Waw je découvre mtn ce sujet ça tombe bien j'ai une question.
Pourquoi vous croyez que Dieu existe ?
Il y aurait X choses à dire à ce sujet, mais j'ai envie de donner une réponse personnelle. (et attention ça va être long, il y a des choses à dire)
Pourquoi croire que Dieu existe, donc ? Déjà comme on l'a dit, ce sont des croyances qui sont scientifiquement irréfutables donc rien ne sert de chercher des preuves de son existence, et de toute façon il n'a pas vocation a être prouvé, tous les livres pseudo-scientifiques qui vous parlent de preuves de son existence n'ont de scientifique que le titre... Et ensuite il est impossible de prouver qu'il n'existe pas (il est impossible de prouver une inexistence par l'expérience : c'est généralement à force de ne pas pouvoir prouver une existence qu'on consent à dire que ça n'existe pas) : donc quand on vous apporte la "preuve" qu'il n'existe pas, c'est du flan.
Maintenant qu'on a rappelé une n-ième fois la base. Parlons succinctement de moi pour poser le contexte de ma réponse. J'ai 24 ans et je suis né dans une famille catholique croyante mais pas spécialement très pratiquante, en dehors de quelques occasions ponctuelles notamment aux fêtes. J'ai donc suivi le schéma familial mais j'ai moi-même demandé ma confirmation à 13 ans, sans aucune pression extérieure. Pour moi l'existence de Dieu était une évidence.
Puis arrivé au lycée, j'ai suivi la voie scientifique car j'y ai trouvé une passion pour son aspect déterministe, pour moi c'était (et ça l'est toujours) merveilleux de se dire qu'avec quelques modèles et des mathématiques, on pouvait décrire et prévoir tellement de choses, qu'on pouvait à ce point agir sur notre monde et aussi en percer ses secrets. C'est alors avec la physique et la chimie que j'ai le plus d'affinités justement. Puis c'est aussi la période où l'on nous demande d'avoir un esprit critique : tout doit passer par la preuve scientifique écrite, certains prof ayant ouvertement des positions moqueuses voire anti-religion (anti-chrétienne pour être précis, je ne les ai jamais entendu critiquer le judaïsme ou l'islam, et d'aucuns nous ont expliquer en quoi le bouddhisme est si beau, etc). Bref, petit à petit, je me suis détaché de la religion : après tout la science avait réponse à tout et personne n'a jamais pu prouver que Dieu existe, donc bon.
J'ai ensuite entamé des études de médecine, tout en continuant à apprendre un peu de maths-physique-chimie en autodidacte pour satisfaire ma curiosité. En parallèle, on finit par aborder la neurologie et là c'est le drame : la discipline (certes passionnante) est d'une telle froideur la première fois qu'on l'aborde, j'ai fini par me dire que finalement nous ne sommes qu'un cerveau qui gère nos émotions, nos pensées, nous. Alors c'est une évidence pour tout le monde, mais quand on entre dans le détail, on vous donne une idée des chemins neuronaux qui aboutissent à la parole, aux sensations, etc. On voit ce qu'on devient lorsque ça déconne : c'est la déprime. Ca a été le moment où j'ai lâché l'idée de religion, ça ne faisait plus sens, d'autant plus que je regardais pas mal de contenu zététique sur internet à ce moment. Je devenais à l'image de ces gens qui on besoin qu'on leur prouve une évidence sur le papier pour qu'ils admettent que 1 et 1 font 2. Et je fais juste une remarque ici : oui les études scientifiques sont utiles et nécessaires, sans ces études on ne serait pas là où on en est aujourd'hui en sciences. Ce que je critique ici c'est la volonté croissante du public de sortir des études à tout bout de champ jusqu'au choix de votre pot de yaourt à midi (j'exagère à peine).
Bref, j'ai passé quelques années dans cet état, la pilule de la neuro a fini par passer, la zététique a quitté ma vie, etc. Mais comme je disais avant, j'ai continué à m'enrichir en sciences fondamentales et c'est de là qu'est parti le déclic. Après avoir passé des années à répéter fièrement que "notre monde et notre existence sont juste une coïncidence des plus improbables", j'ai fini par entrevoir la beauté du monde "différemment", à travers la physique et leur usage des maths. Je prends beaucoup de plaisir à imaginer notre monde comme une fabuleuse "création", régulé par une horlogerie de la plus fine conception, où des phénomènes a priori opposés reposent en réalité sur des mécanismes voisins et des principes communs. Certes on peut me reprocher que tout n'est pas encore expliqué ou encore qu'il existe des phénomènes chaotiques, mais au final n'est-ce pas ce qui fait la beauté du monde ? Il reste des choses à découvrir et, malgré nos connaissances, il reste toujours des choses que l'on ne peut prévoir efficacement, il reste toujours des surprises dont on peut s'émerveiller. Certes les chercheurs nous disent que tout ceci est une "heureuse coïncidence" qui aurait pu ne jamais voir le jour, et pourtant ça existe... Tant d'arguments qui me poussent finalement à me dire à nouveau : il y a forcément quelque chose derrière tout ça, alors que 3 ans avant je réfutais ouvertement cette idée. J'ai cependant ma vision des choses et je m'imagine un Dieu qui, s'il n'a pas créé l'Homme comme dans les livres, a du moins su donner au monde le moyen de parvenir à cet Homme. Un Dieu à l'image d'un ingénieur qui aurait écrit un monde dans la langue mathématique et qui le regarderait vivre.
Reste à savoir pourquoi j'en suis revenu au catholicisme plutôt qu'à autre chose. Déjà il est évident que la culture du pays et de la famille y sont pour quelque chose (n'en déplaise à certains, la France a bien près de 1500 ans d'histoire catholique derrière elle). Et ensuite c'est une questions de choix personnel, je n'exposerais pas les raisons qui m'éloignent de certaines autres religions (qu'elle soient "du livre" ou non d'ailleurs) pour ne froisser personne. En tout cas les enseignements de cette religion sont ceux qui me parlent le plus, de même que son histoire, ses figures... On me reprochera de ne pas mentionner l'Inquisition ou les peuples d'Amérique latine (entre autres), mais la religion catholique n'a jamais prôné ces choses : premièrement la diffusion de la foi est commune aux religions monothéiste et deuxièmement il y a la religion et il y a l'individu (Cortés et Pizarro sont des hommes qui ont objectivement fait des horreurs, l'Inquisition était davantage un instrument de pouvoir que de religion, en revanche quitte à parler d'individus, personne ne parle de la persécution des premiers chrétiens qui refusaient le culte de l'Empereur et préféraient mourir, de Sainte Thérèse de Lisieux, voire encore de Sainte Eulalie qui fut morte martyr à 13 ans pour avoir dénoncé les persécutions). J'abrège sinon ça peut devenir encore plus long.
Bref, j'espère que ça répond à la question initiale avec suffisamment de détails. Il y a d'ailleurs un livre que j'ai lu récemment et qui offre une vision assez complémentaire à ce que je viens de dire :
Orthodoxie, par G. K. Chesterton en 1905. On adhère à sa vision des choses où on n'y adhère pas, mais il y développe dans environ 230 pages en quoi la vision du monde et les philosophies des "penseurs" de l'époque lui semblaient absurdes et comment, après avoir esquissé sa vision du monde, il s'est rendu qu'elle existait déjà à travers le catholicisme. Son essai a par ailleurs l'avantage de présenter une autre vision de cette religion, en dehors de la classique image de l'Homme qui tend passivement son autre joue sans rechigner. Bien sûr le livre n'est pas à considérer comme une vérité absolue (et l'auteur le dit lui-même) mais les idées défendues sont intéressantes.