c'est une réponse du point de vue individuel, évidemment.
Autrement, on peut s'intéresser à un point de vue collectif et avec des exemples plus poussés comme l'atteinte mortelle, qu'elle soit physique ou psychologique. Je n'ai donc pas donner d'indication sur ce qu'il faut faire. Par contre, à mon sens, il ne s'agit pas d'arrêter de répondre à ce qui nous atteint mais d'adopter, comme le cerveau humain (jusqu'à preuve du contraire) le permet, une pensée parallèle qui s'intéresse à ce qui détermine cet individu à faire tel ou tel acte et cela mènera irrémédiablement à continuer ce raisonnement dans l'absolu. En effet, qu'est-ce qui amène les gens à faire ci et ça ? Il faudrait tendre à ne pas tout enfermer dans une même bulle, ce serait fallacieux et donc contre-productif à long terme. On ne vit pas des agressions pour attendre les prochaines, les agressions sont bouleversantes et c'est en cela qu'elles provoquent de vives émotions en nous. On peut passivement attendre (ou se méfier, ce qui revient au même) une prochaine agression ou tenter une pensée en parallèle qui amènerait à réfléchir sur les moyens de faire en sorte que tout cela cesse réellement et à long terme. Toute émotion paraissant négative est une mine d'informations pouvant amener à ressentir bien des émotions dites positives.
Tâchons peut-être de permettre une meilleure vie aux prochaines personnes concernées par le genre d'acte dans le message initial de ce fil de discussion. Pour cela, si nous ne pouvons rien faire physiquement, nous pouvons encore permettre à la personne d'être déterminée avec ténacité. Déterminée pour que l'acte qu'elle a vécu cesse pour tout le monde en l'amenant à étudier les déterminismes qui poussent autrui à faire cela et donc à se saisir du monde qui l'entoure et à s'y sentir en moindre insécurité malgré l'insécurité qui continuera. Je ne parle pas de mieux vivre en perpétuant l'insécurité pour les autres, je parle justement de ne pas subir la perpétuation de l'insécurité et d'en profiter pour se donner un sens de plus dans sa vie pour tenter de faire en sorte qu'il y en ait toujours moins. Ca semble paradoxal de se motiver de ce qui nous agresse, c'est pourtant comme ça que la résilience se fera encore mieux à mon sens. La résilience, c'est resauter, sauter en arrière, cela permet une observation en-dehors de ses passions (=émotions subies ici) et cela permet en dernière instance d'augmenter les chances, à long terme, que les choses puissent cesser puisqu'autrement, la haine est augmentée par une haine réciproque (il fallait bien que j'inclue Spinoza pour la fin).