Ma première fois

Ambivert

Vagabond
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16 Août 2023
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J'ai toujours eu cette capacité à ressentir les choses de manière forte. Souvent de manière trop forte. C'est toujours moi l'amoureux, l'ami, la connaissance. Après quelques mois, j'ai commencé a me rapprocher d'une fille. Ses cheveux étaient blonds et bouclés. Elle était particulièrement petite de taille, ce qui attirait certaines remarques de la part de nos camarades. Moi j'étais grande, je traînais mes pas et me cachait le visage boursouflé de longues mèches brunes. J'étais pleureuse moi, à toujours geindre dès la moindre méchanceté. Elle aussi l'étais, mais avec une force. J'ai commencé à la remarquer plus que les autres car ses sentiments étaient vifs,agressifs, lourds. Les miens étaient faibles, muets, mal adressés. Mais elle les comprenait toujours. Je n'avais pas compris ce que c'était à l'époque. Nous n'étions pas proches, mais parfois nous avons eu des moments de partage: nous étions seules, ensemble. J'exagérai mes gestuelles pour attirer son attention, elle rigolait et me répondait avec la même énergie . Nous nous touchions, nous n'avions jamais fait quoi que soit, nous étions trop jeunes. Mais parfois elle m'entourais de ces bras, et je ne pouvais plus réprimer mes pleurs. Je mettais aussitôt ma tête dans sa poitrine et je lâchais des cris odieux, répugnants. Elle ne fuyait jamais de mes bras. Elle s'accrochait fermement à mon corps, embrasait le mien. Aujourd'hui je sais: quand je disais aux autres qu'elle me suivait et qu'elle m'aimait, je mentais; c'était moi tout ce temps, qui attendait le moindre toucher de sa part. Je la voulais beaucoup moi, c'était elle qui n'éprouvait pas. Au fur et à mesure on s'est éloignés, elle et moi. La fille que j'admirais, le visage si beau que je contemplait: tout devint laid. Sa force fut soudain lâche, son visage peignait un faux sourire. La femme que j'aimais me poussait au dégoût. Mais parfois, je revenais à nos longs contacts, les non-sexuels, les maternels, les tendretés de sa peau et l'eau salée qui dévalait dessus. Je revenais à son sourire plus éclatant chaque jour, qui accompagnait mes erreurs d'adolescence. Peut-être que c'était moi encore, qui buvait la moindre de ses paroles, qui sursautait à chacun de ses rires, qui ne savait plus ou mettre ses mains lorsque elle. J'ai fini par lui dire, j'ai écris un long message sur WhatsApp, j'ai partagé mes peines et mes joies, j'ai crié silencieusement à l'amour, à la haine. J'ai patienté follement, griffant ma peau, mes veines, mon sang. J'ai pleuré et souffert lorsqu'elle répondit « ok ».
 
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