Petit à petit je reprends l’écriture, mon monde, mon défouloir depuis de nombreuses années. J’écris quand je vais mal mais jamais quand je vais bien. Paradoxe de l’écrivain sans doute. J’écris quand je hurle intérieurement mais que rien ne sort, quand les larmes ne coulent pas mais qu’à l’intérieur c’est le déluge. J’écris parce que j’implose. Personne n’est là en physique, en réel pour me comprendre et me réconforter, me dire que ça va aller. J’en ai marre de ces illusions, de ses conversations à distance sans voir le monde, sans que je puisse pleurer pour de bon sur l’épaule de quelqu’un. Oui j’ai envie de pleurer. Et par moment je me force mais non ça ne vient pas. J’ai peur aussi. Peur d’exploser et de partir en cacahuète. J’ai peur que ça arrive à nouveau. Alors je guette autour de moi tous les signes possibles d’une rechute. Mais rien ne vient parce que je vais bien. Mais paradoxe de la personne qui pense aller bien mais qui va mal. Je pensais que je n’irais plus aussi mal que je ne l’aurai déjà ressenti jusqu’au fond de mes tripes. Mais je me suis trompée. A vrai dire, j’ai peur de ne pas réussir. Ce serait un échec monumental que je n’arriverais pas à digérer et que tout le monde autour de moi me rappellera cet échec à chaque repas de famille. Toutes ces années, cette décennie, toute cette énergie, se saigner à quatre veines, en baver pour peut-être rien au bout. J’ai tout donné mais la vérité ce que je ne le sens pas. Chères études vous m’aurait fait perdre la raison. C’était mon plus grand projet de vie et si tout s’écroule comme un château de cartes, là je crois sincèrement mal le vivre. J’ai fondé toute ma vie là-dessus, j’ai transformé la haine et la peine de ses événements traumatiques à tenter de me créer ce projet de vie. C’est ce qui me tiens le plus à cœur dans la vie. J’ai envie d’en pleurer alors que ce n’est qu’un diplôme, ce n’est qu’un métier. Mais ça représente tout ce mal être transformé en quelque chose de joli et constructif. C’est ma haine contre ça qui m’a fait le plus avancé. Paradoxe de la fille agressée dans sa chair qui en a fait quelque chose de merveilleux. Au lieu de pleurer, je me suis bougé. Tout le monde me dit que je suis courageuse mais courageuse de quoi au juste ? D’avoir sans cesse des comptes à régler avec la vie ? C’est ça le courage ? Se battre sans arrêt, c’est ça, vivre ? Je fais comme si, je fais comme n’importe qui ferait dans ma situation, faire comme si tout allait pour le mieux. Je réponds oui quand on me demande si je vais bien mais la vérité est ailleurs. Pour ne pas inquiéter les autres, ne pas qu’on s’immisce dans mon intimité. Je met un masque que j’enlève le soir en pleurant. Je pensais ne jamais être capable de me relever de tout ce que j’ai vécu depuis mes 15 ans. Les casseroles qui s’enchaîne a n’en plus finir. La souffrance, mon deuxième prénom. Mais j’y suis arrivée. Instinct de survie. J’en sais rien. Mais là c’est trop. Souvent, je me surprends à me dire que ma vie est tellement insignifiante, qu’elle n’a pas de goût. Je n’ai personne dans ma vie mais peu importe, en fait je n’ai pas d’amis. Je ne sors pas, je ne fais rien. Je travaille et c’est tout. C’est comme ça. Depuis toujours. Et à mon âge ça devient triste. Ce sera toujours comme ça. Parfois je n’ai même plus envie de continuer. Et puis ça là, j’ai beau essayer du mieux que je peux de refouler consciemment ou inconsciemment le plus possible, ça revient toujours et toujours plus fort. Alors je fais un pas, et je recule après. J’avance un peu plus et je saute deux pas en arrière. Parce que ça me terrifie. Non je ne suis pas sûre à 100%. Parce que j’ai peur. Parce que je ne veux pas que ce soit vrai. Parce que ça bousillerais toute ma vie et toute ma famille. Parce que je serais la honte de la famille. Parce que j’ai peur du rejet et que j’ai réalisé que je ne pourrais pas vivre sans ma famille. Leur tourner le dos. Mais tout ça, c’est devenu de plus en plus insupportable. Et j’ai peur des signes que mon cerveau m’envoie. Parce que je m’y refuse. Non. Alors j’ai envie de tout casser, de me casser moi même. J’ai envie de tout abimer comme mon cœur l’est. Toutes ces personnes qui ont piétiné mon cœur et ma personne comme si j’étais inférieure à eux. Alors c’est à moi que je fais du mal parce que je suis insignifiante et pathétique a toujours pleurer. Non t’es pas trans, tu te cache juste derrière ça. T’es pathétique meuf. Grandis un peu.