Havre

VDII

Vagabond
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30 Avr 2021
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« Est-ce que ça n'est pas ça qui nous a rassemblé ? »

Non. Ou du moins j'aime me surprendre à croire au contraire, parce qu'aujourd'hui mon regard est fixe.
Mes études m'angoissent au plus haut point en même temps que je les perçoit comme mon salut. Elles auront été mon aller simple vers une surface d'un monde que j'admirais tant, et qui ne s'est voulue qu'autopersuasive et intoxicante.
Je devais prendre un nouveau chemin. Je devais avoir la force de devenir grand, de toucher l'âme des gens, d'ouvrir la fenêtre de mon moi. Tout ça devait arriver cette année. Je devais tout me donner pour passer à autre chose.
J'ai sacrifié tant de choses. Passé tant de temps avec des personnes que j'ai détesté dans le simple but de suivre la voie que j'ai choisi de moi-même ; par voeu profond d'atteindre quelque chose de plus grand.
Mon regard est fixe comme le reste de mon corps depuis plus de deux années. Et je ne vois qu'un sentier couvert de cendres.

Elle n'est pas ici mais je la sens autour de moi. Une cage qui n'entrave pas mais qui étouffe. Je sais qu'elle arrive et qu'elle me tombera dessus au même moment.. et je ne sais pas comment je réagirais.

je dis espérer la grandeur de soi, mais je ne sais même pas où grimper.
tous mes mots perdent leur sens, leur impact. ils me semblent vides, inutiles. hideux de leur absence d'élan.
mais je n'en ai pas. je n'en ai plus, aujourd'hui.

et je me rappelle avoir été porté, l'instant d'un éclair dans cette existence, par une passion capable de scier un astre.
il ne m'en reste plus qu'un souvenir. des cendres encore miraculeusement chaudes, qui chaque matin s'éteignent un peu plus.
et je me rappelle que je voulais laisser une trace. que j'avais tout pour le faire. que je voulais parler aux gens. effleurer du doigt ce qu'il y avait de plus beau en nous.
aujourd'hui, le 8 juillet 2022, il ne m'en reste presque rien. presque rien

je me sens éteint

 
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VDII

Vagabond
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30 Avr 2021
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Je ne sais pas pourquoi. Ce soir, j'aurai simplement pu faire comme un autre. Prendre mon carnet et lever le filtre. Mais j'ai décidé de venir vers toi.

C'est drôle. C'est souvent en cette période que je viens te voir. Alors que c'est pourtant la partie de l'année où je suis le plus heureux. Je revois les amis qui me sont si chers, je ris et j'aime jusqu'à en pleurer. La saison que je vend le plus aux gens qui m'entourent ; le moment où je me sens vivre et je ne prend plus la place d'une fonction. Le vent tiède m'enlace de son infinie soie et les arbres me murmurent leurs ragots de par leurs friselis. La pierre chaude de la ville la nuit m'enivre et m'appelle dans ses rues silencieuses. Le temps décide, par acte de bonté, de se mettre à ma vitesse et s'écoule bien plus lentement dans le gave des secondes perdues, et l'eau.. L'eau. Sa mousseline étoilée me porte et me berce. Son regard est pourtant si lourd, si pesant. Mais je ne vois qu'elle.

En fixant ma cigarette, je pense à très peu. Le bruit qu'elle fait quand elle se consomme est indistinct des feuilles dans le vent. Et pourtant je l'entends. Sa lumière m'attire. Et quand je lève les yeux, la mer me regarde toujours. Je me sens bien - entier.
Un ami me regarde, me dit que j'ai l'air chagriné ; pourtant je suis heureux. Je ne peux pas ne pas l'être. Mais je sais qu'il a raison.

C'est drôle. Et pourtant j'ai du mal à comprendre. Pourquoi est-ce que je te sollicite toi, plus qu'un.e autre ?
J'ai l'impression de perdre quelque chose d'important ; quelque chose qui fait que je sois encore. J'ai l'impression de me perdre et je ne sais pas où je vais, moi et mes mots. Je sais que quelque chose ne va pas et que cette fois-ci je ne peux pas repousser l'échéance.

Cette sensation que, peu importe lesquels, mes mots manqueront toujours leur cible alors que je suis pourtant chirurgical avec eux. Des paragraphes inachevés et enchaînés, qui ne verront jamais le jour. Et pourtant je SAIS que je dois l'adresser. Je dois te pointer du doigt. J'en ai besoin. Et, de ne pas pouvoir, je me sens si diminué. Comme si mes ailes avaient fondu sous ton feu. Je me retrouve à porter le poids de ta chaleur sur moi, à chaque pas je me retrouve plus proche car mon corps ne s'y tient plus.

Mais ils me reviendront.

Le temps me les raménera. Et si il doit repartir sur sa quête fatale, alors je te forcerai la main.

Mais pour l'instant laisse moi.
Laisse moi m'enivrer de la mer. Laisse moi dormir sur le sable sous la caresse du ciel nocturne. Laisse moi rire et pleurer de joie avec mes amis.

Je viendrais chercher mes mots.
 
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VDII

Vagabond
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30 Avr 2021
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Je devrais me rendre à l'évidence, accepter qu'ils ne reviendront peut-être pas.

Accepter. Vous, avec qui j'ai partagé le mois passé ce qui restera certains des meilleurs moments de mon existence ici-bas, acceptez. Je ne sais même pas si on peut qualifier ça de résignation. Je ne pense pas.

Pour vous, la situation est accomplie. Actée. Vous la considérez concrétisée et présente. Vous la laissez peser au dessus de vous. Vous en souffrez. Vous en avez même pleuré. Vous êtes ceux qui m'inspirent, qui ont brisé un nombre incalculable d'obstacles sur leur passage et qui sont malgré tout restées les personnes les plus bonnes, pures, animantes - et vous continuez à vous infliger la même peine que moi.
Pourquoi ?

Je n'ai sans doute plus besoin d'un mur où écrire. Je n'ai plus assez pour. Ce sable moins noir qu'avant coule toujours dans mes entrailles et je n'ai aucun moyen de le saigner hors de moi, qu'importe le moyen. Il a un goût de fer. Mes mots ne sont toujours pas avec moi. Ils ont peut-être toujours demeuré en moi, mais ce n'est plus d'eux dont j'ai besoin aujourd'hui. Et si il y a un temps ils étaient mon seul élan, aujourd'hui leur présence est datée. Je pense que ce qui me fait le plus mal, c'est de me dire que je suis si différent de ce que j'ai pu être. Que sans le savoir, toutes les valeurs auxquelles j'aspirais ne sont peut-être plus celles que mon moi désire aujourd'hui. De ne plus être à même de décider de ce vers quoi je veux tendre. De ne plus savoir vouloir. Est-ce que je suis toujours le même Paul ? Est-ce que je te cherche toujours, des années après t'avoir continuellement aimé à travers le brouillard ?Qu'est-ce qui faisait de moi ce que j'étais ? Et pourquoi est-ce que je le sens absent aujourd'hui ?

Et pourtant, chaque nuit dans le Lac de Maubuisson, je me sentais plus moi que je l'étais la veille. Le vent doux sur ma peau, la Lune me regardant si droit dans les yeux, l'eau noire et encore chaude.. et cette toile d'araignée étoilée. Dans ce silence et cette fausse immobilité, je me voyais dans le reflet de l'eau, dans un miroir si difforme et approximatif. Mais je me voyais. Je pouvais me saisir, me sentir. Me comprendre. Je n'avais pas à parler de "la personne" que je voyais dans le reflet.

Et j'étais heureux. Et je pleurais. Et je vous voyais sur le sable, rire en me voyant au loin dans l'eau, ma silhouette avec la lumière de la lune me rendant effrayant.
Et ce qui me rend triste, c'est que je ne pourrais jamais vous montrer l'étendue des bienfaits que vous avez sur moi. Je ne pourrais jamais vous dire que je pleurais de joie chaque soir où je donnais mon corps à l'eau entre minuit à 2h du matin.

Je ne pourrais jamais vous dire à quel point je sens que je suis moi lorsque je suis avec vous
Parce que dès lors que la solitude me rejoint
Mes mots s'en vont



Pourquoi suis-je si différent sans vous ?

 

VDII

Vagabond
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30 Avr 2021
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Les paysages coulent et défilent, les visages s'empiètent et les soirs sont chaleureux. Pourtant je rêve encore de toi, et j'aimerai pouvoir dire que je ne sais pas pourquoi. Je suis heureux de ce que je deviens, fondé sur ce même pic d'adrénaline qui revient sans perte glisser sous mes pieds et me porter vers les plaines que je désirais tant.
Je me vois à mon image dans le miroir, il n'y a plus d'affront, moins de haine. Je ne pouvais pas continuer à chercher chez les gens ces mêmes choses qui m'empêchait d'en côtoyer.

Et quand bien même je me sais grandir, quand bien même je ressens ce bien, ce plein me combler, je te sais toujours au coin d'une rue de mon esprit. Je te vois dans les petites silhouettes lointaines, les cheveux courts, l'abstraction des personnes. Je ne saurais peut-être jamais si ma trace sera aussi indélébile que la tienne sur moi, c'est un savoir que je suis prêt à délaisser. Je suis prêt à laisser au cachot les réponses à mes innombrables questions pour continuer sur les rails que sont ma vie, et te laisser aux tiens.

Mais j'ai la sensation de venir hanter ton spectre sans cesse. C'est aussi sans doute moi qui vient te chercher dans la nuit, dans la toile de mes rêves. Cette image de toi que je sais fantasmée, irréelle, lointaine, me vient toujours aux moments où je m'y attends le moins. J'étais pleinement prêt, lorsque je t'ai rendu notre livre. Mes adieux étaient ainsi fait, avec la trace matérielle la plus précieuse que j'ai pu effleurer de ma vie. Je me pensais prêt. Je l'étais. Je voulais que tu sois grand.e. Je ne voulais plus être une entrave à ton potentiel que je voyais illimité, brillant et d'or. C'était pour moi ma plus grande preuve d'amour pour toi que de te laisser partir. Et quand bien même ma vie est toute autre aujourd'hui, que je vois le progrès que j'espérais de moi-même, tu me regardes toujours dans les yeux.

Je n'arrive pas à voir autre chose dans les yeux de mes partenaires que l'absence de ce silence balayant qu'il y avait entre nous. Je ne prend pas de plaisir à prendre confort dans les bras d'un.e autre, la nuit. Même en ayant le voeu permanent de me laisser la chance de trouver à nouveau chez quelqu'un ce que j'ai pu connaître une seule et unique fois, de me laisser ce temps, je ne retrouve pas l'étreinte silencieuse de ton coeur. Je n'ai peut-être pas assez cherché, sans doute trop. Et me dire que la douce griffe de glas de ton fantôme m'est pourtant plus chaleureuse que le reste me plonge dans une tristesse infinie. Est-ce seulement ce dont je souhaite réellement ?

Ai-je vraiment envie de danser avec cette image, cet infini brisé, cette fraction de toi spectrale, jusqu'à la fin de mes jours ?

Suis-je réellement d'accord à l'idée d'abandonner l'amour pour un rêve ?

Jusqu'où suis-je prêt à sacrifier pour l'amour que je te porte ?

Ai-je au moins ce choix ?



je ne pourrais jamais assez t'embrasser, pas même si je te passais au travers
 
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VDII

Vagabond
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30 Avr 2021
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dénis, absences
quelle perte
je n'ai pas de chance
et encore moins la vue

ce soir j'ai implosé en larmes quand on m'a dit qu'on tenait à moi
c'était comme si on ne me l'avait jamais dit
qu'est-ce que ça éclaire sur moi

une partie de moi ne pourra jamais s'empêcher de trouver tout ça injuste
et ce soir encore je m'éteins

 

VDII

Vagabond
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30 Avr 2021
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Une tendance profondément humaine en moi de tomber.
Peu importe la hauteur. D'une interaction bégnine dans la rue, jusqu'à la situation parfaite. Idéale pour moi. Loin de tout ce qui m'entravait pour enfin enclencher cet engrenage serré. J'avais tout pour éclore. Me trouver. Entouré des personnes qui me tiennent à cœur, loin de celles qui m'empoisonnaient. Je pensais ne plus avoir besoin de toi, ici, à écrire vainement ou non mes souffrances. Mais ma force d'intérêt à l'auto-sabotage me magnétise à toi de manière contractuelle.

Je savais pertinemment que je ne pouvais pas supporter cette situation et pourtant j'y ai cru. J'ai sincèrement voulu y croire. Je te connais depuis si longtemps. Une des rares personnes en qui j'ai pu avoir une confiance aussi aveugle. Je me suis dit que ça serait avec toi que j'arriverai à enjamber toutes ces crevasses sombres. Que c'était avec toi que j'allais arriver à délier mes nœuds. Qu'on arriverait ensemble à se rendre meilleurs. J'avais hâte de découvrir les belles rues de Paris en sachant tes doigts lacés aux miens. Qu'on découvre. Qu'on crée ensemble. Mais la vérité se montre toujours maussade lorsqu'elle doit se présenter. Le rideau rouge et charnel dévoile la scène sombre, illuminée timidement d'un bleu profond qui ne dessine qu'une pathétique silhouette dont on devine les contours maussades d'un visage pathétique et silencieux. Un visage qui se sent mais ne se reconnait pas. Un visage qui veut s'offrir mais qui se décompose à la vue d'une étiquette dorée. Ton regard plein d'amour et de bienveillance me broyait l'estomac. Tes projets me tétanisaient. Ton corps me faisait peur.

J'avais tout pour éclore. Paris, mes proches, toi.
Mais je suis encore, et toujours, profondément égoïste. Et j'ai fait s'effondrer ce qui allait devenir un empire. Je t'ai vu devenir meilleure à l'heure près, monter les marches vers le sommet petit à petit. Et je t'ai ruiné involontairement pour un risque absolu que j'ai voulu prendre avec toi. Un risque que, dans le fond, je devais déjà savoir comme fatalité. Et je m'en voudrais éternellement. Je n'en peux plus de demander pardon et de m'excuser. J'aimerai pouvoir avoir le rationnel pour me connaître et savoir agir pour ne pas blesser les autres, ou moi. Que vas-tu penser demain quand tu te lèveras et que tu verras mon visage ? Est-ce que tu le pourras ? Dans la minuscule cage d'ascenseur où on s'enlaçait automatiquement, où porteras-tu ton regard ?

Je me disais que j'avais eu le temps d'en grandir, que j'étais prêt.e à partager mon cocon. J'étais si bien. Je me sentais si fort.e, si nouveau.elle. Si inarrêtable. Mais je tombe de si haut, encore. Les yeux fermés, j'attends la fin de ma chute.

ce soir encore, je m'éteins avec le triste espoir que je ne rêverai pas