Les intempéries de mon ciel

Sky

Sage
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6 Fev 2024
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On suit le schéma :

2010 – Je suis née. Une lueur sur Terre. Petite étincelle d'humanité, cri de bébé inclus.
2011 – Ma première année. J'apprends à marcher, à tomber, à faire mes dents (et à les planter dans des objets non comestibles).
2012 – Toujours petite, mais avec plus de vocabulaire pour dire "NON".
2013 – Les dessins animés deviennent une passion, et les peluches mes confidents.
2014 – Je découvre la vie sociale à l'école. Je fais un dessin à quelqu'un = on est mariés.
2015 – Je maîtrise la balançoire, les boucles d'oreilles fantaisie, et le drame sur une petite boîte de jus renversée( et je plante mes dents dans des bras, quand je suis pas contente).
2016 – J'écris mes premières lettres en attaché, mais mon cœur commence déjà à s'emmêler.
2017 – Je lis. Je rêve. Je saute dans les flaques. Bref, je suis une enfant.
2018 – Je découvre que le monde n'est pas tout doux. Mais j'ai encore mes rêves comme armure.
2019 – L'avant des grands bouleversements. La dernière année "simple".
2020 – Mes 10 ans. Des bonbons qui piquent, une trahison amicale, et une leçon de vie en cadeau.
2021 – Le co… le co-co… le quoi ? LE COVID 😷. Confinée avec mes pensées (et du gel hydroalcoolique).
2022 – Maman tombe malade. Le monde devient flou, plus sérieux.
2023 – Elle se relève. Elle gagne. Elle brille. Et moi, je recommence à respirer.
2024 – Autre trahison (apparemment c'est annuel 😅). MAIS je découvre Adoasis (YOUHOUU).
Je rencontre des pépites humaines : Le_gars, Hubletto, Nebu, Vaiana, Hibiscus, Princesse_STAY... Et tellement d'autres, mais je manque de temps pour faire une liste...
L'année du chaos : disputes avec mes parents, premier amour, première rupture. La vie qui secoue quoi.
2025 – Je reviens un peu plus sur le fofo. Je parle tout le temps avec Juju, ma jumelle d'âme 💛, une magnifique découverte
(Et big up à Flo aussi si tu passes par là 🎀).
L'année n'est pas finie, mais elle promet déjà d'être un chapitre entier dans mon journal !!!!!
 
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Sky

Sage
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6 Fev 2024
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Aujourd'hui, tout se passait bien. Une journée normale. Du moins, jusqu'à 19h55 exactement.


J'étais sous la douche, seule à la maison. J'avais pris soin de prévenir mon père que je ne pourrais pas répondre pendant ce moment-là. Juste une douche, quelques minutes de calme, de vapeur et d'eau chaude sur ma peau. Un tout petit moment à moi.


Mais à peine sortie, à peine le temps d'enrouler mes cheveux mouillés dans la serviette, j'entends la sonnette retentir. Puis le téléphone fixe qui hurle, encore et encore. Tout s'emballe.
Je cours, pieds nus, la peau encore trempée, avec seulement une serviette autour de moi. J'ouvre la porte.
Et là.
Je n'avais encore jamais eu peur de mon père.
Mais maintenant, je peux cocher cette case.
L'expérience a été vécue. Et j'aurais aimé ne jamais savoir ce que ça faisait.


Il criait. Fort. Tellement fort.
Des hurlements pleins de rage, comme s'ils étaient dirigés contre moi, contre ma simple existence.
J'ai reculé, puis couru, paniquée, jusqu'à la salle de bain. Je me suis enfermée à double tour.
Et là, il a frappé.
Deux fois. Mais c'était suffisant pour que mes jambes cèdent.
Des coups secs, violents, brutaux. Le genre de coups qui te font croire que la porte va céder, exploser sous la colère.
Et lui, dehors, toujours en train de hurler.
Moi, recroquevillée contre le carrelage froid, la serviette à moitié tombée, la peau glacée, les larmes qui coulaient sans fin.


Des larmes salées, chaudes, qui dévalaient mes joues sans discontinuer.
Ma respiration s'est emballée, de plus en plus rapide, de plus en plus floue, comme si mon corps s'éloignait de moi-même.
Ma vision s'est brouillée.
Ma tête tournait.
J'ai cru faire un malaise. Un vrai. Ou pas. Je ne sais même plus.
C'était comme flotter et couler en même temps.


Juste cette sensation d'oppression dans la poitrine, cette incapacité à reprendre mon souffle.
Comme si l'air me manquait, alors que j'étais là, prostrée, enfermée, mais pas à l'abri.


Je ne sais pas combien de temps je suis restée là, recroquevillée dans un coin de la salle de bain.
Mais je sais que ces minutes ont été les plus longues, les plus violentes, les plus terrifiantes que j'ai vécues.


C'était pas une dispute. C'était pas un désaccord.
C'était de la peur. Pure. Brute. Sèche.
Et mes larmes, elles, n'ont jamais vraiment cessé. Même maintenant en écrivant, elles reviennent.
Incessantes. Incontrôlables. Comme un trop-plein qui ne trouve plus où aller.


Je crois qu'à partir de ce soir, quelque chose a changé.
Pas en grand. Pas visible. Mais en moi.
Un petit coin de moi s'est fissuré. Et je ne sais pas encore comment le recoller.

Comme une ironie du sort, ma mère — absente toute la semaine — n'est pas là ce soir non plus.
Et moi, qui ai sauté tous les goûters depuis lundi, qui traîne la fatigue comme un vieux pull,
j'ai très faim, en général.
Mais ce soir…
Je crois que je n'ai pas faim.
Pas de place pour la nourriture dans un corps qui tremble encore.
Alors je n'irai pas manger.

Autre ironie : un message qui clignote sur le groupe familial.
"Tout se passe bien ?"
Envoyé par ma mère, comme une question lancée dans le vide.
Et moi, pas envie de mentir.
Mais pas la force de dire.
Alors je laisse le message non lu,
comme une parenthèse que je ne veux pas refermer.
 
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Sky

Sage
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6 Fev 2024
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AHHHH ça fait longtemps que j'ai pas écrit ici, snif snif 😢. Bon, pour être honnête, rien de vraiment fifou dans ma vie en ce moment, à part un truc qui m'angoisse à mort : un anniversaire du 7 au 8. Je suis invitée mais... JE CONNAIS UNE PERSONNE SUR NEUF. UNE. PERSONNE. SUR. NEUF. Je vais littéralement mourir, c'est sûr 😭. En plus, on dort là-bas… DANS DES TENTES. Je répète : dans. des. tentes. LA GALÈRE ULTIME. Dormir chez des gens que je connais à peine, avec ma timidité ? C'est pas une soirée, c'est un test de survie.


Et comme si c'était pas déjà assez, j'sais même pas comment m'habiller. Genre c'est sur deux jours, donc faut prévoir une tenue "je fais genre je suis à l'aise alors que pas du tout", un pyjama "trop cool mais pas trop chelou non plus", un truc pour le matin "je suis trop réveillée alors que je veux juste rentrer chez moi", bref, C'EST TROP. Mon dressing entier suffirait à peine.


Et puis, petit bonus du moment : mes cheveux ont décidé de me faire la guerre. Ils coopèrent plus. Ils vivent leur vie, ils frisent n'importe comment, gonflent pour rien, bref ils m'ont lâchée. La trahison capillaire, c'est terrible. Merci la vie.


Niveau santé ? Toujours VDM, évidemment. J'ai hyper mal aux genoux. Je boîte à moitié comme une mamie de 86 ans, et j'ai même pas droit aux réductions. J'ai un scanner bientôt, puis un autre rendez-vous avec un spécialiste. Encore. J'en ai marre. Et bien sûr, les escaliers au collège sont toujours là à me rappeler ma souffrance.


Mais bon, y'a quand même une petite lumière au bout du tunnel : la fin d'année approche (ALLÉLUIA 🙏 !!! ). Sauf que voilà… je passe au lycée l'année prochaine. Et comme si c'était pas suffisant : je vais me retrouver sans aucun de mes potes. Genre, même pas un demi-ami. Seule. Déposée. Abandonnée. MAIS LE DESTIN NE S'ARRÊTE PAS LÀ ! Apparemment, les gens de l'anniv (ceux que je connais pas donc, rappelez-vous) bah ils vont être dans mon futur lycée. Voilà. Fantastique. Je vais devoir me réinventer socialement avec des gens qui m'auront vue dormir dans une tente en panique sociale complète.


Ma timidité ? Elle va me tuer avant septembre. Je suis pas prête. Mais bon, au pire, je me transforme en caillou. Posée dans un coin. Discrète. Oubliée. Invisible. Et peut-être que quelqu'un viendra m'arroser comme une petite plante fragile.


Voilà, journal, c'était le chaos de mes pensées. Rien de fou, mais parfois, juste vider son cœur un peu, ça fait du bien.
Bonne nuit/journée

ET FAIS MOI PLAIZIIRRR
PLANTE MOI UN SOURIRE SUR CETTE JOLIE FRIMOUSSE
ET VOILA ENCORE PLUS BEAU / BELLE GOSSE
💖💖💖💖💖
 
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Sky

Sage
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6 Fev 2024
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Borf.🤷‍♀️
Rien de fou aujourd'hui. Une journée de cours banale.🤸
Rien de WAOUUUH, rien de BEUURKK.


Mais…
Y'a eu ce moment, entre deux heures de cours, où j'ai explosé de rire avec mes copines.
Un fou rire débile. De ceux qui attrapent sans prévenir, qui t'obligent à te plier en deux, à poser ta tête sur la table en priant pour que le prof ne te grille pas.
Ces moments-là, j'en veux mille.
Merci à elles. Vraiment.💖
Pour ces secondes où j'oublie tout.
Pour ces secondes où ma tête se vide, juste du rire, du vrai.

Mais évidemment, la soirée avait encore une dernière carte à jouer.
Dispute avec mes parents.
Parce que j'ai eu le malheur de dire que c'est pas la fin du monde si les chaussures traînent tant qu'à la fin elles sont rangées.
Et là, BAM, ils sont partis dans une tirade dramatique.
Moi, j'étais là, en mode "???".
Je veux dire… C'est des chaussures.


Mister Brocolis / Stylo Vert / Yeux Noisette-qui-me-perturbe-tellement, a fait son apparition avec une question improbable :

– Y'a du vert dans mes yeux ou pas ?
Non mais sérieusement ???
Je lui ai sorti une vanne : "Seulement quand Saturne, Mars et la Lune sont en formation triangulaire inversée."
Il a ri. J'ai ri.
(Oui, j'avoue, y'avait un peu de vert. Mais chut.)


Mais devine qui a pas aimé me voir trop bien ?
Pierre. (->Monsieur "ça va me manquer après ça..")

– Salut, princesse.

– T'étais pas censé me laisser tranquille, aujourd'hui ?

– T'as cru que deux rires et un garçon aux yeux noisette allaient me faire fuir ?
J'suis plus coriace que ça, moi.

– J'ai pas envie de parler, Pierre.

– Moi, j'ai envie. Et comme d'habitude, j'impose.
Tu sais ce que j'ai vu, tout à l'heure, pendant que tu riais avec tes copines ?
J'ai vu l'arrière-goût. Le petit pincement juste après.
Le "ça va me manquer", celui que je t'ai soufflé à l'oreille.

– T'as pas le droit.

– J'ai tous les droits. T'as oublié ?
C'est moi qui campe dans ton ventre les soirs de stress.
C'est moi qui pèse sur tes épaules quand tu fais semblant que tout roule.
C'est moi qui te rappelle que le temps passe et que tu détestes les au revoir.

– J'vais changer d'établissement, Pierre. Tu crois que j'le sais pas ? Tu crois que j'ai besoin que tu viennes me le tatouer dans le crâne tous les jours ?

– Tu fais genre t'es prête. Mais j'te connais, princesse. T'es la fille qui serre les dents pour sourire.
La fille qui a peur de pas être remarquée dans un nouveau groupe.
Qui se demande si elle va encore réussir à créer des liens, ou si cette fois, elle restera sur le banc.

– Je déteste quand t'as raison.

– Je sais. C'est pour ça que tu me fuis.

– Et tu viens jamais seul. T'as ramené qui cette fois ?

– Bah, toujours la même team.
"T'en trouveras jamais des comme ça au lycée" voulait te faire coucou.
"Elles vont souder le groupe sans toi" a préparé une p'tite lettre d'adieu.
Et "Tu vas disparaître", elle boude dans un coin mais elle est bien là.

– Vous êtes lourds.

– On est toi.

– C'est ça le pire.

– Tu sais, Pierre, des fois j'me dis que je suis pas si nulle.
Que je finirai par m'adapter.
Que j'vais rencontrer des gens biens.
Que j'oublierai peut-être même un peu le collège.

– Peut-être.
Mais est-ce que t'as pensé au vide ? Aux anniversaires où t'seras pas invitée parce qu'ils t'auront oubliée ?
Aux appels qui s'espaceront ?
Aux souvenirs qui resteront coincés dans leur passé et pas dans le tien ?

– …

– Tu vas leur manquer, tu sais. Mais ça veut pas dire qu'ils te le diront.

– Tu veux que je pleure ?

– Pas forcément. Juste que tu saches.

– J'en ai marre, Pierre.

– Tu m'auras toujours, princesse. T'inquiète pas. Même dans les beaux jours, j'saurai comment revenir.
Juste quand t'iras mieux, hop, j'm'invite.

– J'vais te chasser un jour, tu sais ?

– Peut-être. Mais aujourd'hui, t'as encore besoin de moi pour mettre des mots sur ton vide.

– J'suis fatiguée.

– Je sais.

Et là, Pierre se tait.
Il reste, comme une ombre collée à ma silhouette.
Il me tend un mouchoir mental, s'assoit dans un coin, me regarde respirer.
Il n'est pas méchant.
Il est juste… là.
 

Sky

Sage
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6 Fev 2024
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Journée lumineuse, moral en hausse.


Aujourd'hui, c'était vraiment trop bien.
Y'avait la remise des prix du concours d'italien — et devine quoi ?
J'ai terminé première régionale.
Moi. Première. Régionale.
Ça fait drôle de le dire. Même en l'écrivant, j'ai du mal à vraiment le sentir. Mais au fond de moi, y'a un petit sourire qui flotte et qui dit "bravo". Et franchement, il fait du bien, ce sourire.


En plus, vendredi soir, c'est le concert d'Ed Sheeran au Vél ( Vélodrome (oui, le gros stade à Marseille — si t'es pas de là bas)).
Et je suis surexcitée.

Mais…
Y'a ce mais, là, qui revient.


J'ai remarqué un truc.
J'ai l'impression que je vis en fonction de ce que j'attends.
Le concert, c'est le point lumineux de la semaine.
Ensuite, ce sera l'anniv.
Ensuite, ce sera l'oral du brevet.
Et ainsi de suite.


Comme si je sautais de date en date, en espérant que chacune soit "la bonne", celle qui me fera me sentir vivante.
Mais du coup… j'profite jamais vraiment du "maintenant".
La journée d'aujourd'hui, elle était bien, vraiment. Mais j'ai presque envie de la mettre en pause jusqu'à vendredi soir.
Et c'est triste, non ?
De vivre en avançant les yeux sur la ligne d'arrivée au lieu de regarder autour.


Ah, et Pierre est repassé.
Vite fait.
Un petit "Salut princesse" dans un coin de ma tête, mais il s'est pas attardé.
Je crois qu'il a compris que c'était pas son moment.
Même lui, parfois, il sait quand il n'a pas besoin d'appuyer plus.


Sinon… j'ai ce truc avec la validation qui me dérange.
Ce besoin de me sentir "ok" aux yeux des autres.
Comme si chaque interaction devait me confirmer que je suis assez.
Assez bien. Assez drôle. Assez intelligente. Assez gentille. Assez "cool".
Je sais pas pourquoi j'fais ça, mais ça me colle à la peau.


Peut-être qu'un jour j'apprendrai à me valider moi-même.
À pas attendre que le regard des autres me dise que je mérite d'être là.
Ce serait bien !
 

Sky

Sage
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6 Fev 2024
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Pas de cours pour moi aujourd'hui.
Merci l'insolation chopée ce week-end à un anniv en plein soleil.
(Il faisait chaud. Moi j'étais en mode "c'est bon j'vais gérer". Résultat : KO technique 24h plus tard. Belle ambiance.)

Donc ouais, journée un peu floue, gros mal de crâne, mais bon… j'ai pas rien fait non plus.
J'ai passé quasiment deux heures à bosser sur une fiche Canva pour une pote qui m'a confié qu'elle faisait des crises d'angoisse.
J'me suis lancée dans un marathon de recherches, de "comment calmer une crise", "techniques de respiration", "phrases à se répéter" et j'en passe.
Alors que, fun fact, quand c'était moi qui faisais des crises, j'ai même pas pris la peine de taper quoi que ce soit sur Google.
Mais pour elle ? Bah j'ai foncé.
J'crois que c'est mon langage à moi, ça : me plier en quatre quand je tiens à quelqu'un.

Et puis... petit bonus inattendu du jour :
Mon ex m'a envoyé un message.
Il m'a demandé si ça allait. Genre vraiment demandé.
Il avait appris pour mon insolation. Et tu veux savoir comment ?
"Je l'ai entendu en cours."
Ah. Donc mes copines m'ont balancée.
(Merci les filles, je vous aime quand même fort 😭❤️)

On a un peu discuté. C'était marrant, ça m'avait manqué ce genre d'échanges.
Pas en mode love hein, faut pas s'emballer — juste ce feeling amical, simple, léger.
Celui où tu rigoles un peu, tu prends des nouvelles sans pression.
Ça m'a fait du bien. Vraiment.


Et pendant que je faisais tout ça...
Mon oral du brevet c'est demain.
Ouais ouais, DEMAIN.
Le stresse TOTALE
 
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Sky

Sage
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6 Fev 2024
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L. s'éloigne.
Je sais même plus si on est encore amies.
Elle reste plus avec nous.
Quand elle est là, elle flotte, comme une présence qui a oublié comment être vraiment présente.
Et ça me fait mal.
Parce que c'est la dernière année.
J'ai peur qu'elle parte comme ça, sans qu'on se dise au revoir pour de vrai.

On s'est retrouvées, comme d'habitude, à notre table au self.
Pas d'endroit spécial, juste notre coin, à l'intérieur, là où on refait le monde entre deux fourchettes.
Et aujourd'hui, le sujet c'était… le lycée.


« J'en peux plus du collège. »
« Vivement qu'on se casse. »
« On va revivre là-bas. »


Moi, j'ai rien dit au début.
Et puis j'ai esquissé un « Ouais, moi aussi… » à peine audible, entre deux bouchées.
Mais dans ma tête, ça hurlait : Non. Moi, je veux pas partir.


Parce que je vais plus les voir.
Parce que j'ai l'impression de déjà être un peu en dehors du groupe, comme si j'étais en train de glisser sans qu'elles s'en rendent compte.
Et j'veux pas les inquiéter.
Alors je souris.
Je fais comme d'habitude.
Je dis une vanne, je rigole plus fort, je suis « celle qui parle beaucoup ».
Mais à l'intérieur, je compte les secondes qu'il nous reste.


Et E., ma meilleure amie, elle a compris.
Sans que je dise un mot.
Elle m'a regardée, les yeux tout doux, et m'a glissé :
« Demain, on va pas en italien. Tu viens chez moi. On mangera des pates. »


Et j'ai souri. Vraiment.
Ça faisait longtemps qu'on avait pas passé du temps comme ça.
Sans le groupe.
Juste elle et moi.


Mais j'ai peur aussi.
Des fois, j'ai peur qu'elle me lâche.
Elle est très proche de M., la meilleure amie de L.
Et moi je les aime, toutes les deux.
Mais j'ai ce petit doute qui me serre le ventre :
« Et si un jour, elle riait plus fort avec elle qu'avec moi ? »


À la récré de 15h, D. a lancé :
« Demain je finis à midi, si quelqu'un veut faire une sortie, j'suis opé ! »
J'ai levé les yeux, un peu raide.
J'ai eu peur qu'E. dise oui.
Qu'elle change d'avis.
Mais elle a rien dit. Elle m'a regardée. Et c'était suffisant.


Plus tard, elle a confirmé :
« Je veux qu'on soit que toutes les deux. »


Et là, je me suis dit que j'avais de la chance de l'avoir, E.
C'est pas une amie comme les autres.
C'est plus que ça, même si j'ai jamais su dire exactement quoi.
Je l'aime fort, E.
Pas plus que les autres, mais différemment.
C'est pas vraiment explicable.
C'est comme une évidence.


Et puis… y'a eu ce moment.
En cours d'histoire-géo.


Notre prof a annoncé qu'il avait été muté.
L'année prochaine, il sera plus là.
Et là, j'ai senti ma gorge se serrer.
Mon prof préféré.
Celui qui parle avec passion, celui qui te fait aimer la matière rien que par la manière dont il regarde la salle.
C'est con, j'vais plus être au collège, mais…
ça m'a fait quelque chose.


J'avais les yeux brillants, et à côté de moi, il y avait Brocolis.
Toujours là au pire moment, hein.


Il m'a regardée et a dit :
« Tu vas pleurer ? »
J'ai répondu non, la voix un peu étranglée.
Il a souri, mi-moqueur mi-sérieux, et a lâché :
« Ça doit être ça. »
J'ai roulé des yeux, souris un peu, et j'ai balancé un :
« Ta gueule. »


Mais avec douceur.


C'est fou comment on peut avoir le cœur lourd et rire quand même.
Comment tout tient parfois à une seule phrase, un regard, une attention...
 
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Sky

Sage
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6 Fev 2024
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Aujourd'hui… procrastination max.
Rien de productif, rien de glorieux. Juste moi, mon lit, mon téléphone, et cette sensation d'avoir laissé filer les heures sans trop savoir pourquoi.

--------------------------
Mais au milieu de ce grand vide mou, j'ai eu une clarté. Un déclic doux, tranquille, sans foudre ni tambours :
j'ai envie de me tourner un peu plus vers ma foi.
Je suis chrétienne catholique, baptisée, j'ai fait ma première communion.
Mais j'ai un peu perdu le fil avec le temps.


Et pourtant… cet après-midi, sans prévenir, j'ai fermé la porte, fermé la fenêtre, comme pour me créer une petite bulle rien qu'à moi.
Je me suis posée. Et j'ai prié.
Pas longtemps. Pas parfaitement.
Mais sincèrement.


Et c'est là que c'est arrivé.
Une brise chaude, presque irréelle, a soulevé mes cheveux.
Dans ma chambre fermée.
Comme une caresse. Une présence douce.
Rien de spectaculaire, juste un frisson chaud qui a enveloppé mes épaules.


Et j'ai compris que ça m'avait manqué.
Pas juste prier. Mais me sentir connectée à quelque chose de plus grand, plus calme, plus vrai que tous les trucs du quotidien.
J'ai envie de redevenir plus praticante, même si je suis la seule dans mon groupe d'amies à croire à tout ça.
C'est pas grave.
C'est mon chemin, pas le leur.
--------------------------------------------
Je suis restée éveillée jusqu'à minuit.
Juste pour voir le chiffre changer. Pour voir le 15 s'afficher.
Le 15 juin.


Ça y est.
Le milieu du mois.
Le mois de la fin.


C'est peut-être rien pour d'autres, une date banale.
Mais pour moi, c'est un point de bascule.
C'est la dernière ligne droite.
Semaine de révisions. Brevet. Et… terminé.
Le collège, terminé.
Rien que de l'écrire, ça serre un peu.


Je réalise que je ne suis pas tout à fait prête.
Pas prête à dire au revoir aux couloirs, aux rires partagés à la va-vite, aux regards échangés en cours quand le prof disait une bêtise.
Pas prête à quitter les gens avec qui j'ai grandi, même si parfois on s'éloigne, même si les liens se distendent.


Le 15 juin, c'est pas juste une date.
C'est un rappel.
Qu'on y est presque.
Qu'on touche à la fin.
Et que même si on râlait tout au long de l'année, même si on attendait ce moment avec impatience…
Ben là, maintenant, ça fait un peu mal.


Et forcément…
Pierre était là.
Plus présent que jamais.
Collé à mes pensées, assis sur mon lit, jambes croisées, comme s'il attendait que ça déborde.


– Tu pleures, princesse ?
– Non.
– Si. Tu fais ce truc bizarre avec ta bouche et tes yeux brillent.
– C'est rien, laisse.
– C'est jamais "rien", avec toi.
– C'est trop, Pierre. Ça va trop vite.
– Bah ouais. T'as cligné des yeux, et boum. Fin du chapitre.
– J'ai pas eu le temps de profiter.
– Si, t'as profité. Mais maintenant t'as peur d'oublier. Et t'as peur d'être oubliée.
– J'ai peur que rien soit plus pareil.
– Ce sera pas pareil. Mais ça veut pas dire que ce sera moins bien. Juste… différent.
– J'aime pas différent.
– Je sais.
– Tu veux qu'on fasse quoi, Pierre ? Que je pleure maintenant ou plus tard ?
– Pleure maintenant. Après t'auras les joues plus légères pour avancer.
– Tu restes ?
– Toujours. J'suis ton fantôme préféré, non ?
- J'ai peur. De comment ça va être après.
- Ca va aller. y'a les vacances !
- Et après ?
- Après... On verra bien, mais je serais là.

Le 15 juin, c'est pas juste une date.
C'est la fin d'un monde minuscule, mais qui était le mien...
Joyeux 15 juin à tous...
 
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Sky

Sage
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6 Fev 2024
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Aujourd'hui, c'était une journée un peu comme les autres, et pourtant j'en ressors toute chiffonnée.


Je me suis embrouillée avec E. Rien de grave, rien de sérieux. Un malentendu débile comme on en a tous. Mais sur le moment, j'ai senti un bloc de trop dans la gorge. Le genre d'embrouille qui laisse un goût amer parce que t'as pas voulu ça. J'ai fini par m'excuser, même si franchement… j'avais rien fait.
Juste parce que j'en peux plus d'avoir des tensions, pas maintenant. Pas à la fin. J'ai plus la force.


Et puis, au self, autour de cette table trop familière, les filles ont encore parlé du lycée.
En boucle. "Putain j'en peux plus du collège", "vivement qu'on se casse"…
Leurs voix se superposaient, comme une radio trop forte que je pouvais pas éteindre.
Moi, j'écoutais, je souriais, j'hochais la tête.
J'ai même lâché un petit "ouais, carrément". Mais à l'intérieur, ça criait "non".
Moi, je veux pas partir. Pas comme ça.
Pas maintenant. J'ai pas fini de vivre tout ça.


Plus tard, j'ai fermé les yeux un instant et je me suis retrouvée avec Pierre.


— Encore toi, il a dit en souriant.


— Encore moi, j'ai soufflé. J'avais besoin.


On a marché un peu, tranquillement, dans ce lieu étrange qui ressemblait à une maison, mais pas tout à fait. Il y avait des murs, des couloirs, et pleins de pièces vident.


— C'est quoi cet endroit ? j'ai demandé.


— Ta maison. Enfin… celle où vivront tes sentiments, quand tu seras prête à les laisser s'installer.


— Et pour l'instant, ils dorment dehors ?


Il a rigolé.


— Pour l'instant, certains errent, d'autres tapent à la porte. D'autres attendent que tu viennes les chercher.


On s'est arrêtés au milieu d'une pièce vide. Pas froide, pas triste. Juste… vide.

— J'ai pas envie de laisser partir mes amis, je crois. Mais eux, je sais pas ce qu'ils en pensent...

Avouais-je.

— Tu sais, quand les gens s'éloignent, quand ils partent... ça libère de l'espace. Ça laisse de la place pour d'autres.


Il m'a regardée, et dans ses yeux, y'avait rien de cruel. Juste une vérité douce.


— C'est pas triste, c'est comme respirer plus grand. T'as juste encore les bras tendus vers l'ancien monde.


J'ai souri, malgré moi.


— Tu devrais dire ça à Juju, j'ai murmuré. Elle aurait besoin de l'entendre. Elle est comme moi. Elle a peur de voir les gens partir.


Il a haussé les épaules, un peu amusé.


— J'ai envie de reparler à T, tu sais mon ex, j'ai lâché, presque dans un souffle.


Pierre a tourné la tête vers moi, sans jugement.


— Tu veux lui dire quoi ?


— Rien de spécial. Juste… parler. Il me comprenait bien, tu vois ? C'est bête, mais j'ai l'impression que personne me capte comme lui.


— Alors pourquoi tu ne le fais pas ?


— Parce que j'ai pas envie qu'il pense que j'ai encore des sentiments.
C'est pas ça. J'ai juste besoin de quelqu'un qui me voit vraiment.
Et j'ai pas la force d'expliquer ça à quelqu'un qui pourrait mal l'interpréter.

Pierre a hoché la tête.
Un courant d'air un peu plus froid que d'habitude m'a frôlée. Et soudain, comme sorti de l'ombre d'un coin de mur, un gars est apparu. Il s'est avancé, mains dans les poches, le regard dur, presque lassé.


— Bah tiens, fallait bien que ça arrive, a-t-il lancé d'une voix sèche. Tu balances T et me voilà.


— T'es qui ? j'ai reculé, le cœur battant.


— Je suis… je sais pas, appelle-moi Silas. Ou ton attachement relou à ce gars, c'est pareil.


Pierre s'est raidi à côté de moi. Moi, j'ai paniqué.


— Attends, attends... C'est pas ça. J'ai juste dit que je voulais lui reparler, c'est tout !


Silas a roulé des yeux.


— Ah ouais ? Juste reparler ? Comme ça, en mode "salut-ça-va" ? Tu m'prends pour un pigeon ou quoi ? T'as jamais su faire les trucs à moitié avec lui.


— Mais c'est vrai ! J'ai pas envie de me remettre avec lui, j'ai juste besoin de… de retrouver un peu de ce qu'il comprenait chez moi. C'est tout !


Pierre est intervenu calmement :


— Doucement, Silas. Elle a pas dit qu'elle voulait retomber dans le passé. Elle cherche un peu de stabilité, c'est pas un crime.


— Ouais ben qu'elle trouve cette stabilité ailleurs, grogna Silas.
Parce que moi, j'vais pas rester dans le coin pour la voir jouer à "j'avance, mais je regarde derrière". J'ai pas signé pour ça.

Je me suis retournée vers Silas. Il avait croisé les bras, le regard un peu moins dur.

— Du coup, tu crois que je lui envoie un message ou pas ?

j'ai laissé cette phrase s'échapper.

— À tes risques et périls.

Me dit-il avec un regard perçant


— Je te déteste, j'ai murmuré.


Il a esquissé un rictus.


— Normal. Moi aussi, parfois.



J'ai pas envoyé de message.
 
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Sky

Sage
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6 Fev 2024
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Franchement, aujourd'hui, y'a pas eu grand-chose. J'ai pas eu de révélation pas d'embrouille, pas de moment marquant. Juste… une journée calme. Et en vrai, ça fait du bien aussi.


Mais y'a un petit truc dont je suis fière : j'ai bossé les équations en maths !!!
Une bonne demi-heure d'exercices, sans tricher, sans zapper.
J'étais dans ma bulle, en train de poser mes x et mes égalités, et j'ai quasiment tout réussi.
J'crois que j'ai eu qu'une erreur, et encore,
c'était juste parce que j'avais pas assez développé ma réponse, pas parce que j'avais mal compris.
Ça peut paraître bête, mais pour moi, c'est pas rien.
C'est même assez rare pour être noté.
Moi, qui dit souvent "j'suis nulle en maths", bah aujourd'hui j'ai eu un petit moment de "eh, en fait, j'me débrouille".
 
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Sky

Sage
Auteur du topic
6 Fev 2024
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J'arrive pas à mettre exactement des mots sur ce que je ressens, mais aujourd'hui, j'ai eu mal. Pas physiquement. Pas vraiment pour une seule chose. Mais un de ces petits jours où tout s'accumule, et où on finit juste triste.
Juste… très triste.....
Très très triste.


L, c'est terminé. Enfin, je crois. Je pensais pas que ça finirait comme ça.
Elle ne nous parle presque plus.
Elle ne vient plus à notre point de rendez-vous le matin.
Elle ne joue plus avec nous.
Elle ne rigole plus.
Juste un petit "salut, ça va ?" froid, mécanique, comme si on était des collègues ou des connaissances, pas des copines.
J'ai eu envie de pleurer rien qu'en l'observant.
Je me suis retenue, mais mes yeux piquaient un peu.


J'suis déçue.
Parce que j'ai raconté des choses à L.
Des choses que je raconte pas à tout le monde.
Je pensais que ça voulait dire qu'on allait se rapprocher, qu'on allait devenir plus proches encore.
Je sais pas… J'y croyais.
Je voyais un lien qui allait se renforcer, pas se dissoudre dans le silence.


Mais voilà.
Soyons déçus. ^^


Au self, j'ai mangé avec E et D.
Les autres sont rentrées chez elles.
E et D étaient très proches, très complices.
Et moi, encore une fois, je me suis sentie de trop.
J'écoute beaucoup ces temps-ci.
Je parle peu.
J'essaie de m'inclure dans les conversations, mais parfois j'ai l'impression qu'il y a des choses que je comprends pas, des références qui me passent au-dessus.
Comme si elles faisaient des sorties sans moi.
Comme si des trucs se passaient sans que je sois au courant.
Comme si j'étais déjà un peu oubliée.


Elles ont parlé de la fête de la musique.
Je pourrais pas y aller.
Et elles, elles ont prévu de sortir ensemble. Encore.
Et moi, encore une fois, je ne serai pas là.
Elles vivront des trucs.
Elles auront des souvenirs communs.
Et moi, je serai chez moi.
À attendre que ça passe.
À regarder leurs stories.
À me sentir loin.
Elles vont rire.
Et moi, je vais me demander si elles penseront à moi, ne serait-ce qu'une seconde.


Et puis, évidemment, elles ont aussi parlé du lycée.
Moi, je les écoutais.
E m'a balancé un petit truc, une phrase qui a l'air de rien, mais qui m'a traversée comme une lame fine :
"Je pense qu'au lycée, je resterai amie qu'avec M."
Ah.
Ok.


Je le savais.
Bien sûr que je le savais.
Depuis longtemps.
Mais l'entendre… c'est autre chose.
Entendre que je suis pas dans leurs plans, que je suis pas dans leur futur.
Que je fais pas partie du "après".
J'ai l'impression d'être la seule à ne pas vouloir partir.
La seule qui ne veut pas encore tourner la page.
Les autres parlent du lycée comme d'un truc excitant, elles font des projets, elles sont déjà ailleurs dans leur tête.
Moi je suis toujours ici.
Je suis encore accrochée à la main du collège.
J'ai pas envie de lâcher.
J'ai pas envie que ça se termine comme ça.


Et avec tout ça, en cours, j'ai pleuré.
Pas bruyamment, non. Personne ne l'a vraiment vu.
Mais j'ai pleuré. Juste en entendant des phrases comme :
"C'était un plaisir sincère de vous avoir."
"Je me souviendrai de vous."
"Vous allez me manquer."
Ces phrases-là.
Celles que les profs on dit sans y penser.


C'est bête, mais j'ai envie que tout le monde soit triste comme moi.
J'ai envie que ça leur fasse mal aussi, que ça les bouleverse.
Mais elles ont l'air si calmes, si déjà tournées vers la suite.
Et moi, j'ai le cœur encore bloqué ici.
Dans cette cour, dans ces rires, dans ces rituels du matin, dans les petits bonjours, dans les câlins de L qui n'existent plus.


Je voulais pas que le collège se termine comme ça.
 
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Sky

Sage
Auteur du topic
6 Fev 2024
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Oui, je sais. Ce n'est pas la fin de la journée.
Mais j'ai besoin d'écrire ça maintenant.
Parce que là, je suis encore pleine de gratitude, encore un peu tremblante, encore un peu chavirée.


J'ai le meilleur frère du monde.
Je le dis haut et fort.
Je le crie même, s'il le faut.


Ce midi et ce soir, on est tout seuls.
Les parents sont à une fête, loin, occupés.
Et nous, on est restés à la maison. Juste nous deux.
Tranquilles, enfin, en apparence.


On mangeait.
Rien de spécial. Un repas simple.
Mais il m'a observée. Longtemps. Silencieusement.
Puis il a attaqué.


"Qu'est-ce qui va pas ?"


Et j'ai rien dit.
"Je veux pas en parler."
"Laisse-moi."

Encore et encore.
Je me suis refermée comme une huître.


Mais lui, il a pas lâché.
Vingt minutes. VINGT minutes à me poser la question.
À tourner autour. À reformuler.
À ne pas abandonner.


Et moi, j'étais là, à repousser, à détourner, à essayer de faire semblant.
Mais lui, il voyait bien.
Il voyait que j'étais au bord.
Au bord du bord.


Alors, il s'est levé.
Il m'a fait me lever aussi.
Et sans un mot, il m'a allongée sur le canapé.
Ma tête sur ses cuisses.


Et là.
Là, j'ai tout lâché.
Comme une digue qui pète d'un coup.


Je lui ai tout dit.
Les filles.
Le collège qui se termine.
L'impression d'être mise à l'écart.
Les boucles de silence, les sourires absents, les phrases qui piquent.
L. qui s'éloigne.
E. qui ne veut rester qu'avec M.
Les sorties sans moi.
La fête de la musique où je ne serai pas.


Tout.


Je lui ai tout donné, comme on donne un sac trop lourd à quelqu'un qu'on aime, en espérant qu'il ne le juge pas.


Et il m'a aidée.
Mais vraiment.


Pas juste un "ça va aller".
Pas juste un "courage".
Non.


Il m'a écoutée.
Avec tout son cœur.
Avec une attention que peu de gens offrent vraiment.


Et ensuite, il m'a parlé.
De la vie.
Des gens.
Du fait qu'on peut être triste, et que c'est pas une faiblesse.
Que parfois, on n'est plus sur la même route que les autres.
Et que ça fait mal, oui, mais que ça arrive. Et que ça ne veut pas dire qu'on est seul·e pour autant.


Il m'a conseillé.
Doucement.
Avec les bons mots.
Les mots qu'il me fallait aujourd'hui.


Et puis, il m'a dit cette phrase :
"Le collège, c'est la fin d'une ère. Mais c'est aussi le début d'une autre. Tu vas survivre… et même vivre."


Et là, j'ai pleuré encore plus.
Parce que c'était exactement ce que j'avais besoin d'entendre.


Et tu veux savoir le pire ?
C'est qu'on n'a jamais vraiment été proches, lui et moi.
Depuis qu'on est nés, on a cohabité.
Mais on n'a jamais été "liés".


Et là, maintenant que la vie commence à nous prendre des choses…
Maintenant que lui va partir en études sup, loin…
C'est maintenant que je comprends sa valeur.
C'est maintenant qu'on se découvre.
Et c'est beau. Et c'est cruel à la fois.


Et tu sais ce qu'il a fait après m'avoir dit tout ça ?
Il m'a dit d'aller me reposer.
Qu'il rangerait mon assiette, et le reste.


Et il m'a apporté une fraise.
Un tout petit geste.
Mais qui voulait dire "je suis là".
Et ça valait tout l'or du monde.


J'ai vraiment le meilleur frère du monde.
 
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Sky

Sage
Auteur du topic
6 Fev 2024
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J'ai pas vraiment cherché le conflit, mais papa et maman, eux, ils ont crié.
Fort. L'ambiance était déjà lourde à table, comme si tout le monde attendait l'explosion.
Et elle a fini par arriver.
Moi, j'ai pleuré. Encore.
Et comme à chaque fois, maman a lâché son classique :
"Pourquoi tu pleures encore ? Si c'est comme ça, lève-toi de table."


Alors je suis partie.
J'ai pas cherché à comprendre, j'ai filé dans ma chambre, en silence.
J'ai pleuré, seule, recroquevillée, le cœur lourd.
Je voulais juste qu'on me laisse tranquille.
Mais non.


Dix minutes après, maman est entrée. Elle était tendue, énervée… ou peut-être juste déçue.
Elle m'a bombardée de questions, sans vraiment attendre de réponses.
"Mais qu'est-ce que t'as au final ?
T'es pas le centre du monde tu sais.
Ton frère a son oral demain."



Elle disait ça sans méchanceté pure.
C'était plus de la fatigue, de l'incompréhension, de la frustration.
Mais sur le moment, ça m'a achevée.
Elle ne criait pas vraiment.
Elle parlait vite, fort, comme si elle essayait de me faire réagir.
Mais j'étais déjà par terre, littéralement.
Assise au sol, les genoux contre la poitrine, et je pleurais sans réussir à m'arrêter.


Puis elle est partie.
Je crois qu'elle avait mal aussi.
Elle est pas méchante, maman.
Juste dépassée parfois.
Et peut-être qu'elle espérait autre chose, une discussion, un vrai échange.
Mais moi, j'en étais pas capable. Pas ce soir.

Et à peine cinq minutes plus tard, c'était au tour de papa.
Lui, il a pas crié, mais il a dit :

"Ça fait une semaine qu'on voit bien que ça va pas. Mais c'est pas une raison pour s'en prendre à nous."


S'en prendre à eux ?
J'ai juste des crises d'angoisse tous les jours depuis une semaine.
Une par jour quand c'est un bon jour.
Fous rires, non ? Franchement, on rigole.



Le moment du "bonne nuit, ma fille" a eu un goût bizarre.
Maman a joué la carte de la déçue parce que je voulais pas parler.
Alors je lui ai raconté deux trois trucs.
Pas les vrais.
Pas les crises.
Juste assez pour qu'elle reparte.


Et puis papa est venu.
J'ai toujours eu plus de facilité à parler avec lui.
Même si ce soir, ça commençait mal.
Il a dit :

"Si c'est pour un garçon, attention je le défonce."


J'ai éclaté de rire.
Un rire entre deux sanglots.
Des larmes plein les yeux, mais un rire quand même.
Et là, il m'a serrée fort contre lui.
Un câlin comme j'en avais besoin depuis des jours.
Rien de magique, mais tellement doux, tellement réconfortant.


Alors j'ai tout lâché.
Je lui ai tout dit. Les angoisses, la fin du collège, les copines, les sentiments en vrac.
Tout ce que je retenais.
Même pour les crises.
Et il a écouté. Sans m'interrompre.
Et ça a fait du bien. Vraiment.
 
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Sky

Sage
Auteur du topic
6 Fev 2024
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Je ne vous ai pas mentionnés dans ma bio,
mais ce soir, dans ma prière, vous serez là. Tous.

Peut-être que nos messages se croisent sans qu'on se voie,
peut-être qu'on partage plus de stress que de souvenirs,
mais ce qu'on traverse, là maintenant,
ce petit monde étrange entre fin d'année et grandes attentes,
ça nous relie.


Demain, ou après-demain, on sera assis à une table,
dans un silence plus lourd que d'habitude,
à entendre le bruit des feuilles, le crissement des stylos,
et dans nos têtes, le bourdonnement du doute.

Et pourtant.
On a bossé. On a tenu.
On a parfois pleuré, râlé, paniqué.
On a révisé sur des coins de bureau,
dans des salons trop bruyants ou sous des draps à la lampe.
On a surligné des fiches, gratté des mots clés,
et parfois même, perdu espoir.

Mais ce soir, je veux qu'on dépose tout ça,
comme on pose un cartable trop lourd :
les "et si j'y arrive pas",
les "je suis nul.le en maths",
les "j'aurais dû commencer avant",
les "je suis fatigué.e de tout".


Ce soir, je vais parler de vous dans ma prière.
Je vais dire vos prénoms( ou pseudo x) en silence dans ma tête,
et demander que la chance vous suive jusque dans vos brouillons.
Je vais demander de la clarté dans vos esprits,
du calme dans vos corps,
et cette étincelle qu'on appelle la confiance,
même si elle tremble.

Je prierai pour que vous ayez les bons mots,
les bons calculs, les bons réflexes.
Et si ce n'est pas parfait,
je prierai pour que vous en sortiez fiers quand même.
Parce que vous avez tenu, jusqu'ici. Et ça, déjà, c'est immense.

Et pour ceux qui ne passent pas le brevet,
je demanderai autre chose.
Du beau dans vos journées.
De la paix dans vos esprits.
Des petites douceurs imprévues.
Parce que vous aussi, vous portez quelque chose,
et vous méritez que ça se passe bien.

Alors voilà, c'est écrit.
Je ne vous ai pas mis dans ma bio,
mais je vous garde dans ma lumière du soir.
 
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Sky

Sage
Auteur du topic
6 Fev 2024
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Je suis cook, voilà. Faut que je vous raconte.
Aujourd'hui, j'ai dit que Simone était une élève. Une ÉLÈVE.
Fous rire, vraiment. Y'a un neurone qui a glissé et a dit n'importe quoi.
Mais bon, on va dire que c'est le stress.


En vrai, les maths… c'était pas si pire.
Y'avait du connu, du moins connu, et du « ok ça me dit vaguement quelque chose mais je vais improviser avec confiance ».
Quelques questions m'ont regardée comme si elles parlaient une langue étrangère,
mais j'ai répondu en gardant un air sérieux x)


Le problème, le VRAI boss de fin, c'est demain.
Développement construit et physique-chimie.
C'est pas un brevet, c'est une épreuve olympique.
Genre "tu veux ton diplôme ? D'abord raconte-moi la vie d'un atome et ses copains électrons".



Et le développement construit… oh mon dieu.
Comme si on me demandait d'écrire un roman en 45 minutes
alors que y'en avait exactement 25 à connaître ( je les connais pas)


Mais voilà, j'vais pas lâcher.
On a tenu jusque-là, on va tenir encore demain.
C'est le dernier round, c'est pas le moment de flancher.
On serre les dents, on gratte des points et on sort de là dignes,
même si c'est en traînant nos cartables comme des guerriers fatigués.


Demain soir, c'est fini.
Et même si j'ai pas tout bon, j'aurais tout donné.
Et ça, c'est déjà énorme.
Courage à nous, la ligne d'arrivée est à deux stylos x)
 
  • Lune
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