Je ne suis pas triste quand il le faudrait

[Edgar]

On va pas y aller par quatre chemins, mon père est décédé. Je l'aimais, on s'est jamais disputé, tout allait bien.
Je suis à l'autre bout du monde en ce moment et j'ai appris la nouvelle ce weekend après plus d'une semaine sans nouvelles de sa part.

Mais côté réaction il s'est pas passé grand chose... Juste la respiration un peu plus haletée.
Bien sûr je suis pas indifférent à la nouvelle, mais j'ai pas plus de réaction que ça, psychologiquement ou physiquement.
Le lendemain je suis retourné à ma vie quotidienne comme si de rien n'était. Je suis presque plus inquiet pour son chat...

Il y a quelques années, un ami est tombé dans le coma. Même indifference.
La dernière fois que j'ai dû vraiment être triste c'était à la mort de mon chat il y a bien 6/7 ans.

Je sais pas si c'est dû au fait que je le sentais venir, ou bien que ça n'a pas l'air réel comme je suis à l'autre bout du monde, mais c'est triste de ne pas être triste pour ce genre de choses...
J'ai l'impression d'être triste que pour des choses moins importantes, comme mes animaux de compagnie ou même simplement la mort d'un personnage que j'aime dans une série.
En parallèle je suis pas très expressif en règle générale. On pourrait m'offrir une orange ou 2000€ à noël et ma réaction serait la même dans les deux cas.

Est ce que c'est courant ? Ou bien j'ai juste un problème ?

 

[lolo#tg]

Coucou !
Déjà j'aimerais te dire toute mes condoléances.
Ne t'inquiètes pas tu devrais surtout travailler sur t'as manière de t'exprimer si tu as du mal à exprimer tes émotions.
Et si tu veux tu peux aller voir un psy, moi je les fais il y a quelques années et sa m'avez aidé.

 

[Albane]

Condoléances, vraiment.

Ce n'est pas une obligation d'être triste. Chacun vit une perte différemment et ce n'est pas parce qu'on est davantage triste qu'on aimait davantage la personne. De nombreux autres facteurs jouent. Donc il ne faut pas culpabiliser si tu n'es pas triste.

Pour autant, dans le cas présent, il n'est pas impossible que tu sois émotionnellent tétanisé par la nouvelle. La perte d'un parent, quand il est proche, c'est un événement important, ça peut être un gros choc et parfois l'esprit se protège des gros chocs en fermant le robinet à émotions. La distance peut jouer aussi. Au lieu d'être triste, de penser aux moments passés, de ressentir le manque, la tristesse à la perspective de ne plus pouvoir revoir la personne, bref d'entrer en deuil, on est anesthésié... genre un bus pourrait tuer tout le monde sans qu'on verse une larme.

Là où il faut faire attention, c'est qu'alors, précisément, le deuil ne se fait pas et que la douleur peut un jour surgir brutalement voire exploser comme si elle avait été emprisonnée dans une cocotte minute. Je ne dis pas que ça va t'arriver, peut-être resteras-tu indifférent, et alors quelque part tant mieux, c'est de la souffrance évitée, mais aies dans un coin de l'esprit que ça peut débouler un beau jour.

Si c'est le cas n'hésite pas à te faire aider : famille, amis, psys si besoin.

 

[Lamachan]

On va pas y aller par quatre chemins, mon père est décédé. Je l'aimais, on s'est jamais disputé, tout allait bien.
Je suis à l'autre bout du monde en ce moment et j'ai appris la nouvelle ce weekend après plus d'une semaine sans nouvelles de sa part.

Mais côté réaction il s'est pas passé grand chose... Juste la respiration un peu plus haletée.
Bien sûr je suis pas indifférent à la nouvelle, mais j'ai pas plus de réaction que ça, psychologiquement ou physiquement.
Le lendemain je suis retourné à ma vie quotidienne comme si de rien n'était. Je suis presque plus inquiet pour son chat...

Il y a quelques années, un ami est tombé dans le coma. Même indifference.
La dernière fois que j'ai dû vraiment être triste c'était à la mort de mon chat il y a bien 6/7 ans.

Je sais pas si c'est dû au fait que je le sentais venir, ou bien que ça n'a pas l'air réel comme je suis à l'autre bout du monde, mais c'est triste de ne pas être triste pour ce genre de choses...
J'ai l'impression d'être triste que pour des choses moins importantes, comme mes animaux de compagnie ou même simplement la mort d'un personnage que j'aime dans une série.
En parallèle je suis pas très expressif en règle générale. On pourrait m'offrir une orange ou 2000€ à noël et ma réaction serait la même dans les deux cas.

Est ce que c'est courant ? Ou bien j'ai juste un problème ?

Bonjour Edgar,
Je suis sincèrement navrée pour toi, perdre son père même si c'est inévitable est une chose profondément triste, j'en sais quelque chose.
Tu es venu jusqu'ici pour en parler, tu n'y es effectivement pas indifférent et ton geste montre que tu sens qu'il y a une chose "bloquée" en toi vis-à-vis de cette gestion d'émotions.

Quand j'ai perdu mon père, je ne vivais plus avec lui déjà. Il m'a fallu plusieurs semaines pour simplement réaliser que c'était vrai. J'avais constamment la certitude qu'il était sur une île lointaine et qu'il reviendrait, que sa mort prendrait fin en quelque sorte. Tu es toi-même à l'autre bout du monde en ce moment. Il n'est pas à exclure que tu ne l'aies tout simplement pas réalisé ; faire son deuil c'est d'abord accepter que la chose soit arrivée et ce simple fait est très difficile. Tu ne vis plus dans l'environnement que tu as partager avec ton père, les lieux que vous avez investi de vos présences, des moments que vous avez passé ensemble.
Pourras-tu, ou as-tu pu, aller à son enterrement ? Peux-tu aller devant sa tombe ?
Si tu n'as pas pu le faire, je te conseille fortement de le faire.

J'ai le souvenir, car c'est lointain déjà, que des camarades s'étaient horrifiés de ce qu'ils m'avaient plus vu pleurer la mort de mon lapin que celle de mon père. Ce n'était pas vrai pourtant, mais c'est ce qu'ils ont vu en apparence. Toutefois un cas était beaucoup plus simple à gérer que l'autre, ce que tu dis de ta tristesse avec les chats m'y fait un peu penser.

Bien sûr, tu n'es pas obligé de te confronter à ces émotions si tu sens qu'elles ne te parviennent pas. Mais j'ai tendance à penser que cette impression de froid, d'insensibilité est plutôt le fruit d'une impossibilité de ta part à gérer cette émotion qui risque de te briser.
Nous ne sommes pas tous faits sur le même modèle, peut-être que tu n'auras pas besoin d'être effondré par la mort de ton père. Mais tu as probablement envie de l'être, de réussir à faire ton deuil sinon tu ne serais pas venu ici non ?

Si tu as envie d'échanger plus sur le sujet, n'hésite pas à me MP si c'est plus simple. Je te souhaite sincèrement du courage,